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samedi 18 mars 2023

7507 - Que sont-ils devenus (5)

Yamamoto, en inspection à Rabaul, quelques heures avant sa mort
 * l'amiral Turner continua de diriger les opérations amphibies américaines après Guadalcanal, que ce soit aux Salomon, aux Gilbert, aux Mariannes et jusqu'à Okinawa. La fin de la guerre le surprit alors qu'il préparait les futurs débarquement de MacArthur au Japon. Retiré du service actif en 1947, il mourut en 1961

* après avoir quitté Guadalcanal avec la 1ère Division de Marines, le général Vandergrift prit le commandement du 1er Corps Amphibie, avec lequel il débarqua en novembre 1943 à Bougainville, puis devint Commandant du Corps des Marines en janvier 1944. Ayant pris sa retraite en 1949, il mourut en 1973.

* gravement impliqué dans le désastre de Tassafaronga, l'amiral Wright aurait dû passer en cour martiale, mais les amiraux ne se torpillant que rarement entre-eux, il fut simplement placardé à terre jusqu'à la fin de la guerre, et même décoré de la Navy Cross ! Retraité de la Navy en 1948, il mourut en 1970

* l'amiral Yamamoto ne survécut pas longtemps à la défaite japonaise de Guadalcanal. Ayant pris connaissance, grâce à ses services de renseignement, de l'itinéraire complet de la "tournée des popotes" que se proposait de faire l'intéressé à travers les Salomon pour y remonter le moral des troupes, Nimitz demanda à Halsey d'organiser une mission d'interception que l'intéressé accepta, sans surprise, avec enthousiasme. Le 18 avril 1943, au-dessus de l'île de Bougainville, le bimoteur G4M qui transportait Yamamoto fut donc intercepté, et abattu en flammes, par des P-38 équipés de réservoirs supplémentaires. Retrouvé peu après dans la jungle, le corps de Yamamoto fut incinéré sur place, et ses cendres ensuite ramenées en grand secret à Truk et jusqu'à la cabine qu'il occupait sur le cuirassé Musashi, lequel leva bientôt l'ancre pour le Japon, où des funérailles nationales furent organisées le 05 juin 1943.

vendredi 17 mars 2023

7506 - Que sont-ils devenus (4)

Patch, en en Alsace, en 1944, décorant le soldat Eddie Murphy
* après avoir succédé à Vandergrift en décembre 1942, et victorieusement conclu la longue Bataille de Guadalcanal en février 1943, le général Patch fut muté en Europe pour y prendre le commandement de la 7ème Armée américaine, avec laquelle il débarqua en Provence en août 1944 et qu'il mena ensuite jusqu'au cœur de l'Allemagne. Rentré aux États-Unis en août 1945, et depuis longtemps victime d'ennuis de santé, il mourut d'une pneumonie en novembre de la même année

* le général Shōji, qui dirigeait l'aile droite de Maruyama lors de la Bataille de Henderson Field, et qui s'était finalement retrouvé à Koli Point après l'échec de celle-ci, puis avait entrepris avec ses hommes un interminable Chemin de Croix à travers la jungle jusqu'à se retrouver sur la Matanikau, survécu à Guadalcanal, dont il fut lui aussi évacué en février 1943. Après avoir occupé divers postes dans les mois suivants, la Capitulation le surprit au Japon, alors qu'il œuvrait au sein de l'Armée de la 5ème Zone. Jugé pour des crimes de guerre commis aux Indes néerlandaises en 1942, il fut condamné à mort en 1949, peine commuée par la suite à 10 ans d'emprisonnement. Il mourut en 1974

* le général Sumiyoshi, qui s'était vu confié l'attaque de diversion sur la Matanikau lors de cette même Bataille de Henderson Field, fut lui aussi évacué de Guadalcanal en février 1943. Rapatrié au Japon en mai de la même année, il occupa divers postes subalternes jusqu'à la Capitulation, et mourut en 1976

* rendu, comme Mikawa, de plus en plus critique à l'égard de la Campagne de Guadalcanal, l'amiral Tanaka, qui, avec ses destroyers, s'était couvert de gloire à Tassafaronga face à une force américaine très supérieure en nombre et en puissance de feu, fut lui-même victime de ce qu'il considérait désormais comme un futile gaspillage de ressources, lorsque le destroyer sur lequel il se trouvait fut, comme nous l'avons vu, torpillé, le 12 décembre, par un PT-boat américain lors d'une mission de ravitaillement sur Guadalcanal. A cause des blessures contractées lors du naufrage et/ou "de son mauvais état d'esprit", Tanaka se retrouva ensuite muté à terre, d'abord à Singapour, et finalement en Birmanie, jusqu'à la fin de la guerre. Il mourut en 1969.

jeudi 16 mars 2023

7505 - Que sont-ils devenus (3)

Nimitz : arrivé près une totale débâcle, parti après une victoire totale
* Très critiqué après la Bataille des Îles Santa-Cruz et pour la perte du porte-avions Hornet, l'amiral Kinkaid fut finalement relevé de son commandement par Halsey, et lui en garda rancune. Placardé, comme Fletcher, dans le Pacifique Nord, Kinkaid revint néanmoins sur le devant de la scène à la fin de 1943, lorsqu'il fut nommé à la tête de la 7ème Flotte, dite "Flotte de MacArthur" car uniquement chargée d'appuyer les opérations de ce dernier. En octobre 1944, à l'occasion de la Bataille de Leyte, l'animosité entre Kinkaid et Halsey atteignit son paroxysme, le premier reprochant, non sans raison, au second d'avoir abandonné sa mission de protection pour courir avec toute sa 3ème Flotte à la poursuite des porte-avions d'Ozawa, lesquels n'étaient finalement que des leurres sans quasi aucun aéronef à leur bord ! Retraité de la Navy en 1950, il mourut en 1972
 
