samedi 31 juillet 2004

510 - voir sans être vu

... s'il jouissait de l'avantage de pouvoir se rendre invisible à ses proies tout autant qu'à ses ennemis, le sous-marin n'en souffrait pas moins d'une vision très limitée, en particulier à l'immersion périscopique.

Même lorsqu'il naviguait en surface - ce qui était le cas le plus fréquent - il demeurait un navire naturellement fort bas sur l'eau, ce qui le dissimulait certes aux vigies des bâtiments adverses, mais l'empêchait en retour de les apercevoir loin sur l'horizon.

Jusqu'à la généralisation du radar, les seuls "yeux" du sous-marin restaient donc ses vigies, qui scrutaient inlassablement l'océan avec de puissantes jumelles. Pour accroître leur champ de vision, certains eurent alors l'idée de leur faire quitter l'étroite et basse dunette du sous-marin pour les installer "en haut", c-à-d dans les airs, d'où ils pourraient bénéficier d'une perspective aussi lointaine que dégagée.

La perspective du ballon dirigeable rapidement écartée, celle de l'hydravion s'imposa tout naturellement. Compte tenu des faibles dimensions d'un submersible, il fallait évidemment concevoir un appareil petit et léger - et si possible repliable - que l'équipage pourrait mettre en oeuvre en quelques minutes, après l'avoir sorti d'un hangar installé sur le pont.

Tout au long de l'entre-deux-guerres, toutes les marines du monde y allèrent de leur interprétation personnelle de l'hydravion léger d'observation. Une des plus réussies fut l'Arado 231 allemand. Mais aussi performant et repliable fut-il, il n'en souffrait pas moins de deux inconvénients majeurs aux yeux de tout commandant de sous-marin : son encombrement sur le pont et, surtout, la lenteur des opérations nécessaires pour l'assembler, le mettre à l'eau, le récupérer, puis le préparer à la plongée. De trop longues minutes qui rendaient le sous-marin bien vulnérable.

Pour remplacer l'avion, une sorte de planeur rudimentaire fut donc proposé, et rapidement adopté. Même s'il ressemblait à un hélicoptère, le Focke-Achgelis "Bachstelze" n'était en réalité qu'un cerf-volant à rotor mais sans moteur, que le sous-marin remorquait
au bout d'un câble, à une altitude de 100 à 200 mètres.

Extrêmement compact, et très efficace, le "Bachstelze" fut employé avec succès tout au long de la guerre... jusqu'à ce que la menace des avions alliés devienne à ce point préoccupante qu'elle contraignit les commandants de sous-marins à renoncer à son utilisation, et les condamna ainsi à redevenir aveugles...

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