dimanche 27 janvier 2019

5815 - la balkanisation

Les Balkans, selon le Traité de Berlin : une poudrière qui ne demandait qu'à exploser
... Berlin, 13 juillet 1878

Réunis au Congrès de Berlin, en juillet de la même année, Allemands, Austro-Hongrois, Français et Britanniques font maintenant pression sur les Russes pour qu'ils enterrent leur Traité de San Stefano et le remplacent par une version largement édulcorée et moins favorable pour eux, où les Balkans se retrouveront divisés en de nombreux petits États non seulement faibles mais surtout antagonistes et liés, ou plus exactement assujettis, à l'une ou l'autre puissance européenne.

Rapidement connue sous le nom de "balkanisation", cette stratégie va certes permettre de contenir - pour un temps - l'influence russe dans la région et sauver - provisoirement - ce qui peut encore l'être de l'Empire ottoman, mais elle va aussi, et surtout, contribuer à attiser les frustrations et les rancœurs nationalistes des habitants de la région qui s'estiment - non sans raison - sacrifiés au profit des grandes puissances et des intérêts étrangers et qui ont vu telle ou telle partie de ce qu'ils considérent - à tort ou à raison - comme "leur territoire" attribuée à un autre État tout aussi faible, revanchard et nationaliste qu'eux.

Sans le vouloir, mais en manœuvrant uniquement en faveur des intérêts immédiats de la Grande-Bretagne, le principal artisan du nouveau Traité de Berlin, le Premier Ministre britannique Benjamin Disraeli (1), vient sinon de planter, du moins de fertiliser les graines d’une future et immense conflagration qui, initiée dans les Balkans, et plus précisément à Sarajevo, finira en quelques semaines par emporter l’Europe entière...

(1) Benjamin Disraeli ne survécu pas longtemps à la signature du Traité : battu aux élections générales de 1880, il décéda d’une bronchite moins d’un an plus tard

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour! excellent exposé de la faiblesse de l'Homme malade del'Europe (encore que la Turquie d'europe considérée comme la Turquie utile rétrécissait comme peau de chagrin).

Pour être complet , il faut ajouter que la Turquie était endettée jusque aux oreilles auprèsde banques anglaises.

Quand on visite Istambul on voit deux palais: l'ancien , très inconfortable très flamboyant et très typiquement ottoman de Topkapi ...et le palais "moderne" de Dolmabache construit principalement par les anglais , meublé par les anglais à l'époque Victorienne.

(style kitschissime indescriptible et plutôt moche de bric à brac des grands magasins et des décorateurs anglais , mais vaguement orientalisé et très bling-bling) ,une bagatelle de 285 pièces qui coûta une fortune (l'équivalent de 35 tonnes d'or) ...

Couplé à d'autres dépenses inconsidérées (armement mal utilisé et chemins de fer réalisés en dépit du bon sens) le régime califal était réduit, comme pour l'Egypte à être une marionnette des banques anglaises, vendant des concessions douanières et des monopoles commerciaux pour garder des lignes de crédit.