8260 - "il en va de la réputation de notre race et de notre pays tout entier !"

Mère de Singapour pleurant son enfant tué dans un bombardement japonais, 1942

… Londres, 10 février 1942

Le 10 février 1942, à Londres, Churchill résume son "point de vue politique" à Archibald Wavell, commandant-en-chef du bientôt défunt American-British-Dutch-Australian Command (ABDACOM)

"Je pense", lui écrit-il, "que vous devriez réaliser la manière dont nous voyons la situation à Singapour. (...) [le général] Percival [qui commande les défenses de l’île] a plus de 100 000 hommes (...) et il est douteux que les Japonais en aient autant dans toute la Péninsule malaise.

(...) A ce stade, il n'est plus question de sauver les troupes ou d'épargner la population. La bataille doit être menée jusqu'à son terme, et à n'importe quel prix. La 18ème division a la chance d'entrer dans l'Histoire. Les commandants et les officiers supérieurs doivent mourir avec leurs troupes

L'Honneur de l'Empire et de l'Armée britanniques est en jeu. Je compte sur vous pour ne montrer ni pitié ni faiblesse d'aucune sorte.

Avec les Russes qui se battent comme ils le font, et les Américains qui résistent obstinément à Luçon [aux Philippines], il en va de la réputation de notre race (sic) et de notre pays tout entier !"

Vu de Londres, et "d’un point de vue politique", Churchill a peut-être raison, mais d'un point de vue simplement militaire, le Premier Ministre ne fait en réalité que répéter - comme s'il n'avait rien appris du tout - l'erreur qu'il a déjà commise le 20 octobre de l'année précédente, en envoyant, contre l'avis de Dudley Pound et de l'État-major de la Royal Navy, le Prince of Wales et le Repulse à Singapour…