vendredi 6 décembre 2024

8126 - ... mais à partir de zéro

Le Deutchland, exhibant une de ses célèbres et très distinctives tourelles triple de 280mm

… pour la Marine, de petits bureaux d‘études n'ont pour leur part jamais cessé de travailler sur les plans de fort hypothétiques nouveaux cuirassés, et une co-entreprise dirigée par Krupp, l’Ingenieurskantoor voor Scheepsbouw (IVS) a même été créée aux Pays-Bas - demeurés neutres durant la guerre - afin d’étudier et de construire, pour le compte d’autres nations, et notamment la Finlande, des sous-marins dont la fabrication et, a fortiori, l’emploi sont pourtant interdits à l’Allemagne selon les termes du Traité de Versailles de 1919

Peu avant l’arrivée d’Hitler au Pouvoir, la petite Reichsmarine est allée plus loin encore : profitant de la clause de remplacement prévue par le Traité de Washington de 1922, elle a en effet entamé la construction de trois Panzerschiffe, ou "navires blindés", destinés à remplacer trois des antiques cuirassés pre-dreadnought datant du début des années 1900 qu'elle avait été autorisée à conserver.

Le dit Traité ne lui permet certes pas de construire des bâtiments de plus de 10 000 tonnes - ce qui correspond au tonnage maximal d’un croiseur - ni de navires dotés de canons d’un calibre supérieur à 280mm - donc inférieur à celui des cuirassés alors en service dans le monde - mais qu’importe : les ingénieurs allemands ont de l’imagination, et leurs commanditaires sont, déjà, disposés à "interpréter" très largement les règlements en vigueur.

De fait, dès sa mise en service, le 01 avril 1933, le Deutschland (1), le premier de ces navires que chacun appellera bientôt "cuirassés de poche", a stupéfié le monde entier, puisqu’avec eux, le nouveau Troisième Reich va bientôt disposer de navires non seulement blindés et plus puissants, avec six pièces de 280mm, que tous les croiseurs actuellement en service, mais aussi plus rapides, à 28 noeuds, que la quasi-totalité des cuirassés et croiseurs de bataille du monde entier !

Si les ingénieurs et les autorités allemandes n’ont officiellement cessé de vanter les mérites, dans cette incroyable cure minceur, de la motorisation diesel - par opposition aux classiques turbines à vapeur - et de la construction par soudure - par opposition aux non moins classiques rivets - le fait demeure que les uns et les autres ont scandaleusement menti, puisque les dits Panzerschiffe sont en réalité au moins... 40% plus lourds que leur poids officiel et réglementaire !

Qu’importe : leur apparition a aussitôt sonné le départ d’une nouvelle Course aux Armements navals qui ne s’arrêtera pas de sitôt, y compris en Allemagne…

(1) rebaptisé Lützow à l'automne 1939

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