dimanche 29 juin 2003

118 - Karl

... dès sa prise de pouvoir en 1933, Adolf Hitler s’était lancé dans un vaste programme de réarmement.

Dans l’hypothèse d’une guerre contre la France, se posait inévitablement le problème de la destruction des forts de la ligne Maginot. A cette époque, on ne parlait pas encore de «contournement» par la forêt des Ardennes avec des divisions blindées, (comme cela fut finalement réalisé en mai 1940). Seule la tactique traditionnelle (la destruction) était à l’ordre du jour. Les industriels furent donc contactés, et chargés d’étudier les meilleurs moyens pour venir à bout de fortifications par ailleurs réputées imprenables.

Face à un objectif en dur, l’approche la plus conventionnelle consistait tout simplement à employer un projectile de très gros calibre, qui agirait comme un bélier. Il «suffisait» en somme d’utiliser un obus plus gros que ce que l’adversaire avait prévu qu’on utiliserait contre lui.

Cette manière de procéder avait déjà donné de bons résultats en 1914, lorsque les forts de Liège, conçus pour résister à l’impact d’obus de 305mm (c-à-d au calibre de leur propre artillerie), avaient été écrasés par des obusiers de... 420mm (les fameuses «Grosse Bertha») : les Belges n’avaient tout simplement pas imaginé que dans une guerre, l’ennemi ne se contente généralement pas de faire ce que vous voudriez qu’il fasse

Les ingénieurs se mirent au travail, mais ils avaient sous-estimé les difficultés que l’on rencontrerait à mettre au point et produire des canons deux fois plus gros que tout ce que l’on avait connu jusque là. Le programme accusa bientôt un retard considérable et la guerre éclata avant qu’ils soient achevés. Pour finir, deux réalisations viables virent le jour, respectivement surnommées Karl et Dora.

Développé par la firme Rheinmetall, Karl était un obusier automoteur de calibre 600mm qui envoyait à 6 500 mètres un projectile d’une tonne et demie. Il en existait une seconde version, d’un calibre réduit à 540mm, qui envoyait un projectile de 1 250 kg à 10 500 mètres. On en construisit une demi-douzaine, qui furent du reste très peu employés.

En effet, bien que montés sur des bâtis chenillés que l’on pouvait éventuellement transporter par rail, ces obusiers étaient difficilement déplaçables et ne pouvaient donc être utilisés que dans des circonstances bien précises.

Mais ce n’était encore rien par rapport à Dora

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