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Marines, à Iwo-Jima : qu'est-ce que ce sera rendu au Japon... |
Saviez-vous que...
samedi 23 août 2025
8996 - ... au problème des morts américains
vendredi 22 août 2025
8995 - vers la Solution finale...
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Marines "traitant" une position japonaise au lance-flammes. Iwo-Jima, 19 février 1945 |
… la bombe atomique.
Depuis au moins le Débarquement américain aux Philippines, toute la stratégie défensive japonais repose - rappelons-le - sur l’absolue conviction que les Américains, pour l’emporter, devront nécessairement prendre pieds au Japon,… mais qu’ils y renonceront à la dernière minute, tétanisés par l’ampleur des pertes prévisibles dans leurs rangs.
Et depuis des mois, sur toutes les îles et territoires que le Japon contrôle encore, tout a été fait non pas pour empêcher leur (re)conquête par les Américains et leurs Alliés - ce que chacun à Tokyo sait à bon droit impossible - mais bien pour la rendre la plus coûteuse possible pour les assaillants : à Iwo-Jima, les Américains ont même déploré plus de 25 000 morts et blessés, soit davantage que les Japonais eux-mêmes (!), et les combats qui font actuellement rage à Okinawa promettent déjà d’exploser ce chiffre (1)
Qu’en sera-t-il alors lorsqu’il faudra débarquer au Japon ?
Pour Olympic et Coronet, les estimations parlent d'un demi-million de morts et de blessés... au minimum, ce qui ne serait rien pour l'URSS de Staline, mais excède de loin ce que l'Amérique du nouveau President Truman est disposée à accepter pour enfin triompher du Japon !
Certes, autant King et Nimitz demeurent convaincus qu’avec leur blocus naval, ils finiront par affamer tous les Japonais, tandis qu’Arnold et Le May sont certains qu’avec leurs milliers de B-29, ils réussiront à incinérer jusqu’au dernier hameau nippon à la bombe incendiaire, ce qui, dans les deux cas, rendra alors tout débarquement superflu...
(1) la conquête d’Okinawa coûtera finalement aux Américains plus de 82 000 morts, blessés ou disparus, sur Terre, sur Mer ou dans les Airs
jeudi 21 août 2025
8994 - les sacro-saintes Lois de la Guerre
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Fort Drum, le "cuirassé de béton" : 10 000 litres d'essence et de diesel pour en venir à bout... |
On connaissait déjà, et depuis longtemps, les bulldozers qui enterraient vivants les soldats japonais dans leurs bunkers, ou les lance-flammes qui les y incinéraient tout aussi vivants, mais à Corregidor, en février 1945, on y a ajouté les milliers de litres de gasoil déversés dans le célèbre Tunnel Malinta, gasoil auquel on a ensuite mis le feu avant de sceller toutes les entrées du dit tunnel au bulldozer, condamnant ainsi les défenseurs japonais à mourir brûlés vifs ou asphyxiés
Légalement parlant, l’Honneur était sauf, puisqu’aucun gaz de combat n’avait, de fait, été utilisé contre des soldats ennemis (!), et ce brillant succès avait tout naturellement poussé à retenter l’expérience à d’autres endroits, et en particulier, en avril, contre le tout aussi célèbre Fort Drum, cet inexpugnable "cuirassé de béton", dans lequel des sapeurs américains avaient fait pleuvoir 10 000 litres d’essence et de diesel par les évents du toit,… en y ajoutant quelques charges explosives pour faire bonne mesure !
A Iwo-Jima, pourtant officiellement déclarée "conquise" à la fin du mois de mars, les hommes du 147ème d’Infanterie vont également recourir, le 07 mai, à un cocktail semblable pour se débarrasser définitivement des ultimes défenseurs de l’île
"Ils pompèrent sept cents gallons d'eau salée dans l'une des plus grandes entrées du complexe de tunnels, puis y ajoutèrent 110 gallons d'essence et cinquante-cinq de pétrole. Le flux mortel, allumé au lance-flammes, traversa les passages souterrains, déclenchant une série d’explosions des munitions qui y étaient stockées, incinérant de nombreux Japonais et en asphyxiant d’autres. Certains de ces hommes s’embrassèrent alors, puis dégoupillèrent les grenades qu’ils tenaient contre leur corps" (1)
A la guerre, et a fortiori dans cette guerre mondiale qui dure depuis près de 6 ans, l’imagination s’avère vite sans limite dès lors qu’il s’agit de tuer l’ennemi.
