dimanche 21 juillet 2024

7988 - quand les Vergeltungswaffen entrent en scène...

V1 sur sa rampe de lancement : l'engin ne fut jamais en mesure de tenir ses promesses...
... Londres, 13 juin 1944

Car le 13 juin 1944, soit une semaine à peine après le Jour J, la première fusée V1 s'abat en effet sur le territoire britannique !

C'est la réponse de Hitler au Débarquement de Normandie, mais aussi, et surtout, aux centaines de raids menés par les Britanniques au-dessus du Reich, et auxquels les Allemands n'ont jamais été en mesure de répondre efficacement, faute de véritables quadrimoteurs de bombardement.

Et c’est aussi, avec d’autres moyens, la pure et simple continuation de Steinbock, puisque la "Vergeltungswaffen -1", "arme de représailles 1" ou "V1", est une arme de pure vengeance, dépourvue de tout intérêt réellement militaire

Car si les Américains bombardent les usines allemandes, et les Britanniques les villes allemandes, c’est toujours avec la conviction, ou du moins l’espoir, qu’en privant l’Allemagne de toute arme, et la population allemande de toute envie de poursuivre la lutte, on précipitera la fin de la guerre et peut-être même la chute du régime nazi, comme l’avait prophétisé Douhet dès les années 1920.

A contrario, les bombardements que les Allemands s’efforcent de mener depuis des mois sur la capitale britannique ne visent à montrer que l’on peut encore mordre et que la guerre est loin d’être finie, car personne, et pas même Hitler, ne peut raisonnablement imaginer qu’en s’en prenant à Londres, ou même en provoquant sa totale destruction, on réussira réellement à contraindre les Britanniques, et a fortiori les Américains (!) à la Capitulation.

Pendant près de trois mois, une centaine de V1 quotidiennes vont néanmoins être tirées vers Londres, avant d’être relayées, en septembre, par les fusées V2, plus performantes et quant à elles impossibles à intercepter...

3 commentaires:

Anonyme a dit...

La V1 présente toutefois bien des avantages sur la V2 : mise au point plus précoce, sites de lancement plus mobiles, coût très inférieur et paradoxalement, mobilisation d'importants moyens de contre-mesures alliés pour les détruire...

Moyens que certes les alliés pouvaient, comme souvent et presque chaque fois qu'ils firent des choix dans cette guerre, se permettre de mobiliser tant le rapport des forces jouait en leur faveur. Vae infirmis !

Anonyme a dit...

Grâce à une brillante opération de désinformation (le système Double cross) les anglais parvinrent à intoxiquer Max Wachtel , le responsable opérationnel des V1 . Certains de ceux ci étaient munis de radio-balises et des supposés agents allemands à Londres devaient noter leur point de chute et l'heure de l'explosion.

En fait ces agents ayant été capturés et retournés / remplacés par des agents anglais , RV Jones, le chef du renseignement scientifique britannique fit transmettre des faux rapports en couplant les heures de chute des V1 tombés sur l'Est populaire de Londres avec des points de chutes fictifs sur les quartiers huppés et les centres de décision du "West End" aristocratique.
Les rares reconnaissances aériennes allemandes ne pouvaient pas confirmer ou infirmer grand chose en raison des destructions dues au Blitz de 1940-41 et Wachtel décida de raccourcir les réglages des V1 qui dès lors tombèrent soit sur L'east end, soit dans l'estuaire de la Tamise, épargnant ainsi les quartiers ouest , les QG et les ministères. Jones calcula qu'il avait ainsi sauvé près de 3000 vies britanniques...des hautes classes sociales.
Son propre immeuble , près de Birdcage Walk échappa de peu à un V1 qui détruisit toutes les vitres, tandis que celui où habitait le savant français Yves Rocard (le père de Michel, le ministre socialiste) fut éventré et que l'atomiste français se retrouva perché au dessus du vide dans un bout de salle de bain miraculeusement épargné...sur quoi il se recoucha... dans sa baignoire en attendant paisiblement les secouristes.

Anonyme a dit...

AMHA Je crois qu'il y a erreur : les bases de lancement de V1 étaient assez complexes (et facilement repérables) :des voies de chemin de fer , avec aiguillage des longs bâtiments pare-souffle avec l'extrémité en spatule de skis, un bâtiment spécial avec une porte ultra large pour régler les gyrocompas, une catapulte assez complexe posée sur une longue dalle de béton, des hangars de stockage et des locaux pour le personnel (tout çà soigneusement décrit et photographié par le Résistant français Michel Hollard qui informa Londres...ce qui permit aux chasseurs bombardiers de la RAF de les pilonner allègrement)

https://en.wikipedia.org/wiki/V-1_flying_bomb_facilities

Par contraste les lancements de V2 pouvaient se faire depuis une table de lancement avec cône de déflexion (le presse citron géant) transportés par un semi remorque Meiler-Wagen (l'entreprise existe toujours) et posés sur une plateforme de béton ou de traverses de chemin de fer tenues par de la terre compactée, de la taille d'un quart de terrain de Tennis, avec quelques véhicules citerne et véhicules techniques.

Ce qui cause cette fausse impression ce sont les inutiles titans de béton (Watten, Wizernes et Helfaut) destinés à lancer des V2 mais aussi à abriter des usines de production de propergols liquides ...ils furent d'ailleurs très critiqués par les vrais spécialistes (Dornberger et Von Braun et même Speer ) qui estimaient que ces mastodontes servaient surtout à faire tourner la machine à béton de l'organisation Todt

Le lancement des V1 n'est redevenu simple et mobile qu'avec la version aéroportée (largage depuis un bon vieux bombardier "spaten" Heinkel 111)