mercredi 29 mars 2023

7518 - "comme un invité bienvenu à une table affamée"

"Jusqu'où pouvons-nous aller ?", caricature d'une Amérique très divisée sur le Prêt-Bail
... "Churchill convoqua également Lord Beaverbrook (1) et lui demanda de s'efforcer d'augmenter la production manufacturière américaine par tous les moyens en son pouvoir et "d'accepter le douloureux partage des approvisionnements entre la Grande-Bretagne et la Russie, qui était souhaitable et aussi inévitable".

(...) Pour Attlee, le vice-Premier ministre demeuré à Londres, Churchill résumait la Russie "comme un invité bienvenu à une table affamée".

Néanmoins, Churchill était satisfait du résultat de la Conférence de l'Atlantique Une déclaration d'intention commune avait été faite, les approvisionnements en matériel de guerre devaient être intensifiés et, en plus du Prêt-Bail, les Américains acceptaient d'assumer la responsabilité de l'escorte des convois de leurs propres côtes jusqu'aux côtes islandaises"

(...) Beaverbrook revint des États-Unis à la fin du mois d'août après avoir contribué à stimuler une "augmentation phénoménale de la production". Néanmoins, pour les responsables militaires britanniques. le partage de cette source d'approvisionnement bonifiée revenait "à leur arracher la peau" au profit d'un allié qui était "hargneux, menaçant, cupide et si totalement indifférent" à la propre survie de la Grande-Bretagne.

Staline, impatient, augmenta ses exigences alors que le Groupe d'Armées de von Rundstedt poussait vers le sud en direction de l'Ukraine, son ambassadeur les présentant le 4 septembre.

Churchill écarta avec colère les protestations de Maisky selon lesquelles les Britanniques n'en faisaient pas assez, en lui rappelant l'ancienne indifférence de la Russie et son Pacte avec les Allemands. En fait, insista-t-il, on faisait beaucoup, mais cela ne pouvait pas produire des résultats immédiats"

(1) William Maxwell Aitken, 1er baron Beaverbrook, était alors Ministre des Approvisionnements
(2) Woodman, op cit, pp 42-43

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Lord Beaverbrook: intéressant personnage ...pas que le ministre des armements du temps de guerre...un vieux pote de Churchill avant guerre et surtout le patron de la presse de droite, populaire, va-t'en-guerre et pariotarde et toute dévouée à la classe dirigeante britannique très conservatrice, y compris dans des journaux à destination de la (toute) petite bourgeoisie (Lower Middle Class)....même histoire que le pénible patron du Sun et du Times, l'ineffable Rupert Murdoch, de nos jours

Canadien et fier de l'être,nommé Max Aitken avant son anoblissement, le bonhomme avait été caricaturé par l'écrivain catholique gallois Evelyn Waugh dans "Vile Bodies" un roman emblématique de la jeunesse britannique dorée et décadente de la fin des années 30 (les Bright Young Things , titre retenu par le metteur en scène Stephen Frears pour l'adaptation cinématographique).

Waugh avait d'ailleurs eu quelques ennuis avec cet omnipuissant patron de presse et faiseur d'opinion: Beaverbrook signifie "ruisseau à castors" en anglais et c'est sous ce nom qu'il avait reçu le titre de Baronnet....et Waugh avait mis en scène un patron de presse tyrannique et buté nommé "Lord Ottercreek" (littéralement rivière à loutres)dans son roman et avait failli être attaqué en diffamation avant de changer le nom de son personnage en "Lord Monomark".

Le côté probablement le plus utile de Max Aitken-lord Beverbrook - a été sa passion pour l'aviation, son véloce bimoteur d'affaires , spécialement étudié pour ses desiderata est devenu, la guerre venue, un des premiers bombardiers anglais quelque peu efficaces, sous le nom de Bristol Blenheim...
Son fils, qui avait servi assez courageusement dans la RAF reprit le buisness familial, dans les années déclinantes de l'Angleterre post-impériale...et créa la très élitiste course motonautique offshore Cowes - Torquay.