On n’a pourtant encore rien vu
(1) Hasting, op cit
mercredi 20 août 2025
8993 - le cauchemar absolu
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Marine, allumant sa pipe... avec son son lance-flammes sur le dos : Sécurité avant tout... |
Jour après jour, semaine après semaine, chaque trou de fantassin, chaque tranchée, tunnel, grotte ou bunker, doit être emporté l’un après l’autre, ce qui, pourtant, n’empêche nullement les Japonais de continuer à résister avec acharnement et même, parfois… de surgir carrément dans le dos de leurs assaillants !
Et quand ils parviennent enfin, de peine et de misère, à s’affranchir d’une ligne de défense, les Américains ont toujours la désagréable surprise de tomber sur une autre ligne, puis sur une autre encore !
Les pertes s’accumulent, et avec les pertes arrivent tout naturellement la colère et la frustration, qui poussent chacun à s’interroger sur le sens de cette guerre et, évidemment, sur les moyens d’y mettre un terme au plus vite
Depuis, au moins, la terrible Bataille de Peleliu, de septembre à novembre 1944, où ils ont perdu quelque 10 000 hommes, les soldats américains, mais aussi leurs officiers sur le terrain, n’ont cessé de réclamer l’emploi de gaz de combat pour se débarrasser de la vermine jaune retranchée dans des grottes ou des tunnels où personne n’a la moindre envie d’aller les débusquer
Mais jusqu’ici, l’État-major général et, surtout Roosevelt, n’ont cessé de s’y opposer, et Truman, qui vient tout juste d’accéder à la Présidence après la mort de ce dernier (12 avril) ne manifeste aucune intention de vouloir changer de politique.
Pour l’instant du moins…
mardi 19 août 2025
8992 - Repat !
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Sherman lance-flammes, à Okinawa : n'importe quoi pour en finir avec les Japonais... |
"Pour les soldats britanniques de Birmanie, "Repat", le Rapatriement, était devenu une obsession. (…) En janvier 1945, l’Armée britannique avait déjà réduit le temps de service obligatoire outre-mer de quatre ans à trois ans et huit mois puis, en juin, à trois ans et quatre mois. En conséquence, de nombreuses unités se retrouvèrent subitement privées de soldats expérimentés et renvoyés chez eux.
(…) "Les responsables militaires américains et britanniques étaient tout aussi consternés à la perspective de devoir motiver des soldats pour de nouvelles batailles alors que certains de leurs camarades rentraient déjà chez eux" (1)
Paradoxalement, alors que la situation militaire des Alliés n’a jamais été aussi bonne, et celle des Japonais aussi désespérée, ce sont donc les premiers qui se retrouvent confrontés au manque de soldats, ou du moins de soldats expérimentés !
Car chez les Japonais, il n’est évidemment pas question de démobiliser qui que ce soit : pour parer les futurs débarquements alliés, le gouvernement a au contraire massé 14 divisions au Kyushu, 38 au Honshu et Shikoku, 5 à Hokkaido, tandis que vingt-huit millions de civils (!) ont été embrigadés à la hâte dans une milice populaire, le Kokumin Giyū Sentōtai ("corps combattant des citoyens patriotiques") calquée sur le modèle de la désormais défunte "Volkssturm" allemande.
Comme pour celle-ci, ce sont les armes qui manquent le plus - bon nombre de ces miliciens en sont en effet réduits à porter... des lances de bambou (!) - mais qu’importe : la Patrie mérite qu'on la défende à tout prix et, de toute manière, les kamikazes sont là pour montrer le bon exemple : sur le papier, l'aviation japonaise dispose encore de plus de 10 000 appareils - soit trois fois plus qu'au commencement de la guerre (!) - et si l'essence est sévèrement rationnée, et l'entraînement au pilotage réduit au strict minimum, les volontaires n’ont jusqu’ici jamais manqué pour se précipiter à plus de 600 km/h sur les navires américains !
