dimanche 24 novembre 2024

8114 - "Qui sème le vent récolte la tempête"

… rendons-lui du moins cette justice : contrairement à tant d’autres responsables du bombardement et de la destruction de masse, Harris, lui, n’a jamais fait mystère de ses intentions, n’a jamais tenté de se réfugier derrières des mensonges ou des faux-semblants politiquement corrects, ni même jamais cherché, après la guerre à se dédouaner de ses propres actions, ou à manifester des remords de bon aloi.

En mai 1942, juste après le premier raid Millenium sur Cologne, Harris avait déjà clairement annoncé la couleur, en déclarant que les Allemands étaient "entrés dans cette guerre avec l'illusion enfantine qu'ils allaient bombarder tout le monde, mais que personne ne les bombarderait. À Rotterdam, Londres, Varsovie, et dans une cinquantaine d'autres endroits, ils ont mis leur théorie naïve en application. Qui sème le vent récolte la tempête".

En juillet de la même année, il avait également proclamé son intention de "ravager le Troisième Reich d'un bout à l'autre". Nous allons, avait-il dit, "bombarder l'Allemagne ville par ville, et avec toujours plus d'intensité, afin de la rendre incapable de poursuivre la guerre. Tel est notre objectif, et nous le poursuivrons sans relâche".

Et presque trois ans plus tard, dans les ultimes semaines de la guerre, alors qu’il était désormais parfaitement clair que le bombardement et même l’incinération des villes allemandes n’avait pourtant nullement précipité la fin de celle-ci, Harris n’en avait pas moins persisté à lancer imperturbablement ses bombardiers dans le ciel du Reich, en soulignant que "les attaques contre les villes, comme tout autre acte de guerre, sont intolérables à moins qu'elles ne soient stratégiquement justifiées. Mais elles sont stratégiquement justifiées dans la mesure où elles tendent à abréger la guerre et à préserver la vie des soldats alliés. À mon sens, nous n'avons absolument pas le droit d'y renoncer à moins d'être certains qu’elles n'auront pas cet effet. Je ne considère personnellement pas que l'ensemble des villes restantes d'Allemagne valent les os d'un seul grenadier britannique"

Mais ce qui fait toute la singularité de Harris, ce qui, 80 ans après les faits, continue de surprendre et même de stupéfier, c’est son obsession véritablement maladive pour cette destruction des villes allemandes, bombardées et re-bombardées à des dizaines et parfois des centaines de reprises (!) sans aucun résultat militaire ou politique, et, surtout, trop souvent à l’encontre des ordres de ses supérieurs, et même de Churchill (!), lui enjoignant de reporter le courroux du Bomber Command sur d’autres cibles que les simples civils allemands dans leurs villes !

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