mardi 11 mai 2021

6730 - "Il ne restera, en tout cas, après la bataille, que les incapables, car les bons seront morts"

Speer et Hitler, à l'époque où les deux hommes rêvaient de construire Germania
… Bunker de la Chancellerie, Berlin, 19 mars 1945

Le 19 mars 1945, Hitler reprend à son compte la logique russe de la "terre brûlée" : à Speer qui tente de le persuader de ne pas ordonner la destruction des ponts et autres infrastructures vitales, laquelle "éliminerait toute possibilité de survie ultérieure du peuple allemand", Hitler rétorque que "si la guerre est perdue, le peuple lui aussi sera perdu et il n'est pas nécessaire de se préoccuper de ses moyens de survie élémentaires. Au contraire, il est mieux pour nous de les détruire. Car la nation s'est montrée faible et l'avenir appartient entièrement au vigoureux peuple de l'Est. Il ne restera, en tout cas, après la bataille, que les incapables, car les bons seront morts"

Après cette entrevue, Speer se rend aussitôt dans la Ruhr, pour s'efforcer de convaincre le maréchal Model de ne pas détruire tout le système ferroviaire allemand. C'est là qu'il reçoit, le 20 mars, les ordres personnels du Führer quant à l'avenir de l'Allemagne : tous les moyens de communication, tous les moyens de transport, toutes les installations industrielles doivent être détruites immédiatement sur l'ensemble du territoire du Reich, tandis que Speer lui-même se voit relevé de ses fonctions.

Rentré à Berlin le 26 mars, Speer présente alors sa démission à Hitler,... qui la refuse.

Le 27 mars, le Führer réitère ses ordres et exige "la totale annihilation par explosifs, incendie ou démolition", de l'ensemble du système ferroviaire, de tous les moyens de transport, du téléphone, du télégraphe et de la radio". 

Speer, pourtant, ne désarme pas : au matin du 29 mars 1945, il entre en contact avec divers généraux, y compris Guderian, et tente de les convaincre d'empêcher la mise en œuvre des consignes d'annihilation.

Mais comme Manstein l'avait fait en 1942 lorsque confronté à la demande de sédition présentée par plusieurs officiers accablés par le désastre de Stalingrad, Guderian se contente d'une prudente neutralité, tout en conseillant au ministre "de ne pas perdre la tête"…

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