 * le général Maruyama, qui avait mené l'attaque principale sur Henderson Field lors de la troisième tentative pour reconquérir Guadalcanal, et s'était finalement vu contraint de battre lui aussi en retraite, fut évacué de l'île le 04 février 1943 en même temps que Hyakutake. Demeuré nominativement à la tête d'une 2ème D.I. qui n'existait plus que sur le papier, il fut ensuite placardé à Tokyo au sein de l'État-major-général de l'Armée impériale, et quitta le service actif en mars 1944. Il mourut en 1957

* l'amiral Mikawa, qui avait brillamment conduit ses croiseurs à la Bataille de l'île de Savo, puis participé, de près ou de loin, à toutes les batailles navales autour de Guadalcanal, continua par la suite de mener dans le reste des Salomon une lutte dont il ne se gênait plus de dire qu'elle était perdue d'avance, une "mauvaise attitude" qui, après la chute des Salomon, le conduisit d'ailleurs à ne plus exercer que divers postes subalternes au Japon ou aux Philippines. Après le succès du débarquement américain à Leyte, en octobre 1944, il fut définitivement renvoyé au Japon. Il se retira du service actif en mai 1945 et mourut en 1981, à l'âge respectable de 92 ans

* arrivé à la tête de la Flotte américaine du Pacifique peu après la débâcle de Pearl Harbor, puis témoin, jusqu'à Midway, d'une infernale série de défaites, l'amiral Nimitz eut la satisfaction de ne plus connaître, après Guadalcanal, qu'une longue suite de victoire qui l'amenèrent finalement à co-présider, avec  MacArthur, la cérémonie de Capitulation japonaise. Devenu Chef des Opérations navales en décembre 1945 après le départ de King, il occupa ce poste durant deux ans. Retiré du service actif en décembre 1947, il mourut en 1966

mercredi 15 mars 2023

7504 - Que sont-ils devenus (2)

Le général Imamura, sur le pont du HMS Glory, signant la Capitulation de la garnison de Rabaul
* le général Hyakutake, qui commandait la 17ème Armée japonaise lors de la troisième tentative pour reprendre Guadalcanal, demeura sur l'île jusqu'au 04 février 1943, lorsqu'il fut, comme bien d'autres, évacué par un destroyer du Tokyo Express. Par la suite, il devint responsable de la défense de l'île de Bougainville, où il se retrouva à nouveau piégé, et cette fois sans possibilité d'être évacué. Victime d'un AVC en février 1945, il fut officiellement relevé de son commandement mais, faute de tout moyen de transport, demeura à Bougainville jusqu'en février 1946, avant d'être rapatrié au Japon, où il mourut un an plus tard.

* le général Imamura qui, en novembre 1942, avait été nommé commandant-en-chef de "l'Armée de la 8ème Zone" demeura à Rabaul, bientôt isolée et régulièrement bombardée, jusqu'en septembre 1945, lorsqu'il se rendit aux forces australiennes. Jugé pour crimes de guerre, et condamné à 10 ans de prison en 1947 par un tribunal australien, il fut libéré en 1954 et mourut en 1968

* le général Kawaguchi, qui avait quant à lui mené la seconde tentative pour reprendre Guadalcanal, en particulier lors de la Bataille d'Edson's Creek, fut relevé de son commandement après l'échec de celle-ci, et devint un des rares Japonais à pouvoir quitter l'île avant l'évacuation générale de février 1943. Rapatrié au Japon, en disgrâce et malade, il ne retrouva un commandement qu'en mars 1945, comme responsable de la défense de l'île de Tsushima,... que les Américains eurent la gentillesse de ne jamais envahir. Il mourut en 1961.

* le commandant-en-chef de la Navy, l'amiral King, qui avait voulu faire de Guadalcanal la première étape de la Reconquête du Pacifique dut finalement attendre six mois - bien plus qu'il ne l'avait estimé - pour voir son désir réalisé. Dans les deux années qui suivirent, King fit définitivement de la Navy la plus puissante Marine de Guerre du monde. Retiré du service actif en décembre 1945, il mourut en 1956.

mardi 14 mars 2023

7503 - Que sont-ils devenus (1)

Halsey, sur l'Enterprise, en avril 1942, lors du célèbre Raid sur Tokyo
* le colonel Edson, qui avait remporté la victoire sur une crête appelée à porter son nom, combattit à Guadalcanal jusqu'à la relève de son régiment. Promu général un an plus tard, il participera aux débarquements de Saïpan et Tinian. Ayant pris sa retraite du Corps des Marines en 1947, il se retrouvera ensuite à la tête de la Police du Vermont, puis directeur exécutif de la National Rifle Association (NRA) avant de se suicider en 1955, à l'âge de 58 ans

* l'amiral Fletcher qui, après Midway, avait assuré la couverture lointaine du débarquement à Guadalcanal avant de mener la Bataille des Salomon orientales fut fortement critiqué par l'amiral King pour sa performance, jugée une fois de plus bien trop prudente, lors de celle-ci, ce qui lui valut un placardage en règle dans le Pacifique Nord,... où il n'eut pas grand-chose à faire, et encore moins de Japonais à affronter, jusqu'à la fin de la guerre. Ayant pris sa retraite en 1947, il mourut en 1973

