mardi 28 novembre 2023

7752 - un stratégique "light"

Le Martin B-10... tout droit sorti des Aventures de Flash Gordon !
... sans abandonner totalement l'idée du bombardement stratégique et des gros appareils multimoteurs, les nations industrielles vont donc privilégier le bombardement tactique, c-à-d opéré au profit et à proximité du Front par des avions de taille moyenne, généralement bi- et parfois trimoteurs, jugés plus polyvalents et dans tous les cas moins coûteux et plus faciles à fabriquer et à mettre en service.

Et grâce au progrès technique, et en particulier grâce à l'amélioration de l'aérodynamisme des cellules et à l'accroissement de la puissance et de la fiabilité des moteurs, les performances de ces machines somme toute modestes vont progressivement s'améliorer au point, à la fin des années 1930, de faire douter de l'intérêt de posséder, ou même de concevoir, quelque chose de réellement plus gros.

Si le prototype de l'Amiot 143 français, sorti en janvier 1931, semble encore relever de la Préhistoire de l'Aviation, le Martin B-10 américain, apparu à peine un an plus tard, incarne déjà pleinement la modernité... du moins telle qu'on la conçoit dans les Aventures de Flash Gordon !

La montée des périls aidant, des appareils de plus en plus ambitieux sortent bientôt des tables à dessins : le Savoia-Marchetti SM-79 italien prend ainsi son envol en octobre 1934, suivi, le mois suivant, par le Dornier Do-17 allemand et, deux ans plus tard, par le Vickers Wellington britannique et le Mitsubishi Ki-21 japonais, entre autres...

Et sur les rares théâtres d'opération où ils apparaissent, et en particulier en Espagne et en Chine, ces bombardiers moyens semblent tenir leurs promesses, s'avérant capables d'appuyer la marche des troupes, mais aussi d'observer les mouvements de l'ennemi et même de pilonner ses villes et villages,... à condition toutefois qu'ils ne se situent pas trop loin en arrière du Front.

Si le bombardier moyen a donc la cote auprès de ses utilisateurs, deux d'entre-eux n'en poursuivent pas moins l'étude et la réalisation de machines autrement plus lourdes et ambitieuses...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour!
Votre blog est comme toujours excellent, mais il me semble qu'un maillon essentiel de cette histoire du bombardement des populations civiles a été omis, en passant des années 20 (avec les bombardements de terreur des conflits coloniaux des italiens en Abyssinie (Ethiopie) et d'Arthur Travers "Bomber" Harris en Mésopotamie (Irak et Kurdistan) où tout était bon ^(y compris les gaz mortels ) pour faire main basse sur le pétrole, directement au début des années 40 avec les bombardiers moyens et lourds anglais et américains.

Il s'agit de la Guerre d'Espagne, qui a été un véritable banc d'essai des armes pour les italiens, les soviétiques et surtout les allemands qui alignaient le matériel le plus moderne (les premiers Messerschmitt 109 contre les Polikarpov soviétiques et les bombardiers Dornier 17et Heinkel 111, plus les versions de bombardement des avions de transport JUnkers 52.

Le plus célèbre épisode est , bien entendu, la destruction de Guernica en 1937 (venant après d'intenses bombardements sur le front de Madrid) .

Le choc de terreur dans les opinions occidentales a été énorme , même si tout à été fait pour nier l'horreur dans le camp pro-franquiste (qui avait réussi à se mettre dans la poche le très corrompu Georges Botto , correspondant de guerre de l'Agence Havas ), sans oublier les tentatives de minoration des dégâts par la presse de droite britannique reflétant les vues du camp des "appeasers" (Chamberlain, Anthony Eden et les artisans de la calamiteuse conférence de Munich).

En réalité , à la demande de Franco, qui craignait les conséquences d'un siège sanglant de la ville de Bilbao, les aviateurs allemands ont testé à peu près toute la panoplie disponible (bombes soufflantes, brisantes et surtout incendiaires) et ont mitraillé les colonnes de populations civiles qui fuyaient la ville à pied.
La presse franquiste a même accusé les basques de Guernica d'avoir incendié eux - mêmes leur ville.
Interviewé après guerre, l'as allemand Adolf Galland, qui n'y avait pas participé (Il avait rejoint la légion Condor une semaine après) a indiqué que le moral des aviateurs ...allemands était assez bas, eu égard au sentiment de culpabilité qu'ils éprouvaient et a indiqué qu'il s'agissait d'"une erreur tragique".
D'autres ont essayé d'arguer de la présence d'une usine de fabrication de cartouches et d'un noeud ferroviaire à Guernica pour justifier l'injustifiable, mais la propagande franquiste est restée droite dans ses bottes jusqu'a la fin des années 60 où le journaliste Vincente Talon (pourtant proche du pouvoir) a pu publier en Espagne son livre Arde Guernica (Guernica Brûle) sans être censuré.
Intervi