mardi 30 mars 2021

6688 - les pieds nickelés

Skorzeny, au Bendler Block, au lendemain du putsch, 21 juillet 1944
..."A la Bendlerstrasse, le désordre allait croissant. Comploter un coup d'État dans un État policier n'est pas une mince affaire. Mais même dans les conditions du moment, tout cela sentait largement son dilettantisme.

Trop de paramètres avaient été négligés. On avait trop peu prêté attention à des détails infimes, mais importants, de calendrier, de coordination et, enfin et surtout, de communication.

Rien n'avait été fait pour détruire le centre de communication du FHQ ou le mettre durablement hors service. Rien n'avait été prévu pour prendre le contrôle immédiat des stations de radio à Berlin et dans les autres villes. Aucun communiqué ne fut diffusé par les putschistes. Les chefs du parti et des SS ne furent pas arrêtés. Goebbels lui-même, le maître de la propagande (1), resta libre de donner de la voix.

Trop de conjurés étaient occupés à donner des ordres ou à les exécuter. Il y eut trop d'incertitude, et trop d'hésitation. On avait tout fondé sur l'assassinat d'Hitler. On avait tenu pour acquis que si Stauffenberg parvenait à faire exploser sa bombe, c'en serait fini de Hitler. Sitôt que cette prémisse fut contestée, puis infirmée, le coup d'État improvisé ne tarda pas à s'effondrer.

En l'absence de confirmation de la disparition du Führer, l'élément crucial fut qu'il y avait trop de loyalistes, trop d'hésitants, trop de gens qui avaient beaucoup à perdre en prenant le parti des conjurés (…) En milieu de soirée, il était de plus en plus clair pour les insurgés que leur coup était un fiasco irréparable" (2)

(1) Goebbels possédait d'ailleurs une ligne téléphonique directe avec le QG d'Hitler, à la Wolfsschanze, ligne qu'aucun conjuré ne pensa ou ne fut capable de couper !
(2) Kershaw, pages 968-969

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour! Le complot Stauffenberg était marqué d'une bonne dose d'amateurisme (avaient ils lu "technique du coup d'Etat" de Malaparte.....?)
Plus sérieusement sait-on de quelle manière ils comptaient gérer la suite de la guerre, déjà largement perdue et face à Staline qui , avec l'appui de tout son peuple, était décidé à tirer vengeance des atrocités allemandes en Russie et à ramener la zône d'influence russe dans les frontières pré 1917.

En 1917 Lénine et Trotski avaient assez bien joué : abandon de toute une part du territoire à l'Est (de toutes façons compromise par la dérouillée de Tannenberg et l'impréparation militaire du régime tzariste) contre un cessez le feu (ce qui permettait à l'armée rouge de Trotski de liquider (laborieusement) les armées "blanches" de Dénikine , Koltchak et autres Séménoff, soutenues par les anglais et les français ).
La suite çà a été le raidissement des combats en France (et les mutineries de Verdun) , une fois que le Kaiser a eu les mains libres à l'Est

Lénine avait une monnaie d'échange et pour faire bonne mesure , il a publié toutes les dépèches et archives diplomatiques tzaristes, histoire de semer la discorde dans le camp antibolchévique, du Wikileaks avant l'heure...

Par contre que pouvaient espérer les conjurés de Stauffenberg, même s'ils avaient réussi ? Le rouleau compresseur russe était lancé et montait régulièrement en puissance et un autre rouleau compressseur était en marche à l'Ouest depuis les débarquements de Normandie.
Leur vague espoir était peut-être d'espérer que les anglo américains entrent en guerre avec les russes (Churchill était encore plus anticommuniste qu'anti-nazi, comme on l'a vu avec la liquidation scandaleuse des résistants grecs d'obédience communiste et les plans "unthinkable")...mais en 44 c'étaient les américains qui payaient les violons du bal et choisissaient la musique...