* relevé de ses fonctions par Nimitz, et remplacé par Halsey à la tête du COMSOPAC, l'amiral Ghormley fut renvoyé aux États-Unis où, après quelques mois, il obtint le poste, essentiellement honorifique, de commandant du 14eme district naval à Hawaï, avant celui, tout aussi honorifique, de commandant des forces navales américaines en Allemagne ! Retraité de la Navy en 1946, il mourut dans l’anonymat douze ans plus tard. De lui, l'Histoire a simplement retenu qu'il ne fut jamais l'homme qu'il aurait fallu pour diriger la Campagne de Guadalcanal

* successeur de Ghormley à la tête du COMSOPAC, l'amiral Halsey s'avéra en revanche l'homme qu'il fallait pour mener cette campagne et, au bout du compte, remporter la victoire à Guadalcanal puis dans l'ensemble des Salomon. Revenu à la Mer en 1944, en tant que commandant-en-chef de la 3ème Flotte américaine, Halsey mena ensuite celle-ci, avec sa vindicte habituelle, jusqu'en Baie de Tokyo où, en septembre 1945, son cuirassé eut le privilège d'héberger la cérémonie officielle de Capitulation japonaise. Auréolé de gloire, mais devenu également fort controversé après ses contre-performances à Leyte et face au Typhon Cobra, Halsey eut l'honneur suprême de se voir nommé Amiral de la Flotte (5 étoiles) en décembre 1945. Retraité de la Navy en 1947, il entra ensuite au conseil d'administration d'ITT, et y demeura quasiment jusqu'à sa mort, d'une crise cardiaque, en 1959

lundi 13 mars 2023

7502 - Guadalcanal... après Guadalcanal

Un Boeing 737 à Henderson Field, devenu Honiara International Airport...
... "Il est indéniable que le sort du Japon était scellé à la fin des combats de Guadalcanal", déclara fort lucidement l'amiral Tanaka après la guerre.

Mais malgré l'arrêt des dits combats, Guadalcanal n'en avait pourtant pas encore fini avec la guerre puisqu'elle devint, durant de longs mois, une importante base avancée, puis arrière pour la reconquête des Salomon et, finalement, du Pacifique, avant de retomber dans un calme... très relatif

"Bien que le choc des armées soit un lointain souvenir, il a été remplacé par des conflits ethniques entre les insulaires indigènes et les immigrants d'autres îles.

L'autonomie gouvernementale a été obtenue en 1976 du Royaume-Uni et l'Indépendance deux ans plus tard. L'Indépendance a [cependant] été suivie de problèmes considérables, notamment la violence ethnique, la corruption du gouvernement et la criminalité endémique, qui ont tous mis à l'épreuve cette fragile nation.

Les choses dégénérèrent à un tel point qu'en juin 2003, le Premier Ministre sollicita l'aide de l'Australie pour rétablir l'ordre public. Cela se traduisit par l'arrivée d'une force multinationale dirigée par l'Australie pour rétablir la paix et désarmer les milices ethniques qui contrôlaient différentes parties de Guadalcanal.

Malgré le fait que la mission internationale ait été largement couronnée de succès, la criminalité demeure un problème sérieux, en sorte que les visiteurs [étrangers] doivent faire preuve de prudence, en particulier lorsqu'ils visitent des zones périphériques" (1)

(1) Stille, op cit

dimanche 12 mars 2023

7501 - apprendre de ses erreurs

Rabaul : isoler et bombarder plutôt que conquérir
... on apprend toujours de ses erreurs, et de fait, les Japonais, au cours des semaines et des mois suivants, tentèrent de ne pas répéter celles commises à Guadalcanal.

Plus question par exemple - dans le Pacifique du moins (1) - d'encore partir à la conquête de quoi que ce soit : après Guadalcanal, et jusqu'à la Capitulation, et même s'il n'y était préparé ni matériellement ni psychologiquement, le Japon se contenta en effet de défendre ce qu'il possédait ou avait déjà conquis.

Sur les innombrables îles où ils se trouvaient en garnison, et afin d'être en mesure d'y repousser un futur débarquement américain dans les meilleures conditions possibles, les soldats reçurent donc l'ordre de s'enterrer, de bâtir des casemates et des tunnels, ou de se dissimuler dans des grottes, et de truffer le tout de mitrailleuses et de canons, stratégie certes plus efficace que les inutiles charges banzaï de Guadalcanal, mais néanmoins toujours insuffisante pour stopper le bulldozer américain dont la taille et la puissance, après Guadalcanal, ne cesserait jamais de croître.

Mais comme les dits Américains avaient également appris de Guadalcanal, ceux-ci se contentèrent de ne sélectionner qu'une petite partie de ces îles, d'y déchaîner toute leur puissance, puis, après des combats plus ou moins longs et sanglants mais toujours victorieux, d'y bâtir un nouvel aérodrome qui leur permettait de se projeter à chaque fois 500 à 600 km plus près du Japon, mais aussi, et comme à Guadalcanal, d'interdire aux Japonais de ravitailler les autres îles à l'intérieur du même rayon, avec pour résultat de condamner les garnisons qui les occupaient à dépérir sur place,... comme avait dépéri la garnison de Guadalcanal.

L'ironie voulut même que Rabaul, pour laquelle les Japonais avaient finalement décidé de sacrifier Guadalcanal, fasse finalement les frais de cette stratégie du "saut de puce" : après avoir longtemps pensé à l'investir, les Américains décidèrent au bout du compte de la laisser pourrir sur pieds, en l'isolant et en la soumettant à des bombardements quasi-quotidiens, comme les Japonais l'avaient fait à Guadalcanal (!), et qui durèrent jusqu'à la fin de la guerre...

