lundi 27 novembre 2023

7751 - l'avion-à-tout-faire

L'Amiot 143 : typique des "avions à tout faire" tels qu'on les concevait au début des années 30
... pour Douhet et ses partisans, c'est l'Aviation, et en particulier les grands croiseurs aériens, qui décideront du sort des guerres de demain, en détruisant dès les premières minutes du conflit les usines et les villes de l'adversaire, abrégeant celui-ci.

Mais les militaires ne sont pas du tout convaincus, et c'est particulièrement vrai - et pour d'évidentes raisons - de l'Infanterie, qui n'entend nullement renoncer à son statut historique de "Reine des Batailles", et qui ne considère l'Aviation que comme une force de servitude, certes plus ou moins indépendante mais néanmoins subordonnée, et dont la mission première est de soutenir directement l'action des troupes au sol.

Dans cette perspective, la constitution d'une flotte de gros bombardiers multimoteurs n'offre pour ainsi dire aucun intérêt, et d'autant moins qu'elle nécessiterait la mobilisation d'énormes moyens financiers qui, dans cette période de disette budgétaire de l'entre-deux-guerres, ne pourraient être réunis... qu'en sacrifiant ceux, déjà fort chiches, alloués à l'Infanterie et à la Marine !

L'un dans l'autre, militaires et politiciens privilégient donc la création d'une flotte de bombardiers bi- ou trimoteurs bien plus petits que ceux imaginés par Douhet. Des bombardiers qui ne pourront évidemment pas s'aventurer fort loin au-dessus du territoire ennemi, ni y causer de gros dommages, mais qui seront en revanche bien plus polyvalents, plus faciles à mettre en œuvre,... et bien moins chers à l'achat comme à l'emploi !

Le problème, c'est que personne ne veut pour autant renoncer totalement à la vision défendue par Douhet : ces bombardiers "raisonnables" devront donc être de véritables "avions-à-tout-faire", c-à-d des appareils non seulement capables d'appuyer l'Infanterie, de réaliser des missions d'observation, mais aussi d'assumer, du moins en partie, le rôle en principe dévolu aux grands croiseurs aériens, ce qui, on s'en doute déjà, est bien plus facile à dire qu'à faire, et va d'ailleurs donner lieu à bien des désillusions...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

L'Amiot 143...et d'ares bombardiers français (dont ceux qu'on voit dans le film de Malraux L'espoir sur la Guerre d'Espagne...be disons que l'aérodynamique de ces engins est assez surprenante...pour être poli.

Dans l'excellent (et très ancien )documentaire de Daniel Costelle sur l'histoire de l'aviation, il y a une interview du pilote d'essai et ingénieur Jacques Lecarme, qui ridiculise très spirituellement ces avions (qu'il avait pilotés) en les qualifiant de moyennageux châteaux forts des airs, avec barbettes, créneaux, mâchicoulis, archères et poivrières .
Les injonctions contradictoires des militaires avaient abouti à des avions aux formes bizarroïdes faits pour tout et n'importe quoi...sauf voler, il y a aussi une séquence sur le bombardier Dyle et Baccalan (inspiré des semi ailes volantes de Burnelli et de Junkers, qui est qualifié de "Ligne Maginot des airs"...Ca veut tout dire...