samedi 11 janvier 2025

8162 - le diktat

Le Channel Dash, ou de Brest jusqu'à l'embouchure de l'Elbe...
… Wolfsschanze (Prusse Orientale), 12 janvier 1942

Blême, et réduit au silence par ce diktat, Raeder ne renonce pourtant pas encore : dans les jours suivants, ses services vont ainsi rédiger différents rapports et analyses, soulignant, et parfois à juste titre, que ce retrait des côtes de France et de l’Atlantique sera inévitablement perçu par tout le monde, et même par la population allemande, comme l’aveu d’une défaite; qu’il permettra à la Royal Navy, jusque-là écartelée sur trois Fronts, de ne plus utiliser ses grands navires qu’en Méditerranée (contre le Reich) et en Extrême-Orient (contre l’allié japonais); que la Luftwaffe elle-même reconnaît qu’elle ne peut, avec les moyens dont elle dispose en France, garantir la protection aérienne des navires; ou encore qu’il serait finalement préférable de démonter les canons et de les envoyer en Norvège avec les équipages plutôt que de courir le risque de perdre irrémédiablement les uns et les autres lors de la traversée de La Manche.

Mais aussi valides puissent-ils être, tous ces arguments ont surtout le don d’irriter encore un peu plus un Hitler qui, le 12 janvier 1942, décide alors de convoquer les responsables des trois armes à la Wolfsschanze de Rastenburg (1), son quartier général de Prusse orientale, pour leur imposer une fois pour toutes sa décision.

Même si tous ses responsables militaires lui assurent que la chose est impossible, le Führer est en effet  convaincu qu’au coeur de l’hiver, avec de longues heures de nuit, et une visibilité souvent catastrophique de jour, les trois navires ont en fait de bonnes chance de réussir à passer à travers les mailles du filet britannique.

"Contre l'avis des responsables de la Marine, et bien que l'Armée de l'Air ne puisse garantir une protection complète avec les 250 chasseurs disponibles sur les côtes de La Manche, il décida de rapatrier les navires brestois par La Manche. Il y mit [cependant] trois conditions préalables : 1. Les mouvements des trois navires devaient être réduits au minimum avant le début de l'opération; 2. Les navires devaient quitter Brest de nuit, afin de pouvoir se défendre le plus efficacement possible à la lumière du jour lors de leur passage dans La Manche; 3. De l'aube au crépuscule, les navires devaient bénéficier de la couverture de chasse la plus large possible" (2)

(1) sur les quartiers généraux de campagne d’Hitler : Saviez-vous que… La Tanière du Loup
(2) Robertson, op cit, pages 36-37

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