(1) en Birmanie, jusqu'en 1944, et en Chine, jusqu'au début de 1945, l'Armée impériale persisterait néanmoins à lancer des offensives inévitablement condamnées à se transformer en retraites quelques semaines ou quelques mois plus tard

samedi 11 mars 2023

7500 - l'excès de prudence

Le Mont Austem, ou "pourquoi combattre ici et maintemant"
... à Guadalcanal-même, le commandement américain n'eut en revanche jamais à subir de gros reproches.

De fait, ni Vandergrift, ni Patch, qui lui succéda en décembre 1942 et jusqu'à la fin de la campagne, ne commirent de véritables erreurs.

On peut néanmoins leur reprocher à tous deux d'avoir, à de multiples reprises, pêché par excès de prudence et, dans un souci, au demeurant légitime, de protéger l'aérodrome de Henderson Field, d'avoir abandonné la proie pour l'ombre.

A deux reprises, sur la rivière Matanikau, Vandergrift, qui tenait pourtant les Japonais à la gorge et était sur le point de s'emparer du village de Kokumbona, devenu quartier-général de la 17ème Armée japonaise, décida ainsi de stopper l'offensive, et même de sonner la retraite générale, afin d'affronter la menace, surévaluée, sinon imaginaire, de nouveaux débarquements japonais.

Et après son arrivée, le 09 décembre, Patch, pourtant confronté à un ennemi à présent exsangue, mit quant à lui plusieurs semaines avant de repartir à l'attaque, et subordonna le lancement de celle-ci à la réussite préalable d'une autre offensive, cette fois sur et aux alentours du Mont Austen, une offensive à l'utilité militaire fort contestable et qui, faute de moyens suffisants, se transforma rapidement en une coûteuse procession d'escargots.

Enfin, en janvier 1943, alors que les survivants déguenillés de la 17ème Armée retraitaient tant bien que mal vers le Cap Espérance pour y être évacués, Patch, qui disposait pourtant d'une supériorité numérique et matérielle écrasante mais qui craignait, lui aussi, de se retrouver finalement confronté à un nouveau débarquement nippon, décida de conserver plus de la moitié de ses hommes autour de Henderson Field, et de n'envoyer à la poursuite des Japonais que des effectifs dès lors insuffisants pour l'emporter rapidement, permettant ainsi à ces derniers d'embarquer sur les destroyers du Tokyo Express qui effectuèrent là leurs ultimes traversées vers Guadalcanal...

vendredi 10 mars 2023

7499 - un meilleur choix

... déjà confrontés à un environnement plus qu'hostile, fait de pluies diluviennes, d'une chaleur accablante et d'innombrables maladies tropicales, les Marines de Guadalcanal durent dès lors supporter des bombardements navals, mais aussi aériens quasi-quotidiens, et assister, quasi-quotidiennement, à l'arrivée de nouveaux soldats japonais que personne ne semblait en mesure d'arrêter.

Au fil des semaines, leur moral se dégrada inévitablement, ce qui les amena tout aussi inévitablement à s'interroger sur l'utilité de leur mission et à mettre en doute les compétences de leur commandant-en-chef, l'amiral Robert Ghormley, qui "menait la belle vie" dans son quartier-général de Nouméa.

Ghormley, selon l'expression consacrée, "n'était pas un mauvais homme", mais sa nomination à la tête du COMSOPAC juste avant Guadalcanal fut assurément une regrettable erreur tant l'intéressé, qui ne daigna jamais se présenter en personne sur l'île, parut toujours dépassé par les évènements et indifférent à la situation des soldats qui risquaient quotidiennement leur vie sur le terrain.

Ghormley n'était pas un magicien et ne pouvait donc faire apparaître des renforts et du ravitaillement qui n'existaient pas, puis les transporter jusqu'à Guadalcanal sur des navires qui n'existaient pas davantage, mais lorsque les uns et les autres existaient, l'intéressé n'en était pas moins plus que réticent à envoyer les premiers en risquant les seconds, ce qui, à terme, menaçait l'existence-même de "l'équipe américaine" à Guadalcanal, et incita finalement Nimitz à le remplacer par nul autre que William Halsey

Halsey n'était pas non plus un magicien, mais c'était, déjà, une légende et un homme qui, contrairement à Ghormley, inspirait confiance aux soldats auxquels il était bien décidé, là encore contrairement à Ghormley, "d'envoyer tout ce qu'il avait",... même si cela impliquait inévitablement de perdre de nombreux navires en route.

Trop souvent sous-estimé, le rôle de Halsey dans le succès des Américains à Guadalcanal s'avéra au contraire déterminant, ce qui, rétrospectivement, ne peut qu'amener à regretter que la Bataille de Guadalcanal n'ait pas été dirigée dès le début par ce dernier...

jeudi 9 mars 2023

7498 - une coupable négligence

Le combat de nuit : une spécialité japonaise, une amère découverte pour la Navy
... les Américains, bien sûr, connurent également leur lot d'erreurs, mais aucune ne fut en définitive plus dommageable que celle, commise bien avant la guerre, de négliger l'entraînement au combat de nuit des équipages de la Navy.

Devant Savo, devant Tassafaronga, et en quantités d'autres endroits avant et même après Guadalcanal, les équipages des destroyers et croiseurs japonais, qui s'étaient longtemps entraîné à cet exercice, se jouèrent littéralement de leurs adversaires qui, même lorsqu'ils disposaient de radars, encore rares à cette étape de la guerre, en maîtrisaient mal le fonctionnement et les limites, ou s'y fiaient bien trop aveuglément.

