lundi 11 mars 2024

7856 - l'Inondation

Le barrage de la Möhne, de nos jours
... dans cette guerre où les scientifiques des deux camps disposent à présent de "ressources à un degré dont on ne peut que rêver en temps de paix", la science prend un essor fabuleux, et les innovations technologiques se font quasi quotidiennes.

Plus rien ne semble désormais impossible,... pas même la destruction de barrages cyclopéens, qui permettra aux flots vengeurs d'inonder le territoire ennemi, et de priver ainsi d'eau son industrie de guerre et sa population civile.

De l’Inondation de la Rühr et, plus tard, de la déforestation des forêts vietnamiennes à l'Agent orange, on dira un jour qu'il s'agissait de "crimes écologiques", mais à l'époque, chacun les voit tout simplement comme autant de moyens pratiques pour parvenir à une fin que tout justifie.

"Les barrages de la vallée de la Möhne et celui de la Sorpe (...) constituaient un ensemble hydraulique extrêmement important (...) fournissaient 70% des besoins en eau de l'industrie de la Rühr et assuraient de l'eau potable à 4.5 millions d'habitants. Le barrage de la vallée de l'Eder (...) était encore plus grand et contenait 202 millions de mètres cubes d'eau. Les économistes (...) avaient calculé que supprimer les réserves de la Möhne et de la Sorpe (...) paralyserait toute l'industrie de la Rühr durant l'été et placerait les civils dans une immense détresse en les privant d'eau potable" (1)

Reste cependant à trouver le moyen de détruire les dits barrages en un seul coup !

Menés par le génial Barnes Wallis, scientifiques et ingénieurs britanniques, se sont attelés à la tâche

"Wallis était obsédé par les bombes : quelle taille elles devaient avoir et combien elles pouvaient détruire. Le barrage de la Möhne mesurait 112 pieds d'épaisseur à la base, 25 pieds d'épaisseur au sommet et 130 pieds de haut. Wallis avait initialement suggéré qu’une bombe de dix mille livres le détruirait, privant ainsi les fabricants d’armements d’électricité, et la population d’eau"

(1) Friedrich, op cit
(2) Randall, page 126

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Barnes Wallis , Comme Nevil Shute Norway, autre ingénieur so british (qui écrivit "on the beach", le roman dystopique sur l'extinction de l'humanité par les retombées atomiques d'une 3° Guerre mondiale, porté au cinéma sous le titre "le dernier rivage") était un ingénieur assez farfelu et multi compétences , à la Léonard de Vinci, le génie pictural en moins.

Ces deux ingénieurs so british avaient d'ailleurs travaillé ensemble sur le dirigeable transatlantiques du type R100 (industrie privée) un peu plus efficace et surtout plus chanceux que le R 101 (industrie publique) qui se crasha corps et biens du côté d'Arras dans un incendie atroce, comme plus tard le Hindenburg...

L'un et l'autre sont typiques du contournement des problèmes par des solutions inhabituelles (le lateral thinking comme on dit chez les rosbifs).

L'utilisation de la,structure en treillis "géodétique" (développée pour le R100) dans le fuselage du bombardier Wellington le rendait incroyablement résistant aux mauvais coups de la Flak...mais était inappropriée pour le revêtements métalliques utilisés sur les plus gros bombardiers et intrdisait la construction par tronçons modulaires dans les usines secrètes dispersées dans la campagne anglaise..

Les bombes géantes (Tallboy, block buster et Grand Slam) ont été développées avant même d'avoir des avions réellement capables de les porter (un hexamoteur , le Victory, était en projet, avec Wallis comme Chef dessinateur mais il resta sur la planche à dessin)

L'idée des bombes rebondissantes à ricochets serait venue à ce bon père de famille et bon époux en observant des filles jouer aux ricochets dans le bassin de la villa familiale avec des billes propulsées par des élastiques (si on en croit un film à sa gloire et le film sur les Dambusters, ainsi qu'un docu de la BBC) et aussi en s'informant auprès de champions de golf sur les vertus du back-spin pour stabiliser la trajectoire ...Le miracle est que des idées aussi bizarres aient pu, à force de tests et d'expérimentations finir par donner un résultat.

Nevil Shute Norway avait eu une idée tout aussi délirante , le Great Panjandrum, une giga bobine telle qu'utilisée sur les chantiers pour les câbles électriquss, bourrée d'explosif et lancée sur les plages du débarquement (propulsion par fusées comme une gigantesque roues de feu d'artifice) qui théoriquement devait détruire les nids de mitrailleuses allemands...cette idée là échoua de façon aussi spectaculaire que ridicule en manquant de peu d'occire une brochette de hauts gradés anglais...nobody is perfect

Un docu anglais (british wartime follies) extrait de la série Most secret war de la BBC montre que dans cette guerre là, tout et n'importe quoi a été imaginé , conçu et testé...