jeudi 5 novembre 2020

6553 - la même erreur,... en pire

Chaîne de montage de bombardiers B-24 aux USA. L'Allemagne ne possédait rien de semblable
 ... mais le problème, c’est qu’en déclarant la guerre aux États-unis le 11 décembre 1941, Hitler n’a fait que répéter son erreur du printemps précédant : sous-estimer dramatiquement le potentiel humain et industriel de l’adversaire.

Le Führer s’est en effet convaincu que la lutte contre le Japon ne manquera pas de mobiliser toutes les ressources de l'Amérique, et la détournera donc pour longtemps de l'Europe, lui laissant, à lui le temps nécessaire pour en achever la conquête et la transformer en inexpugnable forteresse autarcique.

En ce début de 1942, il est incapable d'imaginer que les Américains, ce peuple qu'il qualifie volontiers de "dégénérés", ont bel et bien les moyens de mener une guerre sur deux Fronts éloignés de plus de 10 000 km l'un de l'autre (!), et même - comme Roosevelt vient d'ailleurs de le promettre à Churchill - de donner la priorité au Front européen plutôt qu'à celui, autrement plus vital pour eux, de l'Asie-Pacifique !

"Quel que fut le mépris de Hitler, il ne connaissait pas le moyen de vaincre les États-unis. Et si la victoire définitive sur l'Union soviétique ne venait pas rapidement, les formidables ressources de l'Amérique pèseraient bientôt dans la balance.

Hitler devait maintenant placer ses espoirs dans les Japonais, qui pouvaient sérieusement affaiblir les Britanniques et enfermer les États-unis dans le conflit du Pacifique. Mais il ne pouvait plus s'en remettre à la seule force des armes allemandes. 

Il avait toujours prédit que, dans sa course à la suprématie, le temps jouait contre l'Allemagne. Ses propres actions, plus que celles d'aucun autre, avaient fait en sorte que tel était bien le cas maintenant" (1)

(1) Kershaw, page 670

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour!
Bravo pour le blog, il existe un livre intéressant (des souvenirs de prisonniers compilés par le journaliste télé Daniel Costelle) consacré aux camps de prisonniers allemends aux USA. Les prisonniers y étaient fort bien traités (les USA espéraient ainsi que la réciproque serait vraie) ...et ce fut le cas, leur sort était nettement plus enviable que celui des prisonniers français (Cf Le Caporal épinglé de Jacques Perret) , Anglais (les récits d'évasion de Colditz) et bien entendu infiniment meilleur que les "untermenschen" soviétiques, qui furent exterminés à petit feu, un peu comme les marins français sur les navires-prisons de Portsmouth pendant les guerres napoléoniennes.

Cde livre montre aussi le choc culturel entre Allemagne et USA de l'époque: Lors de leur transfert en train vers des camps situés au Texas ou en Ariszona, les prisonniers allemands s'extasièrent devant le nombre d'"usines de fabrications d'automobiles" situées en banlieue de New York, avant de réaliser qu'il s'agissait d'usines fabriquant tout et n'importe quoi, mais dotées d'immenses parkings, car à l'époque , déjà, beaucoup d'employés et même d'ouvriers américains étaient propriétaires d'une auto, neuve ou d'occasion.

Autre détail qui tue (littéralement), il existait dans les camps allemands une organisation nazie qui veillait au "moral des troupes" , et surtout au respect de la stricte discipline nazie (salut au drapeau, endoctrinement politique et même procès sommaires de "défaitistes" et d'antinazis...) le problème devint si grand que vers Juin 1944 avec arrivée des "normandistes" , bien moins endurcis que les ex-Afrikakorps, le Haut-commandement américain dut créer des camps spéciaux en instituant une ségrégation entre camps nazis et camps anti-nazis ...avec diverses conséquences allant du cocasse au tragique..et bien entendu une fois la victoire acquise, ainsi que la libération des prisonniers américains et la révélation des camps d'extermination pour civils, les rations de nourriture pléthorique furent réduites de moitié et les conditions de détention très humaine furent aussitôt durcies en attendant le rapatriement en allemagne des prisonniers.