... en octobre 1943, le premier canon V3 en calibre de 150mm était achevé, mais tout ce qui pouvait aller de travers... alla de travers. Les obus étaient instables et retombaient à peu près n’importe où (quand ils n’explosaient pas à la sortie du tube). Les sections du canon éclataient les unes après les autres, les portées atteintes n’atteignaient que 40 kms - le quart de ce qui était nécessaire pour atteindre Londres.
Pendant des mois, tous les responsables se renvoyèrent la balle, ou plutôt l’obus, car personne ne manifestait le moindre enthousiasme à l’idée d’être celui qui, le premier, en parlerait au Führer. Ce n’est qu’en mai 1944, après d’intenses travaux de soufflerie, et alors que l’ingénieur Cönders était mis sur la touche, que l’on commença enfin à entrevoir le bout du tunnel. On atteignit des portées de 90 kms avec une précision satisfaisante. Encore quelques mois et l’arme finirait probablement par correspondre aux voeux du Führer.
L’ennui, c’est que les alliés avaient débarqué en Normandie en juin. Début juillet, des bombardiers britanniques avaient réglé (avec des bombes de 5 tonnes) le sort du bunker de Marquise Mimoyecques, encore en achèvement.
Cette fois, on était vraiment tout prêt de la fin. Pour sauver du programme ce qui pouvait encore l’être, deux canons d’une longueur réduite à 50 mètres furent néanmoins réalisés et convoyés jusque Lampaden (près de Trèves) en novembre 44’. Installés à flanc de colline, selon un angle soigneusement calculé, ils commencèrent à tirer sur Luxembourg (distant d’une quarantaine de kilomètres) le 30 décembre suivant.
Mais l’approvisionnement en projectiles était devenu aléatoire et les problèmes techniques (en particulier l’éclatement prématuré de diverses sections du tube), qui avaient affecté tout le projet depuis l’origine, étaient loin d’être résolus, ce qui diminuait fortement la cadence de tir.
En deux mois de bombardement, seuls 183 obus furent tirés, sans que jamais les résultats obtenus (une cinquantaine de morts et de blessés côté alliés) ne justifient les moyens déployés, et les millions de Reichmarks engloutis.
Le 27 février 1945, afin d’échapper à l’avance alliée, les derniers servants évacuèrent le site de Lampaden en compagnie des deux pièces hâtivement démontées. Le plus extraordinaire canon de tous les temps disparut de la mémoires des Hommes, jusqu'au jour où il fut redécouvert par un Canadien qui, depuis l'enfance, rêvait à la Lune.
Ce Canadien s'appelait Gérald Bull. Son client, Saddam Hussein.
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