vendredi 14 août 2020

6470 - appréhender l'individuel

Georg Elser : la puissance de l'homme résolu à agir seul...
… au Berghof, constamment protégé par sa garde prétorienne de SS dévoués, Adolf Hitler se trouve relativement en sécurité, mais aujourd’hui encore, les grosses organisations policières, même dotées des moyens technologiques qui auraient fait rêver n’importe quel responsable du Reichssicherheitshauptamt (RSHA) (1), demeurent fort mal outillées pour appréhender l'individuel, c-à-d pour faire face à l'acte isolé de celui qui, sain d'esprit ou non, et à l'instar d'un  Marinus van der Lubbe (l'incendiaire du Reichstag), d'un Herschel Grynszpan (l'assassin du conseiller vom Rath prélude et prétexte à la Nuit de Cristal) ou encore d'un Anders Behring Breivik (auteur des attentats du 22 juillet 2011 en Norvège) est résolu à n'agir que seul, de sa propre initiative, et en dehors de toute structure ou de tout réseau le moindrement formel et donc susceptible d’être infiltré par les forces de l’Ordre.

Georg Elser est de ceux-là

Né le 4 janvier 1903 dans le Württemberg, modeste menuisier de son état, mais ayant également acquis de précieuses connaissances dans l’horlogerie, Elser est un militant communiste "de base", qui a depuis longtemps rompu avec son parti - par ailleurs interdit dans tout le Reich depuis 1933 - lorsqu’il décide, en 1938, d'assassiner Hitler lors de son traditionnel discours à la Bürgerbraukeller de Munich.

Immense et très célèbre brasserie bavaroise, la Bürgerbraukeller est en quelque sorte La Mecque du parti nazi et celle des militants "de la première heure", et c’est d’ailleurs là que ces derniers se rassemblent religieusement chaque 8 novembre pour y célébrer le célèbre putsch raté (ou "putsch de la Brasserie") de 1923, qui avait valu l’arrestation à Hitler et sa condamnation à cinq années d’emprisonnement à la prison de Landsberg (2)

(1) le Reichssicherheitshauptamt, ou Office central de la sécurité du Reich, résultait de la fusion opérée le 27 septembre 1939 entre les services du SD (Sicherheitsdienst, ou "Service de sécurité") et ceux de la Sipo (Sicherheitspolizei, "Police de sécurité") qui comprenait elle-même la Gestapo (Geheime Staatspolizei, ou "Police d’État") et la Kripo (Kriminalpolizei, ou "Police criminelle")
(2) Hitler ne passa en réalité qu’un peu plus d’un an à la prison de Landsberg, où il débuta l’écriture de son célèbre Mein Kampf

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