6411 - "l’idée qu’un Anglais se fait de la coopération est toujours de convaincre son interlocuteur de faire uniquement ce que lui a envie qu’il fasse"

Churchill - ici avec Montgomery, "Nous avons été très mal traités et nous sommes furieux !" 

… 1er aout 1944

Côté allié, tout le monde est en tout cas fin prêt pour cette opération qui, pour embrouiller l’ennemi, mais aussi pour satisfaire l’ego de Churchill, a été rebaptisée "Dragoon" le 1er aout.

Car c’est peu dire que le Vieux Lion est furieux d’avoir ainsi été "dragooned", "contraint par la force" de ce partenaire américain devenu bien plus fort que lui !

"Il n’y a plus rien à faire avec ça", souligne-t-il amèrement, "Nous avons été très mal traités et nous sommes furieux !". 

Pariant que "dans trois mois", les forces alliées "engagées dans cette folie"seront "encore occupées à se répandre dans Marseille", Churchill ajoute à l’intention d’Alan Brooke, chef de l’État-major impérial, que Marshall, Eisenhower et l’ensemble des généraux américains forment "une des plus stupides équipes stratégiques qui aient jamais existé !"

Plus diplomate, son ministre de la Production de Guerre, Oliver Lyttelton, se contente pour sa part d’observer que "bon nombre de nos difficultés avec les Américains sont nées de leur tendance à traiter tous les accords stratégiques [ici, ceux de la Conférence de Téhéran] comme des contrats notariés, et donc à les considérer comme autant de promesses irrévocables quelles que soient les circonstances du moment"

Ces arguments, on s’en doute, sont balayés du revers de la main par les Américains : "Winston est toujours en train de se disperser" relève simplement Roosevelt, tandis que Marshall ne peut s’empêcher de noter que "l’idée qu’un Anglais se fait de la coopération est toujours de convaincre son interlocuteur de faire uniquement ce que lui a envie qu’il fasse"

Ambiance…