8161 - "Si la route de La Manche s’avère impraticable, les navires à Brest doivent être mis hors service et leurs canons démontés et expédiés avec les équipages en Norvège"

Commandos contemplant une usine d'huile de poisson en flammes, Vågsøy 27 décembre 1941

… ile de Vågsøy (Norvège), 27 décembre 1941

Le 27 décembre, à la faveur d’une opération de diversion aux îles Lofoten, quelque 600 commandos britanniques, soutenus par plusieurs navires de guerre, débarquent sur l’île de Vågsøy (Norvège).

Le but de cette Opération Archer est double : officiellement, il s’agit de détruire les usines et les réserves d’huile de poisson utilisées par les Allemands dans la fabrication d’explosifs, mais officieusement, il s'agit surtout de convaincre par là-même les dits Allemands de l’imminence d’un débarquement de bien plus grande ampleur sur les côtes de Norvège, et ainsi de les inciter à y expédier des troupes, des avions et des navires qui seraient assurément bien plus utiles ailleurs, en particulier contre l’allié soviétique.

Si les résultats de cette opération n’ont rien de bouleversant au niveau militaire - les commandos ayant rembarqué au bout de seulement quelques heures après avoir détruit ou incendié tout ce qu’ils pouvaient - son retentissement est en revanche considérable chez Hitler, plus que jamais convaincu de la volonté britannique de couper "La Route du Fer",... et donc plus que jamais décidé à défendre celle-ci par tous les moyens terrestres, aériens et navals disponibles.

Et deux jours plus tard, le Führer d’exiger dès lors que les Scharnhorst et Gneisenau soient renvoyés aussitôt que possible en Allemagne par la voie la plus directe et la plus rapide - autrement dit par La Manche - en vue de leur redéploiement en Norvège

A Raeder qui souligne une fois encore qu’il sera "impossible de sécuriser suffisamment la route" et  "également impossible d’échapper aux attaques aériennes dans les passages étroits que l’on réussira ou non à déminer", Hitler de rétorquer que "La flotte allemande doit utiliser toutes ses forces pour la défense de la Norvège" avant d’ajouter, de manière sans appel, que "Si la route de La Manche s’avère impraticable, les navires à Brest doivent être mis hors service et leurs canons démontés et expédiés avec les équipages en Norvège. De toute manière, les cuirassés n’ont plus leur place dans les guerres futures et je doute qu’ils aient encore quelque utilité aujourd’hui" (1)

(1) Robertson, op cit, page 34