De nombreux navires, et de trop nombreux marins, furent perdus à cause de cette erreur et aussi à cause de la méconnaissance des performances réelles des torpilles Type 93 japonaises, que chacun imaginait semblables à celles qu'on possédait alors qu'elles leur étaient en fait largement supérieures.

Conséquence inévitable, dès la Bataille de l'île de Savo, puis tout au long de la campagne, chacun, du simple marin au commandant de bord et jusqu'aux plus hauts responsables de la Navy, fut tétanisé à la seule perspective de se hasarder à proximité de Guadalcanal une fois le soleil disparu sous l'horizon.

Au lendemain de Savo, et parce qu'il était convaincu que les Japonais ne manqueraient pas de revenir alors qu'ils n'en avaient en fait jamais eu l'intention (!), l'amiral Turner avait d'ailleurs donné le ton, en s'empressant de retirer avant le crépuscule tous ses bâtiments encore occupés à décharger le matériel et le ravitaillement des Marines qui, durant plusieurs semaines, se retrouvèrent quasiment livrés à eux-mêmes et sur une île où ils avaient tout à apprendre.

Et cette crainte de revivre "un nouveau Savo", qui se matérialisa du reste à Tassafaronga, quatre mois plus tard, permit dès lors aux Japonais non seulement de débarquer impunément des troupes nuit après nuit et, au bout du compte, de les évacuer, mais aussi de pilonner, nuit après nuit, les positions américaines et en particulier l'aérodrome de Henderson Field...

mercredi 8 mars 2023

7497 - jamais assez

Guadalcanal, ou l'Impuissance de la Volonté face aux canons et aux armes automatiques...
... tirant les leçons de cet échec, le commandement japonais décida donc d'envoyer davantage de troupes, et de fait, la seconde tentative, dirigée par le général Kawagushi, réunissait près de 6 000 hommes, ce qui était nettement mieux mais toujours d'autant plus insuffisant, que l'attaque impliquait cette fois un interminable périple à travers la jungle, qui eut pour effet d'épuiser prématurément les soldats et de les disperser à un point tel qu'ils s'avérèrent incapables de la moindre attaque coordonnée.

Nouvel et sanglant fiasco donc, qui, toute idée d'abandon étant exclue par principe, impliquait donc une nouvelle tentative, réunissant cette fois pas moins de 15 000 hommes, puisque l'on s'était enfin rendu compte en haut-lieu que les Américains, de leur côté, en avaient débarqué "environ 10 000" au début du mois d'août.

Lorsque le propre commandant de la 17ème Armée, le général Hyakutake, se lança à son tour à l'attaque à la fin octobre, il disposait cette fois d'effectifs qui auraient été suffisants si, dans l'intervalle, les Américains n'avaient eux-mêmes doublé les leurs (!) et considérablement renforcé leur aviation et leur artillerie, et si, à nouveau, un long détour par la jungle n'avait fini par user et disperser les soldats nippons, une fois de plus incapables d'unir leurs efforts !

Ce troisième échec signa le glas des derniers espoirs japonais qui, décimés par la faim et la maladie, ne furent par la suite plus jamais en mesure de reconstituer sur l'île un effectif suffisant pour espérer l'emporter.

Pour autant, le commandement s'entêta - ultime erreur - à envoyer quelques milliers d'hommes supplémentaires en renforts, lesquels, eux aussi débarqués sans arme lourde, sans médicament et quasiment sans ravitaillement, se retrouvèrent rapidement dans un état aussi pitoyable que leurs prédécesseurs, et dépérirent eux aussi en masse, jusqu'à ce que leurs généraux et amiraux,
prennent enfin la décision qui s'imposait à eux depuis longtemps...

... abandonner Guadalcanal et reconnaître la victoire des Américains.

mardi 7 mars 2023

7496 - l'Impuissance de la Volonté

Les charges banzaï : héroïques, spectaculaires,... et totalement inefficaces
... mais en définitive, la principale erreur japonaise fut d'avoir, et au moins jusqu'à la fin septembre, systématiquement et dramatiquement sous-estimé non seulement l'objectif, mais aussi le potentiel et les véritables effectifs de leur adversaire.

Durant des semaines, et autant à Rabaul qu'à Truk ou à Tokyo, chacun demeura convaincu de n'avoir affaire qu'à un "simple raid" réunissant tout au plus quelques milliers d'hommes.

Personne n'imagina que, neuf mois à peine après Pearl Harbor, les Américains avaient déjà décidé de partir à la reconquête du Pacifique et que la première étape de cette reconquête passait par une île, Guadalcanal, à ce point éloignée des États-Unis.

Et parce que ses officiers avaient gagné leurs galons en Chine, contre une armée, celle de Tchang Kaï-chek, certes pléthorique mais mal commandée, peu motivée et dramatiquement sous-équipée, et parce ses soldats, autant en Birmanie qu'en Indonésie, à Singapour ou aux Philippines, avaient littéralement volé de victoire en victoire, le commandement nippon estima un peu trop vite qu'il en irait nécessairement de même à Guadalcanal, contre ces Américains qui n'étaient, selon la formule couramment utilisée à l'époque, "qu'un peuple de comptables et d'épiciers".

En conséquence, et plutôt que de mobiliser immédiatement d'importants moyens navals, aériens et terrestres, on se contenta de n'envoyer à Guadalcanal que des forces bien trop faibles pour l'emporter.

La première tentative, menée par le colonel Ichiki à la mi-août, ne réunissait donc que 800 à 900 hommes, ce que l'intéressé estimait néanmoins suffisant vu la "volonté" et le "courage supérieur" de ces derniers.

