6665 - "Dans dix ans, vous ne reconnaîtrez plus Berlin"

Cadavres alignés dans un gymnase pour identification. Berlin, décembre 1943,

… parlant d’embauche, celle d’Albert Speer a certes permis à la production d’armements de décoller, mais malgré tous les efforts de ce dernier, et surtout ceux de millions de travailleurs-esclaves, celle-ci n’est pas - et ne sera jamais - en mesure de rivaliser avec celle des Alliés.

Et quand bien-même s’avéreraient-ils de bien meilleure qualité, les "super-chars", les "super-canons" et autres "super-avions" appelés à sortir des usines allemandes dans les mois à venir butteront de toute manière sur un double obstacle infranchissable : le manque de carburant d’une part, le manque de personnel de l’autre.

Car à quoi bon produire, à un coût exorbitant et au prix de mille difficultés, des chars de 60 tonnes et des avions à réaction quasi-supersoniques si on n’a plus l’essence pour les mouvoir ou les faire voler, et plus assez de soldats et de pilotes pour les mener au combat : rien que sur le Front de l’Est, les unités allemandes doivent partout lutter à un contre trois; dans les ultimes semaines de la guerre, ce sera carrément à un contre dix

Pire : si les soldats allemands de décembre 1943 ont encore l’avantage, tout comme leurs devanciers de 1914-1918, de se battre en dehors des frontières de leur patrie, la dite patrie n’en est pas moins, cette fois-ci, bombardée quasi quotidiennement par des essaims sans cesse plus étoffés d’avions alliés, occupés à transformer toutes les villes allemandes en autant de montagnes de ruines fumantes !

"Dans dix ans, vous ne reconnaîtrez plus Berlin !", avait fièrement déclaré Hitler lors de son accession au Pouvoir, en 1933. Et de fait, dix ans plus tard, les Berlinois, mais aussi l’ensemble des citoyens allemands, ne reconnaissent aujourd’hui plus leur ville, ce qui, malgré l’efficacité de la Propagande de Goebbels, et de la Gestapo d’Himmler, n’a rien de franchement rassurant pour les mois à venir…