vendredi 20 mai 2005
803 - l'obsession anti-américaine
... puisque les bombardiers britanniques déversaient nuit après nuit leur chargement sur les villes allemandes, les bombardiers allemands se devaient, par représailles, d'en faire de même sur les villes anglaises. Peu importaient les pertes encourues, ou le simple fait qu'étant moins nombreux et beaucoup moins gros, les bombardiers frappés de la croix gammée n'aient jamais été en mesure d'infliger aux villes anglaises un traitement semblable à celui subi par les villes allemandes : on ne discutait pas les "ordres personnels du Führer", surtout lorsque ceux-ci exigeaient vengeance.
Contre les bombardiers américains, en revanche, l'affaire était plus compliquée et la frustration d'autant plus grande qu'il n'existait en vérité aucun moyen de s'en prendre à une quelconque ville américaine, sauf à survoler d'une traite des milliers de kilomètres d'océan, ce que la technique aéronautique de l'époque ne permettait pas encore et ne permettrait pas avant longtemps.
Bombarder New-York, fut-ce avec un seul avion (!), était pourtant devenu une des nombreuses lubies hitlériennes, de celles qui devaient impérativement mobiliser les bureaux d'études toutes affaires cessantes. Mais pour y arriver, il ne s'agissait pas seulement d'imaginer un gros avion pourvu d'immenses réservoirs d'essence, il fallait aussi qu'il soit en mesure de se défendre contre les chasseurs que l'ennemi ne manquerait pas de placer sur sa route, ce qui imposait la présence de nombreuses armes de bord, fort pénalisantes en poids et en traînée.
De fait, le cahier des charges était d'autant plus irréaliste que même en cas de réussite du prototype, l'industrie allemande, déjà fort occupée ailleurs, n'aurait de toute manière disposé ni du temps ni des moyens nécessaires pour construire la version de série (!)
Mais on ne discutait pas les "ordres personnels du Führer",... a fortiori lorsqu'ils permettaient de couler des jours paisibles dans des ateliers ou des bureaux d'études plutôt que d'être envoyé combattre sur le Front de l'Est.
Jusqu'à la fin de la guerre, des centaines d'ingénieurs, de techniciens et d'ouvriers qualifiés de Messerschmitt et Junkers perdirent ainsi leur temps à réaliser de véritables "prototypes de salon" dont ils savaient pourtant qu'ils ne répondraient jamais aux attentes hitlériennes.
Naquirent ainsi les Messerschmitt 264 construits à... trois exemplaires (!), Junkers 290 - patrouilleurs maritimes construits à trente et un exemplaires, et leurs dérivés transatlantique Junkers 390, construits à... deux exemplaires, tous détruits au fil des divers bombardements alliés...
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Publier un commentaire