Mais face à des adversaires au moins dix fois supérieurs en nombre, et abondamment pourvus de mitrailleuses, de canons et même de quelques tanks, la "volonté" et le "courage" ne pouvaient l'emporter sur la puissance de feu, et l'aventure se solda donc par un lamentable et sanglant échec.

lundi 6 mars 2023

7495 - les faux rois de la Jungle

La Jungle de Guadalcsanal : omniprésente et capable d'engloutir tout et tout le monde...
... il n'existe aucune jungle au Japon et, contrairement à l'opinion de tous les États-majors occidentaux depuis le début de la guerre, le soldat japonais n'avait rien d'un "Roi de la Jungle".

Il était certes moins enclin à se plaindre, plus habitué à se contenter de peu, et davantage porté à sacrifier sa vie que ne l'était son adversaire occidental, mais cheminer dans la jungle n'en restait pas moins pour lui une entreprise éprouvante et hasardeuse, qui l'épuisait bien avant qu'il ne soit amené à combattre.

Par deux fois, en septembre puis en octobre 1942, le commandement nippon tenta de s'emparer de Henderson Field à revers, après un long détour par la jungle, et découvrit à chaque fois que ses soldats, lorsqu'ils ne se perdaient pas carrément en chemin (!), s'avéraient ensuite incapables de mener - et de mener de nuit ! - l'attaque massive et coordonnée qui seule aurait - peut-être - pu emporter la décision.

Et comme chaque tentative se soldait par un sanglant échec, il fallait ensuite imposer aux hommes une inévitable et pénible retraite à travers cette même jungle,... avec pour seul résultat de les épuiser encore un peu plus !

Pour ne rien arranger, et nouvelle erreur, le Japon ne s'était jamais doté, dans l'avant-guerre, d'un quelconque service de Santé digne de ce nom : tout, à commencer par les médicaments, manquait donc pour soigner les malades et les blessés, lesquels étaient supposés supporter stoïquement leur sort.

La formule avait certes l'avantage d'être économique mais, dans l'impitoyable jungle de Guadalcanal, et sous le climat particulièrement insalubre des Salomon, elle s'avéra rapidement catastrophique : la moindre blessure risquait en effet d'entraîner la gangrène, et les rangs furent de toute manière très vite décimés par des maladies tropicales peu documentées et dans tous les cas impossibles à soigner, lesquelles finirent par causer bien plus de pertes que les balles et les obus américains...

dimanche 5 mars 2023

7494 - un abandon trop tardif

... malgré la consommation effrénée de mazout qu'il entraînait, l'usage des destroyers du "Tokyo Express" pour débarquer et ravitailler les troupes japonaises à Guadalcanal ne constituait pas une erreur en soi, mais au contraire la seule solution possible pour échapper aux incessantes attaques aériennes menées, durant la journée, par la "Cactus Air Force", c-à-d par la petite force aérienne que les Américains mirent en service à Guadalcanal dès la seconde moitié du mois d'août.

Mais le problème, c'est que les dits destroyers ne pouvaient emporter que quelques centaines d'hommes à la fois, ainsi qu'un minimum de ravitaillement ou quelques pièces d'artillerie de petit calibre, et que les uns et les autres avouèrent très vite leurs limites sur une île aussi vaste et inhospitalière que Guadalcanal, et contre des Américains à la fois plus nombreux et bien mieux équipés, et qui, eux, grâce précisément à leur aérodrome, pouvaient au contraire évacuer leurs blessés et malades par la voie des Airs, et même se faire livrer ce qui leur manquait, sans se fier uniquement au transport maritime.

Dans les semaines qui suivirent l'installation des Américains à Guadalcanal, et au moins jusqu'au mois de novembre, les Japonais tentèrent par tous les moyens, et autant sur Terre que par Mer ou dans les Airs, de détruire ou du moins de neutraliser durablement cet aérodrome, mais ne furent jamais en mesure d'y arriver, faute de moyens. 

Malgré l'échec patent de chaque nouvelle tentative, ils persistèrent encore et encore, ce qui, avec le recul, était manifestement une erreur de plus, laquelle finit d'ailleurs par épuiser totalement, et prématurément, leur Marine impériale, qui fut par conséquent la première à souhaiter, puis à réclamer, l'abandon pur et simple de Guadalcanal

Un abandon qui, à l'évidence, aurait dû être entériné bien plus tôt, mais qui ne le fut finalement qu'au mois de décembre, lorsque bien trop d'hommes, d'avions et de navires avaient déjà été perdus...

samedi 4 mars 2023

7493 - un aérodrome sur un plateau

"Les Diables de Guadalcanal", ou la version aérienne et "Johnwaynesque" de la Bataille
... car la seconde erreur, qui découle directement de la première, réside dans le fait que le dit aérodrome, que les Américains appelleraient bientôt Henderson Field, n'était pas davantage défendu que la plage qui y donnait accès !

Pire encore : alors qu'ils auraient largement eu le loisir de le faire avant l'arrivée des premiers soldats américains, les Japonais affectés à la construction ne tentèrent même pas d'incendier les bâtiments ni de détruire le ravitaillement, les équipements et même les armes qui y étaient stockés et que les Américains purent donc utiliser à leur profit pour achever l'aérodrome et le mettre en service bien plus vite qu'ils ne l'avaient prévu.

Et c'est la disponibilité de cet aérodrome, de cet aérodrome que les Japonais avaient eux-mêmes construits mais qu'ils livrèrent aux Américains sur un plateau (!), qui, plus que tout autre facteur, détermina ensuite l'issue de la bataille.