Et les combats qui continuent de faire rage jour et nuit à Okinawa, c-à-d dans l'antichambre du Japon, n'ont rien pour rassurer personne dans le camp allié...
(1) Hastings, op cit
lundi 18 août 2025
8991 - le refus de remettre le couvert
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Soldats australiens, à Bornéo, 17 juin 1945. Pourrait-on se tirer d'ici ? |
Mais pour fournir à MacArthur et aux autres chefs de guerre alliés les effectifs dont ils auront besoin pour leurs différentes opérations et, au bout du compte, pour la conquête de tout le Japon, il va bien falloir se résoudre à expédier depuis l’Europe des troupes qui, après avoir combattu et survécu aux Allemands, n'ont évidemment aucune envie de "remettre le couvert" à l'autre bout du monde et a fortiori contre des Japonais si peu "civilisés" qu'ils s'obstinent, contrairement aux Allemands, à lutter jusqu'au dernier homme, puis à se suicider avec leur dernière cartouche ou leur ultime grenade !
"Bon nombre de soldats et de civils britanniques, qui avaient commencé à tenir un journal de guerre en septembre 1939, rédigèrent leurs dernières entrées en mai 1945, percevant le conflit comme terminé une fois les Allemands battus.
Presque tous les vétérans européens estimaient qu'ils avaient fait leur part et s'attendaient à rentrer chez eux. Quelque 5,2 millions d'Américains servaient à l'étranger, dont seulement 1,2 million dans le Pacifique. Les formations britanniques et américaines sous le commandement d'Eisenhower furent consternées lorsqu'on leur dit qu'elles seraient tenues d'envahir la Malaisie ou le Japon.
De nombreux hommes avaient accumulé suffisamment de points pour se qualifier pour la démobilisation, ce qui affaiblissait considérablement le potentiel militaire des unités.
Une formation intensive des remplaçants était donc nécessaire avant que l'une ou l’autre des unités d'Eisenhower ne soit apte au rôle qui lui était dévolu dans le cadre de l’Opération Coronet, l'assaut post-Olympic contre le Honshu" (1)
(1) Hastings, op cit
dimanche 17 août 2025
8990 - une victoire assurée...
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Matilda et soldats australiens, à Bornéo : quand. cette guerre va-t-elle finir ? |
Qu’ils soient américains, britanniques, australiens, néo-zélandais, pakistanais, ou indiens, les dits soldats savent néanmoins que la victoire est désormais leur, et seulement l’affaire de quelques mois : le 30 avril, en Europe, Adolf Hitler s’est en effet suicidé dans son bunker de Berlin, et l’Allemagne toute entière a elle-même accepté de déposer les armes à peine une semaine plus tard.
Avec la Chute de son allié allemand, le Japon, isolé sur son île, matraqué depuis des mois par les bombardiers B-29, privé de tout ravitaillement et surtout de tout pétrole, n’en a manifestement plus pour longtemps, ce qui, paradoxalement, pose à présent un problème au commandement allié, dont les soldats, à mesure qu’ils s’approchent du but, vivent de plus en plus dans la hantise, et le refus, de devenir "les derniers morts de la guerre".
Et ce phénomène est particulièrement perceptible chez ceux qui, comme les Australiens, et parce qu’ils combattent sur un Front dit "secondaire", en des endroits dont personne n’avait jamais entendu parler jusque là, et qui n’intéressent de toute manière personne, savent qu'ils n’auront jamais, vivants ou morts, ni les honneurs des médias, ni les félicitations et la reconnaissance de leurs propres compatriotes !
Et de toute manière, à quoi bon continuer à risquer sa seule et unique vie pour soi-disant "libérer" des bleds pourris et imprononçables, dont la population locale ne vous adresse, au mieux, qu’un vague sourire poli,... tout en se préparant déjà à vous montrer la porte ?
A quoi bon le faire pour pourchasser jour après jour, mois après mois, et dans des jungles plus putrides les unes que les autres, des Japonais insaisissables, coupés de leur métropole depuis une éternité, et carrément réduits au cannibalisme pour ne pas mourir de faim ?
Et surtout, à quoi bon continuer cette guerre, et continuer à mourir pour cette guerre ?