... "de Stettin sur la Baltique à Trieste sur l'Adriatique, un rideau de fer est tombé sur le Continent", déclara Winston Churchill lors d'un discours à Fulton (Missouri) le 5 mars 1946.
Savoir ce qui se passait derrière ce "rideau de fer" devint très rapidement la préoccupation essentielle de l'État-major américain. Très isolationniste jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale, l'Amérique ne pouvait hélas compter sur de puissants réseaux d'espions et d'agents dormants, déjà en place au sein des territoires à présent contrôlés par Moscou. Y expédier, ou y recruter, de nouveaux agents de renseignements était une entreprise certes indispensable, mais difficile, extrêmement risquée, et qui prendrait de toute manière de trop longues années. L'imagination étant fille de la nécessité, le recours aux avions d'observation s'imposa tout naturellement.
Puisque les bombardiers, aux altitudes où ils évoluaient désormais, étaient à présent hors d'atteinte des canons anti-aériens, il devait théoriquement être possible, en volant encore plus haut, de placer un avion espion spécialisé hors de portée des chasseurs russes. C'est du moins la conclusion à laquelle arrivèrent Clarence "Kelly" Johnson et les ingénieurs de Lockheed au début des années 1950, en créant pour le compte de la CIA le mythique U2, premier avion espion stratosphérique.
A près de 800 kms/h, et à plus de 20 000 mètres d'altitude, la machine aux ailes interminables resterait évidemment détectable par les radars russes, mais pourrait en revanche - du moins l'espérait-on - violer impunément l'espace aérien soviétique. Mis en service à partir de 1955, le U2 combla les espérances de la CIA,... mais attira aussi très vite l'attention des politiciens, des militaires et des ingénieurs russes, qui mirent tout en oeuvre pour l'abattre, ce qu'ils réussirent le 1er mai 1956, sur l'appareil piloté par le bientôt célebre Francis Gary Powers.
Mais si Powers fut très brutalement ramené sur terre par un missile anti-aérien soviétique, et emprisonné pendant deux ans (*), les U2 purent en revanche continuer leurs vols d'observation - du moins au dessus de territoires moins âprement défendus, ce qu'ils réussirent avec brio en octobre 1962, en photographiant l'installation des missiles russes à Cuba, précipitant le Monde au bord de la Troisième Guerre mondiale...
(*) Francis Gary Powers fut échangé le 10 février 1962 contre l'espion soviétique Rudof Abel. Il mourut en 1977, dans un accident d'hélicoptère
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