lundi 27 avril 2020

6361 - en l'absence des Italiens

Mussolini, galvanisant une foule italienne... absente de la future Bataille d'Italie
… contrairement à la Bataille d’Allemagne, la Bataille d’Italie offre également l’étrange particularité d’être une bataille menée quasiment du début jusqu’à la fin… en l'absence des Italiens !

Après la signature de l’Armistice de Cassibile, le 3 septembre 1943, les Italiens furent en effet tenus au simple rôle de spectateurs obligés d’un conflit qui, bien que tenu - et de manière particulièrement brutale et sanglante ! - sur leur propre sol, ne les concernait pas directement puisqu’il n’y participèrent, sauf à la toute fin, que de manière purement anecdotique.

Ce curieux paradoxe s’explique d’abord par les réticences, exprimées autant chez les Allemands que chez les Alliés, à réarmer à leurs frais, puis à utiliser, des soldats italiens unanimement jugés peu fiables et qui, sous Mussolini, avaient du reste rarement fait la preuve de leurs compétences militaires ou de leur acharnement à combattre.

Ensuite, et surtout, il y a les réticences des Italiens eux-mêmes à s’engager, même sous la contrainte de la conscription, aux côtés d’armées étrangères et au profit de leurs deux États en principe nationaux - la République Sociale Italienne d’un côté, le Royaume d’Italie de l’autre - en définitive aussi impopulaires et illégitimes l’un que l’autre !

Au bout du compte, ceux qui, parmi les Italiens, acceptèrent finalement de (re)prendre les armes le firent surtout… contre d’autres Italiens, en s’engageant tantôt au sein des formations paramilitaires fascistes ou, a contrario, au sein de la Résistance à celles-ci, avec la même haine et la même et impitoyable cruauté…

2 commentaires:

omen999 a dit...

On peut quand même reconnaître à l'armée italienne son rôle déterminant dans la libération de la Corse. Sans elle, pas certain que les goumiers et autres tirailleurs marocains auraient réussi l'opération, ce qui n'aurait pas nécessairement déplu à un certain Charles de Gaulle...

Anonyme a dit...

C'est probablement en partie vrai mais ...avaient ils le choix?

Mussolini avait revendiqué la Corse dans ses discours (en même temps que Nice et la Savoie) il finançait une revue autonomiste (La Muvra - La Mouflonne) et avait quelques partisans très minoritaires, en Corse (dont-ironie-, un certain Colombani, le père d'un ancien directeur du Journal Le Monde, qui dut raser les murs après guerre et s'absenta longtemps de l'île de beauté en faisant le chef d'escale d'Air France en Afrique et en se gagnant les bonnes grâce de ce journal souvent "fauché" à coups de billets d'avion gratuits ).

Il faut dire que Mussolini avait eu un mot très malheureux en parlant de la Corse: Sachant pertinemment que la population locale n'était pas vraiment irrédentiste et italophile,il avait lâché : "La Cabbia senza gli Ucelli" (La cage sans les oiseaux) à propos de l' île de Napoléon...çà n'avait pas échappé à la population locale.

La population durant les années d'occupation leur était largement hostile (non pas tant à cause des atrocités , qui ont existé, et étaient le fait de l'OVRA la,Gestapo italienne) mais à cause d'un bête problème de ventre creux : Il y avait en Corse quasiment un soldat pour deux habitants (d'après les mémoires du berger chanteur Antoine Ciosi) et des émeutes du pain avaient éclaté à Bastia dès 1942 et les femmes défilaient dans les rues en insultant les occupants.seule la farine de Chataîgne n'était pas contingentée...et Les coupsde flingue au coin d'un chemin creux partent aussi assez facilement en Corse.

De plus la,Libération dela Corse est intervenue début septembre 43 alors que Mussolini venait d'être embastillé par le Roi Victor Emmanuel et que Badoglio ne contrôlait rien.

L' un des chefs de la résistance , Arthur Giovoni , communiste et futur maire d'Ajaccio (Il fallait bien la Guerre pour que cette ville bonapartiste ait brièvement un maire "rouge", par ailleur excellent homme et ancien prof de lycée) s'embarqua sur le sous marin Casabianca pour aller discuter le coup avec Giraud et Juin à Alger. Il indiqua à L'Herminier (le "pacha" du Casabianca) que 10% des italiens restaient des fascistes à tout crin, que 30% voulaient faire la guerre côté allié et que le reste "était imperméable à toute autreidée que celle de rentrer à la maison".

La suite est connue : le général Magli ne bougea ni pied ni patte et le général De Angelis participa à la tête de ses troupes aux combats pour prendre le défilé de Lancône (une des voies d'accès vers Bastia où les allemands réembarquaient après avoir fui la sardaigne , paille au cul et feu dedans). Les Goumiers , eux combattirent très durement au col Teghime (le second accès à Bastia en venant de St Florent), se firent indiquer les "bons sentiers de Maquis " par les résistants locaux et laissèrent 90 des leurs sur le carreau.
Beaucoup de maisons du vieux Bastia furent copieusement amochés par des tirs d' artillerie.

Le Général Français Louchet félicité publiquement De Angelis pour son aide précieuse...et plus tard les Américains transformèrent la Corse en "porte avions USS Corsica" ...ce qui a fait indirectement lafortune des centes de plongée corses..il y a un véritable musée de l'air militaire accessible entre 6 et 60 mètres de fond sur toute la côte Est de l'île et pas mal d'autres épaves d'avions notamment à Calvi et Ajaccio.

De Gaulle détestait Giraud , par contre, il a été très Fair Play en décorant L'Herminier (qui venait d'être amputé des deux jambes après avoir retardé plus que de raison une opération plus mineure car il voulait àtout prix finir len job en Corse)