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| La carcasse du Graf Spee, après son sabordage : 80 millions de Reichsmarks partis en fumée... |
A Berlin, Hitler et Raeder, informés de la situation, ont rapidement soupesé leurs options, à vrai dire fort réduites.
Selon la Convention de La Haye de 1907, toujours en vigueur l’Uruguay ne peut en effet offrir que 72 heures de sursis à un navire belligérant. Passé ce délai, ce dernier doit soit quitter les lieux, soit se laisser désarmer et interner sur place jusqu’à la fin officielle du conflit.
Or, Hans Langsdorff, le commandant du Graf Spee estime à au moins deux semaines le temps nécessaire pour remettre en état son bâtiment, qui est de toute manière à court de munitions et n’aurait donc aucune chance d’échapper aux trois croiseurs britanniques qui l’attendent au large, ni, a fortiori, aux navires supplémentaires que britanniques ou français - les deux hommes en sont convaincus - sont déjà occupés à envoyer sur place.
Et l’internement n’est pas une solution plus plaisante puisqu’il existe un risque, non négligeable, que des agents britanniques puisse accéder au Graf Spee quand il sera sous contrôle uruguayen, et ainsi en percer les secrets.
L’un dans l’autre, la décision tombe : Langsdorff va détruire tous les équipements du navire et débarquer la quasi-totalité de son équipage puis, avec seulement quelques hommes, reprendre brièvement la mer et saborder Graf Spee quelques minutes plus tard.
Dans la soirée du 17 décembre, la population de Montevideo accourt en masse pour assister au spectacle. A 20h55, les charges sont mises à feu, et le Graf Spee, dévoré par les flammes et les explosions, s'enfonce lentement dans les eaux de la baie.
Pour la Royal Navy, c’est certes une victoire par défaut, mais une victoire quand même, alors que pour la Kriegsmarine, c’est au contraire une véritable tragédie, qui la prive d’un de ses rares grands navires, mais surtout d’un grand navire d’autant plus impossible à remplacer qu’après cette débâcle, après ces 80 millions de Reichsmarks partis, au propre comme au figuré, en fumée, Hitler ne va certes pas revenir sur sa décision d’arrêter les frais et d'en rester là...

1 commentaire:
Bonjour! Il y a eu, comme au poker ou au bridge, une part de bluff et d'action psychologique de la part des anglais. Les renforts pour venir aider les croiseurs de Harwood (réduits à deux, le troisième était si mal en point qu'il avait filé vers la base des Malouines pour réparation) à tenir le blocus du Graf Spee à Montevideo n'étaient pas du tout disponibles sur un claquement de doigts.
L'Uruguay était pro anglais (contrairement à l'Argentine, que Langsdorff aurait été plus malin de rejoindre) et les anglais n'ont pas manqué de jouer la pression diplomatique, et diffusé de fausses informations sur l'arrivée imminente du cuirassé Rodney, ou d'un Porte-avions.
Les services de renseignement allemands de Canaris n'ont pas été très efficaces pour donner à Langsdorff les vraies positions des navires anglais.
Les avaries du Graf Spee n'étaient pas bien méchantes...sauf une, qui a été tue à l'époque.
Le Graf Spee fonctionnait avec des Diesels , qui demandent un carburant liquide nettement plus purifié que l'affreux fuel lourd (le "Bunker C") qui est utilisé dans les chaudières pur produire la vapeur des navires à turbines (La révolution technique du Mauretania-Lusitania, des Dreadnought et la création de la compagnie Anglo Persian -futur British Petroleum- par l'Amirauté britannique).
Le "Bunker C" était disponible partout en quantité en 1940, contrairement au Diesel oil (qui commençait tout juste à équiper des chalutiers et des cargos en 1940...
Ne pas oublier que les fameux Liberty Ships étaient dans leur immense majorité équipés de chaudières brûlant du Bunker C et actionnant non pas des turbines mais des machines à vapeur triple expansion ultra classiques) peut être purifié et transformé en Diesel Oil à bord, mais cela nécessite une chaudière auxiliaire et une mini raffinerie suivie d'une série de filtres et de décanteurs très spécifiques...avec cette installation démolie, le Graf Von Spee ne pouvait pas aller bien loin, ou mener un combat aux allures de Baroud d'honneur, même avec un plein de "Bunker C".d'où le sabordage et le suicide de Langsdorff, dégoûté de la situation.
Ce genre de soucis a été la cause de la perte (en pleine tempête ) il y a une vingtaine d'années du pétrolier Braer, éventré sur les îles Shetland, ses soutes de fuel lourd soufré (qui peut être traité à bord) avaient été contaminées par de l'eau de mer et il est tombé en panne une fois épuisées les petites soutes de fuel léger servant aux manoeuvres "écologiquement correctes" dans les parages de s ports et des côtes peuplées.
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