mercredi 6 mars 2024

7951 - la directive Pointblank

Arnold (en uniforme clair) et l'équipage du célèbre B17F Memphis Belle, 1943
... "Arnold était ravi. "Nous avions remporté une victoire majeure", écrira-t-il plus tard, "car nous allions désormais bombarder conformément aux principes américains, en utilisant les méthodes pour lesquelles nos avions avaient été conçus".

(...) Après s'être mis d'accord sur la manière dont chacun bombarderait, les Alliés devaient maintenant décider quoi bombarder.

Avant la Conférence, les Américains avaient longuement réfléchi à la meilleure manière de vaincre la menace sous-marine allemande. Ils s’étaient accordés sur la nécessité de détruire les usines produisant les sous-marins, les avions de la Luftwaffe qui les protégeaient, ainsi que les matières premières qui servaient à les fabriquer.

Dans cette logique, ils avaient identifié cinq cibles essentielles : les chantiers et bases de sous-marins; l’Armée de l’Air allemande, ses usines et ses dépôts; les usines de roulements à billes; les installations pétrolières; les installations produisant du caoutchouc synthétique et des pneus. Les villes n’étaient spécifiées nulle part" (1)

Toutefois, avant-même la fin de la Conférence de Casablanca, les responsables du Ministère de l’Air britannique ont de leur côté déjà commencé à rédiger une nouvelle directive, dite "Pointblank" ("bout-portant"), destinée à Arthur Harris et à son Bomber Command. 

"Elle fut prête le 21 janvier 1943 et arriva sur son bureau le 4 février. La directive commençait par ces mots : "Votre objectif principal sera la destruction progressive du système militaire, industriel et économique allemand et l’affaiblissement du moral du peuple allemand au point que sa capacité de résistance armée s’en trouve fatalement affaiblie"

(...) Dans le cadre de ce concept général, vos principaux objectifs, sous réserve des exigences météorologiques et de la faisabilité tactique, seront pour le moment dans l'ordre suivant : (a) Les chantiers de construction de sous-marins allemands; (b) l’industrie aéronautique allemande; (c) les transports; (d) les raffineries de pétrole; (e) d’autres cibles de l'industrie de guerre ennemie" (2)

(1) et (2) Hansen, op City, pp. 117-118-119

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour, chapeau pour le blog, toujours instructif;

La planification américaine des bombardements est intéressante...on a l'impression de managers d'une multinationale autour d'une table de conseil d'administration, décidant les meilleurs axes de pénétration sur un nouveau marché (genre comment se positionner pour mieux vendre des Ford en Argentine)...Ce n'est pas qu'une impression d'ailleurs, certains hauts responsables de l'industrie américaine furent prêtés à l'armée et firent patriotiquement le même boulot dans l'armée (pour des salaires nettement moins élevés que dans le privé-mais les salaires des hauts dirigeants industriels n'avaient pas atteint les délirants sommets actuels)...et à contrario certains généraux (comme Mac Namara) feront de belles carrières dans l'industrie d'après guerre et pas seulement dans le coeur du complexe militaro-indstriel des USA.

L'idée de détruire les usines de roulements à billes (concentrées à 80% à Schweinfurt ) et fonctionnant avec des machines outils et des forges très spécifiques était bonne, brillante idée d'un spécialiste en goulots d'étranglement de la production (de guerre ou de paix, peu importe)...

mMis le diable est dans les détails: D'abord il y avait les usines des pays occupés (la filiale SKF France à Ivry près de Paris) la suède neutre (SKF maison mère en Suède) mais aussi les changements de design des moteurs et des véhicules (utiliser des paliers pleins huilés sous pression et des coussinets mince trimétal partout où c'était possible).

Il y eut aussi les déménagements d'usines dans des tunnels miniers , le fonctionnement de certaines usines de Schweinfurt dans des locaux bombardés , privés de toits mais cependant fonctionnels, tout çà organisé et supervisé par Speer, au total la machine de guerre allemande fut ralentie quelques temps , pas plus, mais pas stoppée net.