... En ce début de janvier 1905, alors que Port Arthur est tombé aux mains des Japonais, l'escadre russe qui devait se porter à son secours est toujours bloquée à Nossi-Bé (Madagascar), où l'administration coloniale française n'a pas encore eu le temps d'installer le télégraphe et donc de lui intimer l'ordre de décamper conformément au règlements internationaux en vigueur, lesquelles interdisent aux navires des nations belligérantes de séjourner plus de 24 heures dans des ports neutres.
Pour Rojesvensky, il importe avant tout d'occuper les équipages, et de tenter de réparer, tant bien que mal, des navires déjà passablement malmenés. Le tout en dehors de toute infrastructure portuaire puisque, officiellement du moins, les autorités françaises ignorent la présence russe dans leurs eaux
De son côté, contre toute attente, et pourrait-on dire contre la Raison, le Tsar Nicolas II n'a pas renoncé (!)
Port Arthur est tombé, soit, mais la guerre n'est pas finie (!). Sitôt remise en état, l'escadre devra donc prendre la direction de Vladivostok, et "engager tout ennemi japonais qui viendrait à croiser sa route"
Mieux encore : le Tsar va même lui expédier des renforts depuis la Baltique,... soit un tas de vieux bâtiments démodés, à peine capables de sortir du port sans couler bas, et dont Rojesvensky n'avait pas voulu trois mois plus tôt (!)
Et pour couronner le tout, arguant des risques encourus, ce sont maintenant les charbonniers allemands qui menacent de ne plus accompagner la flotte russe sur l'Océan Indien. Des pourparlers interminables s'engagent entre l'Allemagne du Kaiser et la Russie du Tsar
On peine à se représenter le désespoir de ces marins russes qui errent depuis des mois sur les mers, dans des conditions épouvantables, sans la moindre nouvelle de leurs familles. Ces marins russes qu'on accueille comme des parias dans tous les ports, à qui on interdit de mettre pied à terre aux rares escales. Ces marins russes qui viennent d'apprendre que leur mission n'a plus aucun sens,... mais qu'on condamne maintenant à attendre pendant des semaines, dans un coin perdu de l'Océan Indien, des renforts dont personne ne veut et qui les encombreront plus qu'autre chose
Finalement, le 16 mars 1905, après plus de deux mois d'immobilisme qui ont annihilé le peu de moral qui restait aux équipages, Rojesvensky, qui espère semer les vains renforts qu'on lui envoie, peut enfin reprendre la mer. Le 14 avril, il se retrouve à Cam-Ranh (Vietnam)...pour s'entendre immédiatement signifier qu'il doit quitter le port dans les 24 heures...
2 commentaires:
Autre ennemi très sournois qu'ont dû affronter les russes (en plus de maladies tropicales, dévastatrices chez des peuples du nord): La faune et la flore sous marine : les bernicles ,les cravants, les algues et autres bestioles qui se collent aux oeuvres vives des navires (et même dans les prises d'eau de refroidissement des condenseurs et tuyautages divers débouchant sous la flottaison).
A cette époque les peintures anti-salissures (antifouling, Bronze Bottom..etc n'étaient pas aussi efficaces que le très toxique TBT moderne, il fallait caréner souvent, surtout dans les mers chaudes , mais les alliances et menées diplomatiques anglaises vis à vis de la France et l'absence de bassins de Radoub en extrême orient (sauf dans l'empire britannique) ont fait que les carènes des navires russes étaient un paradis de la microfaune fixée tropicale...les anglais s'en sont très bien aperçus et cela a été rapporté dans le Times quand Rojvensky a fait défiler son escadre (dont on était sans nouvelles) par le détroit de Malacca...en se traînant à moins de 10 noeuds. dans la bataille de Tsoushima les japonais (qui avaient tout fraîchement caréné à sasebo) avaient un bonus de vitesse de 30%.
Durant la 2° GM le croiseur "corsaire" allemand EMDEN (Commerce Raider) aura le même genre de problèmes, même si Von Muller, le commandant essaiera de se débrouiller à l'ancienne comme aux temps de la marine à voile pour gratter les dessous de son croiseur sur des plages en profitant de la marée basse....Problème avec leurs fonds plats , leurs poids mammouthesque et leur absence de mâts pour gréer des palans reliés à des rochers ou à des cocotiers, il était impossible de coucher le bateau (d'un bord puis de l'autre (l'abattage en carène) comme l'avaient fait Cook , lapérouse ou Bougainville avec leurs frégates à voile du XVIII° siècle.
Autre ennemi très sournois qu'ont dû affronter les russes (en plus de maladies tropicales, dévastatrices chez des peuples du nord): La faune et la flore sous marine : les bernicles ,les cravants, les algues et autres bestioles qui se collent aux oeuvres vives des navires (et même dans les prises d'eau de refroidissement des condenseurs et tuyautages divers débouchant sous la flottaison).
A cette époque les peintures anti-salissures (antifouling, Bronze Bottom..etc n'étaient pas aussi efficaces que le très toxique TBT moderne, il fallait caréner souvent, surtout dans les mers chaudes , mais les alliances et menées diplomatiques anglaises vis à vis de la France et l'absence de bassins de Radoub en extrême orient (sauf dans l'empire britannique) ont fait que les carènes des navires russes étaient un paradis de la microfaune fixée tropicale...les anglais s'en sont très bien aperçus et cela a été rapporté dans le Times quand Rojvensky a fait défiler son escadre (dont on était sans nouvelles) par le détroit de Malacca...en se traînant à moins de 10 noeuds. dans la bataille de Tsoushima les japonais (qui avaient tout fraîchement caréné à sasebo) avaient un bonus de vitesse de 30%.
Durant la 1° GM le croiseur "corsaire" allemand EMDEN (Commerce Raider) aura le même genre de problèmes, même si Von Muller, le commandant essaiera de se débrouiller à l'ancienne comme aux temps de la marine à voile pour gratter les dessous de son croiseur sur des plages en profitant de la marée basse....Problème avec leurs fonds plats , leurs poids mammouthesque et leur absence de mâts pour gréer des palans reliés à des rochers ou à des cocotiers, il était impossible de coucher le bateau (d'un bord puis de l'autre (l'abattage en carène) comme l'avaient fait Cook , lapérouse ou Bougainville avec leurs frégates à voile du XVIII° siècle.
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