9059 - une discipline ô combien sportive

Juillet 1945 : pour la première fois, le King George V se ravitaille en côte à côte avec un tanker

… mais après quasiment un mois de vacances, le retour au travail de la TF-37 s’avère pour le moins… laborieux.

A peine les îles de l’Amirauté ont-elles disparu sous l’horizon que voilà l’arbre d’hélice bâbord de l’Implacable qui décide de partir en grève, ou plus exactement qui se retrouve victime d’une défaillance de sa turbine, une défaillance grave qui, normalement réclamerait le retour du porte-avions dans un chantier naval !

Mais après avoir été déjà contraint d’abandonner l’Indefatigable à Sydney, pas question de se présenter devant la 3ème Flotte américaine, et devant Halsey (!), avec seulement deux porte-avions sur quatre !

Travaillant 24/7, sur un navire en marche, et dans des conditions de chaleur épouvantables, les mécaniciens vont réussir à rendre vie à la turbine le 15 juillet soit… un jour avant le rendez-vous prévu avec les Américains !

Pour autant, les Britanniques n’en ont pas fini avec les ennuis puisqu’il leur faut également affronter la difficile épreuve du ravitaillement en mer, une discipline ô combien sportive et dans laquelle - et c’est bien le moins qu’on puisse en dire ! - ils n’ont jamais brillé,... et dans laquelle ils s’avèrent une fois de plus lamentables !

"Dans l’intervalle [des réparations sur l’Implacable], la TF-37 avait rejoint le groupe de ravitaillement le 13 juillet. Bien que l'Indefatigable et trois destroyers [initialement prévus] soient manquants, la flotte n’en mit pas moins trois jours à se ravitailler, en raison des insuffisances des pétroliers et de la rupture de tuyaux et de divers équipements. 

Après de multiples ruptures de câbles-guides et de tuyaux, le King George V se rendit finalement bord à bord avec un pétrolier pour se ravitailler : c’était la première fois qu'un cuirassé britannique ravitaillait en côte à côte. Par la suite, le ravitaillement en côte à côte devint une pratique courante. 

Heureusement, les opérations de la 3ème Flotte furent elles-mêmes reportées de vingt-quatre heures en raison du mauvais temps, en sorte que les retards de ravitaillement ne coûtèrent finalement pas une journée de frappes à la TF-37. Mais c'était toutefois de mauvais augure pour l'avenir" (1)

(1) Winton, op cit page 394