mardi 30 avril 2024

7906 - "Le bilan de Hitler en tant que prophète n’est pas vraiment de nature à inspirer confiance"

Schweinfurt : une rude coup pour les Américains, qui acceptèrent néanmoins d'y revenir
... mais de manière incroyable, Harris fait la sourde oreille, et continuera de le faire jusqu’à la fin de la guerre !

Dans sa réponse à la demande - qui est en fait un ordre - de Bottomley, Harris souligne ainsi que "Le bilan de Hitler en tant que prophète n’est pas vraiment de nature à inspirer confiance" (...) "Il est assurément impossible de croire qu’une augmentation de plus de 50% de la dévastation existante [par le biais des bombardements des villes] en quatre mois puisse être supportée par l’Allemagne sans un effondrement total"(1) 

Fut-elle de bonne dimension, repérer une installation industrielle dans l’obscurité est évidemment plus difficile - rappelons-le - que d’en faire de même avec une grande ville, mais la destruction des barrages de la Möhne et de l’Eder, en mai, suivie par celle du Centre de Recherches de Peenemünde, en août, prouve cependant que le Bomber Command, à condition de le vouloir réellement, a maintenant bel et bien les moyens de frapper de nuit des objectifs précis et de taille relativement modeste.

Pourtant, ni en août 1943 ni dans les mois suivants, le Bomber Command ne s’en prendra  à Schweinfurt, et Harris, tout à son obsession du bombardement de zone, s’efforcera au contraire, et par tous les moyens possibles, de n’employer ses bombardiers qu’à incinérer jusqu’à la dernière des villes allemandes !

Si tout le monde s’accorde aujourd’hui pour affirmer que le bombardement de Peenemünde n’a, au mieux, retardé que de deux mois l’entrée en service des fusées V1 et V2, on estime également que si celui de Schweinfurt et des usines de roulements avait été mené jusqu’au bout, la guerre se serait elle-même terminée en moins de six mois.

Peenemünde "fut un succès important, mais les V2 étaient – ​​et demeureraient toujours – moins importants que les roulements à billes. Lorsque les V2 seraient finalement produits, ils se révéleraient une arme de terreur inefficace et, plus important encore, sans roulements à billes, il n’y aurait pas eu de V2, car il n’y aurait pas eu de guerre" (1)

L’Histoire, bien sûr, s’écrit avec des faits, et pas avec des "si", mais on peut néanmoins regretter qu’au soir du 17 août 1943, 596 bombardiers britanniques se soient élancés vers Peenemünde plutôt que vers Schweinfurt, d’où venaient tout juste de revenir 198 bombardiers américains...

(1) et (2) Randall, op cit page 171-172

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour!
Blog intéressant...Le bombardement des usines de roulements à billes est diversement jugé par les historiens, certes cette industrie était concentrée à Schweinfurt et Cannstatt...mais l'Allemagne pouvait se fournir en Suède et en France (SKF), dans pas mal de cas on pouvait remplacer les roulements à billes par des paliers pleins régulés ou à coussinets minces lubrifiés sous pression (moteurs) et de plus un certain nombre d'usines ont été déménagées dans des tunnels et des mines (en particulier d'ailleurs la fabrication des V1 et V2 à Nordhausen...mais vous avez raison de souligner que , comme pour les barrages , Bomber Harris aurait du s'efforcer de finir l'ouvrage au lieu de le laisser en plan