lundi 1 novembre 2004

603 - au commencement était le boulet

... tout commença à Norfolk, le 12 avril 1861, lorsque la Virginie décida de quitter l'Union américaine et de rallier la cause des États confédérés et de son Président, Jefferson Davis.

Dans l'arsenal de Norfolk, une grande frégate à vapeur - l'USS Merrimack - se trouvait alors en réparations. Incapable de reprendre la mer par ses propres moyens, elle fut sabordée sur place par les marins de l'Union lorsque la place tomba aux mains des Confédérés.

Sa carrière aurait pu s'achever là sans l'intervention de Stephen R. Mallory, secrétaire à la marine du gouvernement sudiste. Un titre fort pompeux pour une flotte pour ainsi dire inexistante : la presque totalité de la petite marine des États-Unis étant restée fidèle à l'Union et aux États du Nord.

De fait, ne pouvant affronter sur mer son adversaire nordiste très supérieure en nombre, la marine confédérée va très vite se lancer dans la guerre de course contre les navires marchands de l'Union. Avec fort peu de moyens, mais la complicité active de la Grande-Bretagne - qui lui vendra plusieurs bâtiments de guerre et lui ouvrira largement ses ports - le Sud va bientôt faire régner la terreur parmi les marins du Nord.

Durant cette guerre de Sécession, plusieurs centaines de voiliers et de vapeurs du Nord seront ainsi capturés ou coulés par les corsaires du Sud, le CSS Alabama s'en adjugeant pas moins de 71 à lui tout seul (!) avant de finir sous les coups de l'USS Kearsage le 19 juin 1863, devant Cherbourg.

Tout aussi importante est l'activité des forceurs de blocus du Sud, qui pendant quatre ans vont acheminer depuis les Bermudes l'alcool, les armes ou les produits de luxe importés d'Europe. Bien que très hasardeux - plus de 850 navires forceurs de blocus seront interceptés par la marine du Nord au cours des deux premières années de la guerre (!), le métier est extraordinairement rémunérateur.

En raison du blocus que les navires de guerre du Nord tiennent contre tous les ports du Sud, les marchandises de contrebande atteignent en effet des tarifs inouïs : trois voyages suffisent généralement à un armateur pour rembourser le prix de son bâtiment, et il n'est pas rare de voir des capitaines gagner 4 000 à 5 000 dollars par mois quand leur salaire moyen du temps de paix ne dépassait pas 150 dollars...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour!
Excellent blog, qui , sans vous faire insulte , puise ,j'imagine , quelques infos dans le 25 siècles de guerre sur Mer de Jacques Mordal.
Au sujet des cuirassés, il est exact , s'agissant de guerre , de commencer avec le combat de Hampton Roads durant la Guerre de Sécession US, mais il faut peut être remonter un poil plus loin: La guerre de Crimée avait vu l'utilisation de batteries flottantes propulsées à la vapeur (les navires français Lave Tonnante et Dévastation, qui portaient bien leur nom) équipées de canons classiques et un monstre anglais dessiné non pas par un architecte naval(shocking!) mais par un officier d'artillerie Philipp Coles (qui s'engloutira dans le golfe de Gascogne avec l'effrayant HMS captain un monstre hybride de sa conception avec tourelles et gréement complet de trois mats). Il avait élucubré un engin tenant du ponton même pas autopropulsé équipé d'un canon orientable sur 360° et protégé par une sorte de coupole, l'ancêtre direct de la tourelle blindée du USS Monitor.
Côté cuirasse on peut remonter avant même le second empire: le très moderniste prince de Joinville, fils de Luis Philippe, Officier de marine ultra compétent, courageux et sportif (et séducteur de ces dames , et joueur impénitent!)avait insisté pour installer des machines à vapeur sur les grands vaisseaux à trois ponts et avait poussé à la réalisation d'une frégate de bois blindée avec des plaques de fer que l'ingénieur Dupuy de Lôme avait dans ses cartons....Joinville sera expulsé de France par la Révolution de 1848 mais la frégate cuirassée Gloire sera bel et bien réalisée sous Napoléon III, provoquant la sainte trouille de l'amirauté britannique qui répliquera avec le HMS Warrior, construit entièrement en métal (et donc bien plus durable, tellement durable qu'il est encore à flot à Portsmouth comme navire musée).