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Le cuirassé Bayern, sombrant pat la poupe après son sabordage. La future Kriegsmarine allait devoir repartir de zéro... |
Il faut donc pour ainsi dire repartir de zéro. Passe encore pour l’Armée de Terre, dont les tanks, les canons, les mitrailleuses ou encore les fusils ne seront par trop difficiles à refabriquer en masse, mais il en va tout autrement pour l’Aviation et, surtout, pour la Marine !
Tout au long des années 1920 et jusqu’en 1933, et qu’il s’agisse des avions, des navires ou des sous-marins, les autorités de Weimar, et les industriels allemands, ont certes scandaleusement triché avec tous les traités et règlements qui leur interdisaient de fabriquer les uns et les autres : de petites cellules militaires de veille ont continué à se renseigner discrètement sur tout ce qui se faisait dans les pays étrangers et, surtout, des co-entreprises ont été fondées dans divers pays pas trop défavorables à l’Allemagne.
Pour l’Aviation, des contacts ont ainsi été noués, dès 1921, avec l’URSS afin de reconstituer et d'entraîner secrètement une flotte aérienne au Paradis des Prolétaires. Le 16 avril 1922, le Traité de Rapallo a même scellé la collaboration germano-soviétique, en permettant à l'Allemagne d’installer en Russie des "centres de formation et d'expérimentation militaires" dans un "but pacifique" (sic)
Un an plus tard, la société Junkers a ensuite implanté une usine d'avions près de Moscou, et en 1925, les premiers élèves-aviateurs allemands ont quant à eux commencé à débarquer à Lipetsk pour s'entraîner, dans un secret très relatif (2) à leurs futures missions de chasse et de bombardement, et s’y sont succédés jusqu’à la fermeture du centre, en 1933, l’arrivée d’Hitler au Pouvoir permettant désormais à la nouvelle Luftwaffe de s’entraîner au pays, et à son aise…
(1) au total, les 11 cuirassés et les 5 croiseurs de bataille présents sur place furent sabordés par leurs équipages, de même que 5 des 8 croiseurs et 32 des 50 destroyers internés.
(2) de 1925 à 1933, les activités du centre de Lipetsk suscitèrent en effet un intense trafic maritime entre l'Allemagne et la Russie. A plusieurs reprises, des cargos allemands furent contraints de faire escale au port de Reval (Estonie), où il apparut clairement que du matériel militaire se trouvait à leur bord, et que des munitions et des avions en pièces détachées figuraient pudiquement sur les manifestes comme "poudre de chasse", "produits chimiques" et même "matériel sanitaire"
1 commentaire:
Bonjour!
Bravo pour votre blog, on peut se poser la question de savoir comment il se fait que les navires de la Hochseeflotte internés à Scapa flow depuis fin novembre 1918 aient pu être sabordés 7 mois après par leurs équipages...La réponse est complexe. Les équipages étaient démoralisés et à la limite de la mutinerie, après le Jutland , l'inaction qui avait suivi et l'écroulement du front terrestre ..pas du tout partants pour le baroud d'honneur qui leur avait été demandé. Scheer, chef respecté , avait refusé de commander lors du transfert en Angleterre qu'il jugeait humiliant, laissant ce soin à un sous-fifre (l'Amiral Von Reuter).
La Norvège et l'Espagne (pays neutres) avaient refusé d'accueillir et d'interner la flotte allemande. Les équipages étaient mal nourris (souvenir de la mutinerie du Potemkine!!)depuis l'Allemagne, mal soignés (quelques toubibs mais pas de dentistes) consignés à bord et réduits à se distraire en pêchant à la ligne...! Les conférences du traité de Versailles qui devaient régler le sort de la marine allemande se déroulaient dans une ambiance de discussions de marchands de tapis ...L'Italie et la France voulaient un quart chacune de la flotte allemande,l'Angleterre souhaitait que la flotte soit détruite (probablement dans les chantiers de démolition écossais , pas chez Neptune)histoire de garder leur suprématie navale . Les équipages allemands étaient rapatriés pour les 4/5° fin décembre 1919. Des mesures de surveillance pour empêcher le sabordage avaient été approuvées (un peu vite) par l'amiral Beatty - plein de panache mais pas vraiment un méticuleux comme Jellicoe- et son sous-fifre l'amiral Madden, au grand dam de deux autres étoilés plus malins (les amiraux Keyes et Leveson, qui voulaient débarquer les équipages de garde restants et les interner à terre dans des baraquements.)
L'amiral Von Reuter, commandant de cette flotte de plus en plus fantôme lisait les journaux, connaissait les tractations en cours à Versailles...et reçut l'ordre de saborder les navires si les anglais tentaient de s'en emparer (ce qu'ils se préparaient à faire...mais sans avoir trop bien préparé leur affaire) . On était alors en juin1919 et les derniers contingents de marins allemands devaient être rapatriés sous peu....ce qui poussa Von Reuter à agir rapidement. L'opération de saisie des navires nécessitait une grosse mobilisation des marins anglais...mais voilà L'Amiral Madden avait "malencontreusement???" prévu des exercices de torpillage et voulut profiter du beau temps annoncé pour le 21 juin 1919 pour les accomplir, reportant la saisie des navires allemands à plus tard...
Bizarrement (ou pas) aucune garde armée n'avait été mise à bord au niveau des "Klingston valves" (les prises d'eau prévues sur tout navire de guerre pour le saborder si nécessaire, ou inonder un compartiment dans lequel le feu s'est déclaré)....qui avaient été soigneusement dégrippées et graissées à l'avance. Ca et des hublots laissés opportunément ouverts (c'était l'été , même écossais)...et voilà comment , avec un simple pavillon hissé sur le navire amiral, une flotte de guerre encore redoutable appareille pour le royaume de Neptune et du Capitaine Nemo.
Il est permis de se demander si les anglais n'avaient pas laissé faire un sabordage qui les arrangeait bien car ils ne souhaitaient pas voir affaiblir leur supériorité navale...qu'ils furent obligés de brader un peu plus tard , sous la pression des américains et des circonstances financières (le traité de Washington)
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