vendredi 1 décembre 2023

7755 - semblables... mais différents

Un B-24 accompagné d'un P-51... indispensable à sa survie dans le ciel allemand !
... pour la nouvelle guerre qui s'en vient en Europe, Britanniques et Américains seront donc les seuls à disposer en grand nombre de bombardiers quadrimoteurs capables - théoriquement du moins - de pénétrer profondément en territoire allemand pour y détruire villes et industries, ce qui, toujours en théorie, devrait considérablement raccourcir le conflit et au final, et c'est bien là le paradoxe,... épargner un grand nombre de vies !

Mais si les Sterling, Halifax et Lancaster partagent le même but, et grosso-modo les mêmes dimensions, que leurs cousins B-17 et B-24, ils ne sont pas du tout conçus selon la même philosophie.

Pour leurs quadrimoteurs, les Britanniques ont en effet privilégié la plus grande charge utile possible, laquelle peut aller jusqu'à 6 tonnes de bombes (1) soit environ deux fois plus que leurs cousins américains sur la même distance (2).

Mais cette performance n'a été rendue possible que par la réduction de l'armement défensif à sa plus simple expression : là où les bombardiers américains exhibent fièrement des sabords et des tourelles ornés de plus d'une douzaine de mitrailleuses de gros calibre (12.7mm), les Britanniques se contentent de huit mitrailleuses d'un calibre bien plus petit (7.7mm), qui manquent autant de portée que de puissance et, au fil des mois, qui s'avéreront de moins en moins en mesure d'effrayer quelque chasseur allemand que ce soit.

Il faut dire que ces choix très différents reposent sur une doctrine d'emploi tout aussi différente : les Britanniques ont en effet prévu de bombarder essentiellement de nuit, ce qui rendra leurs avions beaucoup moins repérables, donc vulnérables,... avec néanmoins le risque de ne pas être en mesure d'apercevoir la cible visée.

Par contraste, soucieux de disposer d'une bonne visibilité au-dessus de la cible, les Américains ont quant à eux prévu de bombarder de jour,... tant ils sont convaincus que l'armement lourd dont sont équipés leurs appareils sera en mesure de repousser la chasse ennemie.

Ils se trompent...

(1) à la fin de la guerre, des Lancaster spécialement modifiés seront en mesure de transporte une bombe Grand Slam de 10 tonnes
(2) le tonnage maximum transportable variait lui-même fortement en fonction de la distance à parcourir. Pour les longues missions, il était quasiment réduit par deux.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour!

Il y a un petit chapitre assez divertissant sur les bombardiers britanniques dans les mémoires dce RV Jones, le conseiller du renseignement scientifique de Churchill...

Il a passé un bon bout de son temps à déjouer / et brouiller les systèmes de radionavigation allemands (Knickebein, X Gerät et autres) qui , sans brouillages et contremesures permettaient aux allemands de bombarder avec précision leurs cibles...dont l'usine de moteurs "Merlin" de Derby près de Coventry...pendant ce temps les gros bombardiers anglais Lancaster bombardaient...n'importe où (et en grande quantité, car le maréchal de l'air Arthur "bomber" Harris n'avait aucun état d'âme et n'était pas un ange de compassion, ce qu'il avait démontré avant guerre en bombardant sauvagement et indistinctement les civils et les rebelles irakiens et kurdes ) ...

Les anglais, héritiers d'une longue tradition maritime faisaient le point à l'ancienne , comme les marins , avec un sextant vaguement modifié et des tables nécessitant plusieurs minutes de calculs trigonométriques dans un habitacle coiffé d'un astrodôme (Une coupole en plexiglas, que Tabarly récupérera plus tard en dépouillant un hydravion Saunders Roe Sunderland...parfait pour le point en mer à l'abri)...aux vitesses aéronautiques et avec le stress du combat...le point était faux et archifaux...ou complètement dépassé ...comme la cible.

Autre détail qui tue (littéralement) : Alors que les avions américains avaient des dégivreurs d'hélice et de bord d'attaque des ailes les anglais n'en avaient pas : Les aviateurs les réclamaient mais la hiérarchie avait fait ses calculs : Selon elle e poids de ces équipements réduisait la charge de bombes, et s'ils avaient été installés il aurait fallu plus de bombardiers, et donc, toujours d'après les gradés, plus de pertes par la Flak et la chasse allemande qu'il n'y aurait eu d'équipages sauvé par les dégivreurs...les dégivreurs n'ont été installés qu'à la toute fin de la guerre, quand la puissance accrue des moteurs a facilité les choses

Perso, pour avoir été passager d'un Noratlas (à peine plus récent techniquement que les avions de la 2° GM) da,s des conditions de givrage sévère et de méchante bourrasque...j'avoue que les calculs des gradés anglais me paraissent un peu douteux