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Le Saumarez, en 1945 |
Aujourd’hui, bien sûr, une telle attitude, a fortiori émanant d’un amiral commandant-en-chef, serait jugée totalement inacceptable, et son auteur assurément traduit en cour martiale pour crime de guerre.
Mais à l’époque, et dans le contexte particulier de ce conflit mondial qui durait depuis des années, personne chez les Britanniques comme chez les Américains ne s’offusquait de la volonté du commandant de ne sauver que quelques "spécimens", tant cela ne relevait en fait que d’une routine allègrement mise en pratique par tous les belligérants depuis fort longtemps.
Dans un tel conflit, la "Civilisation" n'est plus qu'un vernis, et les "Lois de la Guerre" ne relèvent plus que du vulgaire slogan, autant chez les marins que chez les soldats ou les aviateurs : six mois plus tard, lors du naufrage du Yamato, on avait ainsi vu les pilotes américains victorieux mitrailler joyeusement et en toute bonne conscience les naufragés japonais qui avaient réussi à s’extirper de leur super-cuirassé en train de sombrer.
Wait until the war is over
And we're both a little older
The unknown soldier
Du reste, comment en vouloir aux intéressés, comment en vouloir à l’amiral Halsey, comment en vouloir au bien plus modeste commandant du destroyer Saumarez quand, partout dans le Pacifique et en Asie, et depuis des mois, les soldats japonais meurent jusqu’au dernier en refusant de se rendre et, même blessés, même agitant un drapeau blanc, n’hésitent pas à se faire sauter à la grenade en compagnie du soldat allié suffisamment naïf pour s’apitoyer sur son sort ?
Refermons tristement la parenthèse…
1 commentaire:
Petite note nostalgique sur les destroyers Volage et Saumarez : dans l'immédiat après guerre et la guerre froide ces deux navires allèrent taquiner de trop près le côté albanais du steno kerkyra (le détroit séparant Corfou, ile grecque,du très stalinien "pays des Aigles")
Le Saumarez heurta une mine et fut très gravement endommagé à l'avant avec de grosses pertes en vies humaines, sur quoi son compagnon le HMS Volage le prit en remorque (par la poupe pour limiter les contraintes) pour le tirer de ce mauvais pas....et sauta à son tour sur une autre mine qui lui arracha tout l'avant jusqu'à la première tourelle...mais les machines étant encore fonctionnelles , le Volage put remorquer en marche arrière le Saumarez, toujours par la poupe...les deux navires se traînèrent jusqu'à Malte, puis Gibraltar , puis vers les îles britanniques comme un couple d'éclopés ...Le Saumarez, jugé irréparable fut ferraillé dans la foulée tandis qu'on reconstruisait la proue du Volage...qui finit sa carrière comme navire d'entraînement avant d'aller à son tour chez les démolisseurs au début des années 60...Sic transit gloria mundi.
Personnellement j'ai convoyé, en 1979 un modeste voilier de 31 pieds (le proprio était un authentique résistant , plus alpiniste que marin , rescapé des maquis du Vercors, pourvu de deux charmantes maîtresses qui se succédèrent comme équipières au cours de la croisière...) à travers le détroit de Corfou, depuis Ithaque, Céphalonie vers Corfou, l'Italie , la Corse et finalement Antibes...
Lors de notre passage par le détroit de Corfou un Gentil Membre du Club Med local, obsédé de chasse sous-marine avait eu la mauvaise idée de harponner un mérou coriace qui l'avait entraîné du mauvais côté du détroit...Toujours aussi vigilants, vindicatifs et tout aussi staliniens , les garde côtes albanais vengèrent le mérou en abattant le chasseur sous-marin sans lui laisser le temps de dire ouf!
Il paraît que les grand pères mérous en rigolent encore et content l'histoire à leurs arrière-petits enfants...
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