Avec Henderson Field et les quelques appareils qui s'y trouvèrent bientôt stationnés, les Américains furent en effet en mesure, durant la journée, de constamment repérer et frapper non seulement les soldats japonais débarqués sur l'île, mais aussi, et surtout, les navires qui les y amenaient, lesquels, pour leur échapper, furent dès lors contraints de patienter très loin au large, de ne plus se présenter que de nuit, et de détaler à toute vitesse avant la levée du soleil.

Et malheureusement pour les Japonais, les seuls navires capables de réaliser cette prouesse étaient les destroyers de la Marine impériale, qui, en authentiques lévriers des mers, pouvaient courir très vite mais jamais très longtemps, et qui ne pouvaient transporter grand-chose et surtout pas les canons de gros calibre, l'abondant ravitaillement et les encombrants équipements qui auraient permis à l'Infanterie japonaise d'affronter son adversaire américaine avec de meilleures chances de succès...

vendredi 3 mars 2023

7492 - une succession d'erreurs

"The Thin Red Line", ou Guadalcanal a hauteur de fantassin...
... dans toutes les batailles, les protagonistes commettent de nombreuses erreurs, grandes ou petites, mais à Guadalcanal, les Japonais en commirent assurément plus que leurs adversaires

La première erreur, et non la moindre, est de ne jamais avoir pensé à fortifier, même a minima, cette île sur laquelle ils construisaient tout de même un aérodrome grâce auquel ils entendaient bombarder rien moins que l'Australie !

Car lorsque les soldats de la 1ère Division de Marines se présentèrent devant Lunga Point, à l'aube du 07 août 1942, ils ne furent confrontés à aucune batterie côtière, aucun blockhaus, aucun champ de mines ou de barbelés, aucun obstacle, et en vérité à quasiment aucun défenseur susceptible de freiner quelque peu leur avance.

Sans aller jusqu'au degré de sophistication que l'on verrait un jour à Tarawa, Peleliu ou encore Iwo-Jima, de simples casemates en rondins habilement dissimulées dans le relief et équipées de mitrailleuses, telles qu'elles apparaîtraient d'ailleurs à la toute fin de la campagne, et en particulier au Mont Austen, auraient assurément causé bien des problèmes aux hommes de la 1ère Marines, qui étaient presque tous des bleus sans expérience du combat ni d'un quelconque débarquement.

De même, quelques centaines de soldats qui, sans être obligatoirement d'élite, se seraient montrés résolus à se battre plutôt qu'à détaler directement dans la jungle, auraient là encore singulièrement compliqué la tâche des Marines, les auraient empêché de s'installer tranquillement sur la plage et d'y débarquer armes, munitions, ravitaillement et équipement à leur aise et, surtout, de mettre la main, dès le jour suivant, sur un aérodrome quasiment prêt à servir...

jeudi 2 mars 2023

7491 - l'avant et l'après

... considérées sous un angle froidement rationnel, et qu'elles soient matérielles ou humaines, les pertes encourues à Guadalcanal ne sont pourtant pas particulièrement impressionnantes, a fortiori si on les rapporte à la durée de cette campagne, qui s'est tout de même étalée sur un peu plus de six mois.

Sans même parler de celle de Verdun, qui en dix mois a fait plus de 300 000 morts et plus de 400 000 blessés (!), celle de Tarawa, en novembre 1943, a fait près de 5 000 morts et 2 000 blessés en seulement quatre jours, et celle d'Iwo-Jima, en février 1945, 25 000 morts et 22 000 blessés en à peine plus d'un mois.

La véritable signification, et toute l'importance, de Guadalcanal est ailleurs, car il y a bel et bien un "avant" et un "après" Guadalcanal : si la Bataille de Midway, en juin 1942, avait déjà porté un coup de frein à l'expansionnisme japonais, et donné un sérieux avertissement à sa Marine de Guerre, celle de Guadalcanal, d'août 1942 à février 1943, a en revanche consacré l'arrêt définitif et le reflux du premier, dans le Pacifique du moins, et entraîné la défaite non seulement de la Marine, mais aussi de l'Aviation et de l'Armée japonaise, toutes trois incapables de l'emporter sur l'adversaire américain.

Avant Guadalcanal, les Japonais savouraient encore l'ivresse de victoires faciles, et ambitionnaient d'en remporter encore bien d'autres, mais après Guadalcanal, et jusqu'à la Capitulation, ils ne connurent plus que l'amertume de défaites douloureuses et l'obligation de se cantonner à une attitude strictement défensive à laquelle ils n'étaient ni préparés ni disposés, non seulement matériellement, mais aussi, et peut-être surtout, psychologiquement.

Après Guadalcanal, les Japonais ne firent plus rien d'autre qu'attendre, et subir, les attaques de leurs adversaires sans jamais être en mesure de reprendre  l'initiative et d'échapper à leur sort, désormais scellé...

mercredi 1 mars 2023

7490 - les Nus et les Morts

Soldats américains au milieu de cadavres japonais, Guadalcanal, octobre 1942
... évoquer les pilotes nippons nous amène tout naturellement à parler à présent des pertes humaines qui, hélas, sont autrement plus difficiles à établir, particulièrement chez les Japonais, faute déjà de sources réellement fiables en raison, notamment, du constant saupoudrage de troupes opérés pendant des semaines par les destroyers du Tokyo Express, à raison de 100 à 200 hommes par bâtiment et par voyage, ou de la disparition des rares registres tenus sur le terrain.

A cela s'ajoute le fait que les "morts" et les "blessés" ne l'ont pas toujours été sur l'île de Guadalcanal elle-même, mais également dans le Ciel ou sur Mer, et parfois à des centaines de km de l'île, ce qui, au fil des années, à amener les auteurs à les compter, ou non, dans les statistiques.

