lundi 13 décembre 2021

7045 - attendre que le fruit tombe de l'arbre

"Petits mots doux" sur les bombes d'un B-29. L'Aviation était certaine de pouvoir gagner la guerre
… de toute manière, pourquoi s’embarrasser d’une reconquête aléatoire, tortueuse et de grande envergure à l’Ouest, comme le réclame depuis deux ans MacArthur, alors que la tactique bien plus minimaliste de Nimitz, qui consiste à remonter en droite ligne vers le Nord-Ouest en ne s’emparant ici et là que de quelques îles-clé et en abandonnant toutes les autres - ainsi que leurs garnisons japonaises - à leur triste sort, a depuis longtemps fait ses preuves et offrira à coup sûr, d’ici quelques mois, la possibilité de débarquer directement au Japon ?

Et du reste, est-il vraiment obligatoire de débarquer au Japon, et d’y subir des pertes incalculables, alors que ce pays, contrairement à l’Allemagne nazie, est une île, que l’on pourrait donc très facilement isoler par la mer, et bombarder à outrance du haut des airs, jusqu’à ce que toute sa population, civile ou militaire, meure de faim (1) ou finisse incinérée ?

Avec leurs nouveaux B-29, les aviateurs du général Arnold sont en tout cas convaincus qu’ils pourront bientôt, et sans avoir besoin d’y poser le moindre orteil, écraser les Japonais sous un tel déluge de bombes que ceux-ci n’auront d’autre choix que de demander grâce sous peine de disparaître jusqu’au dernier de la surface de la Terre.

Et avec l’Aviation, mais aussi, et surtout, avec les sous-mariniers de l’amiral Nimitz, qui depuis le 1er juin 1943 livrent une guerre sous-marine à outrance contre le trafic maritime ennemi, la flotte de commerce nippone, que le Lloyd's Register de 1939 évaluait à 2 337 navires, est actuellement occupée à fondre comme neige au soleil, au point qu’à la Capitulation japonaise, elle ne représentera plus que… 231 bâtiments, soit un dixième de son total d’avant-guerre !

Reste que cette stratégie que l’on pourrait qualifier "d’attentiste" tant elle revient en fait à attendre que la Victoire, telle un fruit mûr, tombe elle-même de l’arbre, ne plaira certainement pas à l’opinion publique américaine qui veut au contraire en finir au plus vite, et pas davantage à l’Armée de Terre qui, dans le Pacifique, est depuis le début réduite au rang de faire-valoir entièrement dépendant de la Marine,… et encore moins à Douglas MacArthur ! 

(1) déjà très faible à seulement 2 000 calories/jour avant Pearl Harbor, la ration moyenne du Japonais descendit à 1 900 en 1944 et même jusqu’à 1 680 en 1945. Par contraste, tout au long de la guerre, celle du Britannique ne descendit jamais en dessous de 2 800, et un soldat américain, dans le Pacifique, bénéficiait de pas moins de 4 758 calories/jour !

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