La carcasse du porte-avions Ibuki, jamais terminé, en octobre 1945 |
"Le tribut prélevé sur la production de guerre fut extrêmement lourd, puisque l’activité des raffineries de pétrole baissa de 83% [le Japon n’ayant il est vrai plus grand-chose à raffiner vu le blocus naval imposé par les sous-marins américains], celle des industries aéronautiques de 75%, celle de l’électronique de 70%, celle des fabrications d’armements terrestres de 30%, celle des chantiers navals de 15%, et celle du secteur chimique de 10%" (1)
Et encore convient-il d’ajouter que, comme en Allemagne, les bombardements ont également eu un effet dramatique sur la variété et la qualité des armes encore produites, les chantiers navals ne produisant en effet pour ainsi dire plus que de petits sous-marins et vedettes à moteur, et les usines aéronautiques que de petits avions extraordinairement rudimentaires,… les uns et les autres étant de toute manière destinés à de très courtes missions suicide, vu la dramatique pénurie de carburant.
Mais bien sûr, s’agissant du Japon, la seule chose qui frappe, et qui encore aujourd’hui retient toute l’attention des observateurs, c’est l’effet des bombardements non pas sur la production industrielle, mais bien sur la population civile : quelque 600 000 Japonais ont en effet été tués lors des différents raids, conventionnels ou nucléaires, menés par les B-29 de LeMay, et un nombre au moins deux fois supérieur blessés à des degrés divers, soit, dans les deux cas, des pertes largement supérieures à celles subies par la population civile allemande du fait des bombardements anglo-américains sur les villes du Reich, ce qui s’explique d’abord et avant tout par la bien plus grande vulnérabilité du bâti japonais, presque exclusivement en bois, donc très inflammable, et par l’absence quasi-totale, au Japon, d’abris antiaériens le moindrement dignes de ce nom, les autorités nippones se souciant encore moins de la vie de leurs civils que de celle de leurs soldats…
(1) Fana de l’Aviation, no 544, page 26