samedi 25 novembre 2023

7749 - des débuts anecdotiques

Chargement de bombes sous un bimoteur Gotha : une efficacité purement anecdotique...
... au début de la 1ère G.M., les Zeppelin, avec leur forme de cigare et leurs moteurs propulsifs, avaient représenté la première matérialisation pratique - encore que très imparfaite - d'un rêve que chérissaient les militaires du monde entier depuis l'apparition des ballons captifs : disposer d'une machine volante capable non seulement d'observer les positions et mouvements de l'armée ennemie - ce que faisaient déjà ces derniers - mais également en mesure de se mouvoir librement dans les airs, dans toutes les directions possibles, et donc de survoler en toute impunité - du moins le pensait-on - le territoire et les villes de l'adversaire, afin d'y lancer des bombes.

De simple engin d'observation, le ballon était ainsi devenu arme offensive : dès le début de 1915, les grands dirigeables allemands avaient donc entrepris de bombarder l'Angleterre, et en particulier Londres, avec une précision toute relative, y tuant près de 500 civils,... et - déjà - dix fois moins de militaires.

Un instant désemparée face à cette nouvelle menace venue du ciel, l'industrie britannique avait néanmoins promptement réagi et commencé à livrer des avions de chasse qui avaient d'abord contraint les Zeppelin à ne plus opérer que de nuit, avant de les chasser définitivement du ciel anglais.

Pour les remplacer, les Allemands avaient alors opté pour de gros biplans de bombardement, comme les bimoteurs Gotha, mais les performances de ces derniers ne dépassaient guère celles des Zeppelin, et leurs résultats en terme de morts et de destruction n'avaient en réalité relevé que de l'action psychologique, pour ne pas dire de l'anecdote.

"En 1917-1918, les bimoteurs Gotha et quadrimoteurs Riesen (1) poursuivirent les raids [sur Londres] et firent 836 morts et 1 994 blessés". Partis de jour, la moitié des appareils n'avaient pas trouvé Londres, et le cinquième de ceux qui y parvinrent furent abattus. Les représailles britanniques en 1918 [opérées avec des Handley-Page 0/400] firent 746 morts et 1 843 blessés du côté allemand. Tout cela restait dans la moyenne du nombre des victimes annuelles de la circulation" (2)

(1) abréviation de Riesenflugzeug ou "avion géant", les Riesen étaient également fabriqués par Zeppelin
(2) Jorg Friedrich, "Der Brand, Deutschland in Bombenkrieg, 1940-1945", trad. française "L'Incendie", Éditions de Fallois, 2004)

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Bonjour!
Vous citez les bombardements de Londres, mais Paris a été aussi bombardé par des avios Gotha, par des Zeppelins et aussi par les canons de gros calibre (appelés improprement grosse Bertha) qui tiraient depuis l'Est de Paris...

Anonyme a dit...

Bonjour,

Les appareils ce cette époque n’étaient quand-même pas dépourvus de performances. Le Vickers Vimy, conçu comme bombardier lourd (pour l’époque) avait été doté d’un rayon d’action lui donnant la possibilité d’aller bombarder Berlin. Mais au jour de l’armistice il n’y en avait que 3 exemplaires opérationnels … Seulement 221 exemplaires furent construits.

C’est à bord d’un Vimy que le capitaine John Alcock et le lieutenant Arthur Brown (deux britanniques) ont réalisé le premier vol transatlantique sans escale entre le 14 et le 15 juin 1919. Décollant de Terre-Neuve, ils ont atteint Clifden, (Irlande), parcourant les 3.050 km en un peu plus de 16 heures.

Plus ou moins un mois avant leur traversée, l’US Navy avait lancé un hydravion Curtiss NC-4, pour réaliser plus ou moins le même raid. Le trajet avait pris plus de deux semaines entre Trepassy Bay et Plymouth, vu les escales aux Açores et à Lisbonne. 15 jours contre 16 heures, l’écart entre ces deux vols est abyssal.

Il est navrant de constater l’immense publicité faite sur Lindbergh – mondialement connu - face à l’oubli historique tiré sur Alcock et Brown, une fois passé l’engouement des premiers temps. Quasiment personne ne se souvient de – ou pire encore, ne connait leur aventure.

On dira que le Vimy était un bimoteur, qu’ils étaient deux à bord et qu’ils n’arrivèrent pas en Europe continentale. C’est exact, mais ils furent les premiers, 8 ans avant Lindbergh, et occulter leur exploit m’a toujours paru injuste. Puissent ces quelques lignes les sortir un peu de l’oubli.

Une statue des deux hommes, commémorant leur vol, est visible à l’aéroport d’Heathrow.