Car pour Harris, il y avait toujours quelque chose, et en particulier "de mauvaises conditions météorologiques", qui l’empêchaient d’obtempérer, et tout au plus consentait-il, lorsque la pression se faisait par trop irrésistible, comme dans les semaines précédant et suivant le Débarquement de Normandie, à céder pour un temps et à lâcher un peu de lest,... avant de revenir, comme si de rien n’était, à ses vieilles habitudes, c-à-d à l’incinération systématique des moindres villes du Reich.
Personne - et le fait en lui-même est stupéfiant - n’a jamais été en mesure de contrôler Arthur Harris qui, tel un proconsul romain, a donc pu, durant trois ans, régner sans partage sur la destinée et les missions du Bomber Command.
Harris-la-Bombe, comme chacun avait très vite appris à l’appeler, était il est vrai immensément populaire en Grande-Bretagne, plus que Montgomery et presque autant que Churchill, ce qui, ajouté à son énergie et à ses indéniables qualités d’organisateur et de meneur d’hommes, n’aurait pas manqué de rendre difficiles son limogeage et son remplacement.
Portal et Churchill avaient pourtant le pouvoir et en vérité toutes les raisons de le faire, mais que ce soit, dans le cas de Portal, par pure indolence et manque de leadership, ou parce qu’ils étaient tous deux fascinés par ce personnage qui, tel un Prophète, ne cessait de leur promettre la fin de la guerre pour demain, ne se résolurent jamais à une telle extrémité, et battirent même en retraite à chaque fois que l’intéressé les menaça de démission s’ils ne le laissaient pas mener la guerre aérienne comme il l’entendait.
Cette guerre, donc, se poursuivit sans changement jusqu’à la fin,... au grand dam des civils allemands pulvérisés, ensevelis, asphyxiés ou carbonisés dans leurs villes…
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