Côté américain, les pertes, qui comprennent celles des marins et aviateurs, sont généralement évaluées à peu plus de 7 000 morts et près de 8 000 blessés, la majorité de ces derniers ayant cependant été victimes de maladies diverses plutôt que de blessures contractées au combat.

Côté japonais, on sait quelque 31 400 soldats ont débarqué sur l'île à un moment ou un autre, et que 11 400 ont finalement réussi à la quitter, presque tous lors des trois journées d'évacuation du mois de février 1943, ce qui, à quelques centaines de prisonniers près, signifie donc que près de 20 000 Japonais sont morts à Guadalcanal, victimes, dans leur grande majorité, d'épuisement, de la faim, de maladies ou de blessures mal ou pas du tout soignées, faute de médicaments et à vrai dire d'un quelconque système de Santé.

A ces chiffres, il convient toutefois d'ajouter quelques centaines d'aviateurs, mais aussi plusieurs milliers de marins disparus en mer en six mois de combats, ce qui porte assurément le total à plus de 25 000 morts qui, pour la plupart, n'ont jamais eu droit à la moindre sépulture digne de ce nom...

mardi 28 février 2023

7489 - un match nul à court terme

Guadalcanal : un match nul au niveau matériel... mais à court terme seulement
... après toute bataille, établir le bilan exact des pertes des uns et des autres constitue toujours un exercice délicat, a fortiori lorsque la dite bataille, comme celle de Guadalcanal, s'étire en fait sur plusieurs mois et ne se limite pas à une seule zone géographique bien précise.

Au niveau matériel, entre le 07 août 1942 et le 09 février 1943, soit en six mois et deux jours, celle de Guadalcanal a en tout cas entraîné la perte, côté américain, de deux porte-avions, huit croiseurs (dont un australien), et quatorze destroyers, contre un porte-avions, deux cuirassés, quatre croiseurs, onze destroyers et six sous-marins côté japonais.

Pour l'Aviation, en comptant non seulement les appareils abattus en vol mais aussi, et surtout, ceux anéantis au sol, engloutis avec leur porte-avions, crashés au décollage ou à l'atterrissage, ou encore disparus suite à une panne mécanique ou un caprice de la météo (1), les pertes ont été d'environ 600 aéronefs côté américain, et 700 côté japonais.

De ce double énoncé, on peut par conséquent affirmer qu'à Guadalcanal, Américains et Japonais ont perdu un nombre de navires et d'avions à peu près semblable mais qui, dans les semaines et les mois suivants, se sont en revanche avérés infiniment plus difficiles à remplacer côté japonais.

Match nul au niveau matériel donc, mais néanmoins indiscutable défaite japonaise sur le moyen et le long terme, en particulier dans le domaine aérien, puisque les aéronefs nippons, non contents d'être produits en moindre qualité et en moins grand nombre, ne trouveront pas, à leur sortie des usines, suffisamment de pilotes, et surtout de pilotes expérimentés, pour les mener ensuite au combat..

(1) pour une analyse du taux incroyable d'appareils perdus sans lien direct avec les combats par une seule escadrille : Saviez-vous que... Baa Baa Black Shee

lundi 27 février 2023

7488 - on se console comme on peut

Soldats américains exhibant un drapeau japonais capturé : aujourd'hui Guadalcanal, demain Tokyo
... après six mois de combats, la Bataille de Guadalcanal s'achève donc sur une indiscutable et totale victoire américaine, les Japonais devant pour leur part, et comme les Britanniques à Dunkerque, se contenter de la satisfaction d'une évacuation totalement réussie.

On se console comme on peut, et de fait, afin de leur permettre, selon la formule consacrée, "de combattre un autre jour", la Marine impériale est bel et bien parvenue, au prix d'un destroyer coulé et de plusieurs autres endommagés, à exfiltrer 10 652 soldats au nez et à la barbe de leurs poursuivants américains

10 652 soldats, c'est beaucoup si l'on considère qu'avec juste un peu plus d'imagination, d'efforts et d'audace, les dits Américains auraient facilement pu les empêcher d'embarquer, puis les écraser jusqu'au dernier sur le rivage, ce que nombre de critiques, en ce et y compris aux États-Unis, soulignent d'ailleurs encore aujourd'hui.

Mais ces 10 652 soldats ne représentent pourtant que deux-tiers des quelques 14 000 hommes que possédait encore le général Hyakutake à peine trois semaines auparavant, ce qui, vu dans l'autre sens, signifie donc qu'un tiers de la garnison a entièrement péri (1) durant la lente retraite vers le Cap Espérance.

Et encore ces 10 652 hommes sont-ils fort loin d'être en mesure de retourner au combat : plus de 600 d'entre-eux vont en effet décéder de blessures ou de maladie dans les heures et les jours qui suivent, tandis que plus 3 000 autres en auront pour de fort longs mois d'hospitalisation et de convalescence au cours desquels leur armée ne cessera de toute manière d'aller de défaites en défaites et en replis, jusqu'à ce qu'elle se retrouve finalement acculée au Japon lui-même,... devant lequel Halsey, entretemps promu à la tête de la 3ème Flotte américaine, se présentera néanmoins le 29 août 1945 pour accueillir, quelques jours plus tard, la cérémonie officielle de Capitulation.

Mais ceci est une autre Histoire... 

(1) quelques dizaines de soldats japonais continueront néanmoins d'errer sans but, et sans plus menacer personne, à différents endroits de Guadalcanal jusqu'à la fin de la guerre