dimanche 10 décembre 2023

7764 - une guerre de papiers

Le LeO 45 : un des rares bombardiers modernes dont disposait la France en 1940
 ... loin d'être l'arme absolue que Douhet et ses partisans imaginaient, les bombardiers, en cette fin de 1939, n'effectuent donc que de fort rares et bien inoffensives incursions au dessus du territoire ennemi.

"(...) Au II/34, en décembre, une seule reconnaissance sur l'Allemagne eut lieu de nuit, accompagnée d'un lâcher de tracts : des messages ou des encycliques du Pape, des plaisanteries sur Hitler (...) 700 kg de papier, 200 000 feuilles imprimées par avion. Il y eut beaucoup de missions de ce genre. 

En Allemagne, malgré le couvre-feu, les usines en pleine activité restaient visibles : les équipages, la rage au cœur, lâchaient leurs bouts de papier qui ne servaient à rien sur des bâtiments où, par les lueurs qui filtraient des verrières, ils devinaient l'ennemi fourbissant ses armes. Certains oubliaient de couper la ficelle des paquets, d'autres y ajoutaient des pierres. Ils faisaient leur guerre".

(...) à cette époque, s'il avait fallu, malgré tout, affronter les armées allemandes, les stocks de bombes n'auraient pas permis de combattre bien longtemps. Ce n'était après tout qu'un détail, puisque, de toute façon, il n'y avait pas d'avions pour les porter"

(...) De fait. la montée en puissance du bombardement fut plus que laborieuse, particulièrement du côté allié. C'est ainsi que le 1er décembre 1939, à peine 114 avions avaient été livrés, dont 58 en ligne; en janvier 1940, il n'y en avait que 137, dont 77 en ligne. Le problème était que la plupart de ces avions étaient incomplets [car dépourvus d'armement, de radio, de viseur, voire même d'hélices !] et donc inutilisables".

En février 1940, le général Vuillemin savait "qu'en cas d'attaque allemande, il ne pourrait engager pas plus d'une vingtaine d'avions modernes, principalement des LeO 451 (...) A la veille de l'attaque générale, 497 avions de bombardement modernes avaient été pris en compte par l'Armée de l'Air, mais seulement 140 servaient en unité (...) et à peine 27 stationnaient sur le front du Nord-Est. L'affaire s'annonçait donc sous un jour dramatique" (1) 

(1) Le Fana de l'Aviation, op cit

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