mercredi 22 février 2023

7483 - le désastre de l'île Rennel

Le Chicago, au centre, photographié depuis le Wichita, 29 janvier 1943
... Île Rennell, 29 janvier 1943, 19h38

Pour les aviateurs japonais, qui ont eux-mêmes reçus d'importants renforts en prévision de l'Opération KE, l'occasion est trop belle : dans l'après-midi du 29 janvier, une trentaine de bimoteurs chargés de torpilles quittent donc Rabaul avec l'intention d'intercepter cette TF18 qui non seulement ne s'attend pas à une attaque aérienne mais qui, de surcroît, a laissé ses porte-avions d'escorte derrière elle !

Si la première vague japonaise, qui attaque au coucher du soleil au large de l'île Rennell, rate lamentablement tous ses objectifs, la seconde parvient néanmoins à placer deux torpilles sur le croiseur Chicago qui, rappelons-nous, avait déjà perdu une bonne partie de son étrave lors de la Bataille de Savo, cinq mois auparavant.

Immobilisé sur l'eau, le Chicago est néanmoins bientôt pris en remorque par le Louisville, et tiré hors de la zone de combats

Mais ce n'est hélas que partie remise car, dans l'après-midi du lendemain, d'autres bombardiers partis de Kavieng repassent à l'attaque malgré tous les efforts déployés par les américains, et en par en particulier par le porte-avions Enterprise, accouru sur les lieux, pour fournir une protection aérienne au malheureux Chicago.

Et même si la plupart des bombardiers nippons sont rapidement envoyés au tapis, ils n'en parviennent pas moins à loger une torpille sur le destroyer La Vallette, et surtout... quatre de plus sur le Chicago qui s'engloutit moins d'une demi-heure plus tard.

Bilan : 12 bombardiers japonais abattus, mais surtout un croiseur lourd américain supplémentaire envoyé par le fond...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

L'USS Chicago est ce que la superstition des marins décrit comme un navire "malchanceux"

Avant la guerre,en 1933, il avait été éperonné en plein brouillard par un cargo anglais qui lui avait déjà emporté un bon bout d'étrave(3 officiers tués et un blessé grave) .

Il avait ensuite été touché (encore à l'étrave) par une attaque de sous marins de poche Kaiten dans le port de Sydney (pourtant protégé par un gros filet pare torpilles) ...les marins avaient défouraillé à tout va en apercevant le submersible ennemi au ras de l'eau , mais le "pacha", le Cdt Bode, qui était à terre, était rentré d'urgence et les avait accusés d'être ivres ...avant de se rendre à l'évidence.

Sauvagement raccourci (toujours à l'étrave) lors de la bataille de Savo, comme vous l'avez noté, il fut réparé à grands frais...mais le pacha risquait un conseil de guerre suite à une enquête de commandement et préféra se tirer une balle dans la tête.

Vous avez narré sa triste fin (après torpillage...vraiment un bateau "poissard" jusqu'au bout.

Ceci dit la "poisse" était bien secondée par des erreurs de conception: C'était un croiseur de la classe USS Northampton construit suivant les devis de poids du traité de Washington, qui limitait les devis de poids et conduisit tous les arsenaux du monde à finasser à la fois avec les règles du traité mais aussi avec celles beaucoup moins contournables de la physique appliquée à la construction navale...

Herman Wouk (Ouragan sur le Caine), écrivain juif New yorkais et journaliste publiciste que la guerre transforma en un était un marin compétent, second d'un destroyer a utilisé l'agonie du USS Northampton comme arrière fond d'un chapitre de son roman fleuve " Winds of war" (le souffle de la Guerre en VF).

Les soucis des croiseurs de la Classe Northampton (dont faisait partie le Chicago) sont bien décrits: leur compartimentage était assez mal foutu et les pompes de lubrification des machines désamorçaient avec assez peu de gîte ce qui est catastrophique car un navire privé d'énergie ne put plus contre-ballaster ni utiliser les systèmes anti-incendie principaux (et bien entendu l'armement y compris AA devient inopérant, tout comme le radar, les ancres et les treuils ce qui est gênant pour mettre à l'eau les embarcations de sauvetage