Dans les années 20’ et 30’, Douhet et ses partisans avaient certes théorisé, et popularisé, l’idée selon laquelle le vainqueur des guerres futures serait nécessairement celui qui, le premier, réussirait à anéantir le potentiel industriel de l’ennemi, et le moral de sa population, en bombardant ses usines et ses villes du haut des Airs.
Mais c’est bel et bien Harris qui, plus que tout autre, et de sa nomination à la tête du Bomber Command en février 1942 jusqu’à la Capitulation du Reich en mai 1945, s’est ensuite constamment efforcé, avec une obstination non pas seulement britannique mais carrément inhumaine, de la démontrer par la pratique, en détruisant méthodiquement et systématiquement, jour après jour, nuit après nuit, et pendant trois ans, les villes allemandes les unes après les autres.
Le passé - ou devrait-on dire le passif - de Harris le prédestinait sans doute à cela : en Mésopotamie, au sortir de la 1ère G.M., Harris, qui n’était alors qu’un obscur lieutenant-colonel de la toute jeune Royal Air Force, s’était déjà entraîné - et enthousiasmé tout comme Churchill (1) - à l’usage de gaz de combat largué du haut des Airs contre les tribus en rébellion contre l’Empire britannique.
"Les Arabes et les Kurdes savent maintenant ce que signifie un vrai bombardement !", avait-il alors déclaré, "En 45 minutes nous pouvons raser un village et tuer ou blesser un tiers de sa population"
Bien avant le déclenchement d’un nouveau conflit mondial, Harris était donc en quelque sorte prédestiné à devenir un jour le Bourreau de l’Allemagne et, pour beaucoup, un authentique criminel de guerre...
(1) à l’époque, Churchill avait lui-même déclaré "Je ne comprends pas ces réticences à l'emploi du gaz [en Mésopotamie] Je suis fortement en faveur de l'utilisation du gaz toxique contre les tribus barbares... L'effet moral sera bon. On diffusera une terreur vivace"
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