jeudi 30 mai 2024

7936 - faute de quadrimoteurs...

Le Heinkel 177 : à peine un millier d'exemplaires au total, jamais plus de cent en même temps...
... même à nombre d’appareils simplement égal, les Britanniques, depuis 1942, et les Américains, depuis 1943, sont donc en mesure de déverser sur le Reich un tonnage de bombes largement supérieur à celui que les Allemands - toute question d’attrition mise à part ! - sont susceptibles de larguer sur la Grande-Bretagne !

Faute de posséder de véritables quadrimoteurs de bombardement, la Luftwaffe a néanmoins longtemps cru au Heinkel 177, qui dispose bel et bien de quatre moteurs... mais de seulement deux hélices !

Sur le papier, une propulsion à deux hélices offre une importante réduction de la trainée aérodynamique et, toujours sur le papier, permettait même d’envisager un bombardement en (léger) piqué, mais pour emporter autant de bombes et sur la même distance qu’un vrai quadrimoteur, il aurait fallu disposer de moteurs extraordinairement puissants qui, lorsque le He-177 avait été conçu, n’étaient disponibles ni en Allemagne ni ailleurs.

En conséquence, les ingénieurs de Heinkel, tout comme ceux d’Avro avec le Manchester, ont eu recours à un habile subterfuge : accoupler deux moteurs V12 existants sur un réducteur entraînant une hélice commune.

Sur le papier encore, cette solution était aussi simple qu’élégante, mais en pratique, elle s’avéra fort complexe à réaliser et, surtout, catastrophique en matière de refroidissement,... au point que les équipages de Heinkel, écœurés, qualifièrent bientôt  leur nouvelle monture de "briquet volant", en raison de l'incroyable propension de ses moteurs jumelés à s'enflammer spontanément en plein vol !

Constamment accablé par d’innombrables défaillances techniques, le malheureux He-177 - qui ne sera finalement produit qu’à peu plus d'un millier d'exemplaires avant la Capitulation allemande - parait cependant suffisamment au point, en ces ultimes journées de 1943, pour partir à l’assaut de la Grande-Bretagne.

Le problème, c’est que moins d’une cinquantaine d’entre-eux sont actuellement disponibles pour cette mission !

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Le plus beau, si on peut dire, dans cette histoire, c'est que comme pour les ingénieurs anglais qui avaient tenté la même configuration de 'bi-double" moteur sur l'AVRO Manchester et en avaient tiré le Lancaster quadrimoteur pour exactement les mêmes raisons (surchauffe moteurs) , les allemands avaient réalisé (mais trop tard) un plan"B" le Heinkel 177 B , quadrimoteur, qui fonctionnait correctement (pour un prototype) mais n'entra pas en production car prêt à un stade de la guerre trop tardif...

Cette fausse bonne idée de moteurs couplés aura cependant la vie dure , car l'énorme avion de transport civil britannique Bristol Brabazon (véritable éléphant blanc et luxueux paquebot volant qui s'avèrera non rentable et invendable) utilisait un total de huit moteurs (des turbo-propulseurs Bristol Proteus) pour entraîner un total de quatre doublets d' hélices (contra-rotatives)...le même genre de montage (avec 10 turbines dont 8 couplées entraînant Six hélices dont 4 contrarotatives se retrouvait sur un autre méga délire british, l'hydravion géant Saunders Roe Princess, tout aussi désastreux financièrement.