vendredi 17 novembre 2023

7741 - à qui gagne, perd...

Churchill - qui vient tout juste de perdre les élections, Truman et Staline, à l'ouverture de la Conférence de Potsdam
... l'alliance de circonstance, et à vrai dire contre-nature, entre Anglo-américains et Soviétiques ne survécut pas longtemps à la fin des convois arctiques et à la Capitulation du Troisième Reich.

Devenu Président-malgré-lui après la mort de Roosevelt, le 12 avril 1945, Harry Truman, qui ne partageait pas du tout l'optimisme de son prédécesseur sur les nouvelles "Nations Unies", mais aussi sur les véritables intentions de Joseph Staline, se retrouva à la tête d'un pays devenu le plus puissant du Monde, mais aussi, et malheureusement, avec un Monde virtuellement coupé en deux, rapidement menacé d'un total holocauste nucléaire, et déchiré en permanence par une multitude de soulèvements indépendantistes dans tous les pays jusque-là colonisés par les puissances occidentales, autant de circonstances qui forcèrent bientôt les États-Unis à jouer tantôt les arbitres, tantôt les gendarmes,... et tantôt les nouveaux oppresseurs.

Grande triomphatrice d'un conflit dont elle avait il est vrai supporté l'essentiel du coût matériel et humain, l'URSS redevint une authentique puissance mondiale en héritant quant à elle de toute l'Europe de l'Est, ce qui lui permit de reconstituer un Empire en tout point digne de celui des Tsars, et un Empire qui perdura du reste bien après la mort de Staline lui-même, en mars 1953.

Des "Trois Grands", c'est la Grande-Bretagne de Winston Churchill qui fut en revanche la moins récompensée par la victoire contre l'Allemagne nazie : exsangue et totalement ruinée, celle-ci n'eut bien vite plus d'autre choix que de renoncer à la quasi-totalité de son Empire d'avant-guerre, tandis que Churchill lui-même, qui pendant longtemps avait pourtant été le seul à mener la lutte contre Hitler, dut endurer l'humiliation suprême de se voir désavoué par ses propres compatriotes, et renvoyé sans ménagement dans l'Opposition, après les élections générales du 05 juillet 1945 (1)

Et la Royal Navy, à qui Churchill avait imposé une mission - celle de protéger les convois arctiques - dont elle n'avait jamais voulu mais dont elle s'acquitta néanmoins avec brio, ne fut pas mieux récompensée : autant victime de l'effondrement de l'Empire britannique que de la réduction drastique des dépenses militaires, celle-ci vit en effet la plus grande partie de ses navires ferraillés dans l'immédiat après-guerre et, aux yeux-mêmes de ses propres supporters, ne retrouva un semblant d'importance et de légitimité qu'une quarantaine d'années plus tard, à l'occasion d'une autre guerre, celle des Falklands, menée à l'autre bout du Monde.

Mais ceci est une autre Histoire...

(1) le résultat final de ses élections ne sera officiellement connu que deux semaines plus tard, après l'ouverture de la Conférence de Potsdam, dont Churchill, remplacé par son vainqueur, Clement Atlee, ne verra donc pas la fin

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