lundi 13 mai 2024

7919 - une véritable cible militaire

Raser Berlin : une entreprise complexe, qui ne manquerait pas de provoquer de lourdes pertes
... plus que tout autre ville du Reich, et en dépit des quelque quatre millions de civils qu'elle héberge, Berlin constitue, en soi, une véritable cible militaire.

Outre ses administrations, ses ministères, et, bien sûr, la Chancellerie elle-même, Berlin, malgré un début de délocalisation des industries vers des grottes ou des tunnels ferroviaires, reste en effet, en cette fin de 1943, presque entièrement dédiée à la production de guerre, et abrite encore la moitié de l'industrie électromécanique allemande, avec des usines comme AEG (radios, isolateurs, générateurs), Telefunken (radios, radars) ou Robert Bosch (allumages pour véhicules et avions)

Mais Berlin est aussi le troisième centre de production de roulements à billes d'Allemagne, un important centre de constructions aéronautique, avec les usines Heinkel (d’où sortent 26 bombardiers quadrimoteurs He-177 par mois), Henschel (avions d'assaut Hs-129 et bombardiers Ju-88), Focke-Wulf, Dornier et Flettner, l'usine de moteurs Argus (occupée à fabriquer les pulsoréacteurs des bientôt célèbres fusées V1), et bien sûr l'immense usine de Daimler-Benz à Genshagen, qui produit à elle seule 20% des moteurs d'avions allemands.

De leur côté, Auto-Union (qui s'appellera un jour Audi) et Alkett produisent en grande série les blindés et canons automoteurs dessinés, notamment, par Ferdinand Porsche, et dont Maybach, installé à Tempelhof, réalise quant à lui les moteurs, tandis que des milliers de camions et de véhicules militaires de toutes sortes sortent pour leur part des usines Demag à Staaken, ou encore Büssing et Nationale Automobile à Oberschöneweide.

Outre un indéniable impact psychologique, raser une fois pour toutes la capitale de "l'Empire du Mal" cadre donc parfaitement avec les théories défendues par Douhet.

Reste néanmoins à y arriver...

... et aussi à se convaincre qu’en y arrivant, on pourra réellement mettre un terme à la guerre...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Berlin objectif militaire...
Oui, mais de quel Berlin parle t'on? Toutes les grandes villes capitales occidentales se sont développées à partir d'un point central (à Paris c'était un camp Romain avec ses deux allées -Cardo et Décumanus, à angle droit , près d'un passage sur la Seine avec un pont et une île facile à fortifier -cad l'ile de la Cité et les actuels boulevards St Michel et St Germain...)
Avec la démographie les villes fortifiées se sont étalées en faisant progressivement, craquer les enceintes fortifiées (à Paris c'était l'enceinte ce Philippe Auguste, puis le mur des fermiers Généraux, puis les fortifications de 1870 qui furent remplacées par le boulevard Périphérique), et avec la Révolution industrielle et ses fumées de charbon puantes, les quartiers usiniers plutôt vers l'Est (sous le vent ) et les banlieues chic à l'Ouest (au vent comme disent les marins)
Les villes se sont retrouvées avec des "ceintures rouges" ou des demi ceintures rouges (quartiers ouvriers votant socialiste puis communiste) et regroupant les usines, lesquelles devenant toujours plus gigantesques s'éloignaient toujours plus du centre historique.

Vous citez un nombre impressionnant d'usines réellement stratégiques (les allemands aiment les usines, pas comme chez nous, la moindre petite ville a sa grosse PME -Mittelstand- employant plusieurs centaines de personnes)...tout çà pour dire que , en l'état de la technique du bombardement (de jour ou de nuit, mais sans GPS et même avec les premiers radars embarqués et le soidisant miraculeux viseur Norden...)comment être sûr de bombarder ce qui est vraiment stratégique...avec un tissu urbain étendu et diversifié , on passe facilement d'une cible stratégique légitime à une boucherie inqualifiable et à un crime contre l'humanité?...susceptible de plus de faire les choux gras de la propagande allemande et de galvaniser les énergies guerrières...