samedi 25 avril 2020

6359 - le ratio magique

Le CEF défilant à Rome : quelques semaines après, il embarquait pour la France
… on a coutume d’affirmer qu’à moins de circonstances vraiment exceptionnelles, l’assaillant doit toujours disposer d’une supériorité locale de l’ordre de trois contre un s’il veut espérer l’emporter sur l’assiégé.

Mais en Italie, ce ratio "magique" ne fut pour ainsi dire jamais atteint, puisque soldats alliés et allemands combattirent le plus souvent à parité et qu’à plusieurs occasions, et en particulier à Anzio,  les Allemands disposèrent même d’une nette supériorité numérique sur leurs assaillants.

Car s’ils avaient fini par accepter la demande britannique de débarquer en Italie, les Américains, quant à eux uniquement désireux de débarquer en France, refusèrent toujours d’accorder une quelconque priorité, et de trop importantes ressources, à ce Front italien qu’ils considéraient quasiment comme le "caprice de Churchill"

Faute de moyens en suffisance, et sur un terrain aussi peu favorable que l’Italie, les soldats alliés furent donc condamnés à ne progresser qu’à allure de tortue.

Pire encore : chaque nouvel échec rencontré sur ce terrain ne fit que renforcer les Américains dans leur conviction que l’Italie n’était vraiment pas "the right place", et les incita dès lors à s’en détourner encore davantage.

Et une fois le point de non-retour atteint, de nombreuses unités qui avaient malgré tout fait merveille en Italie - comme le Corps Expéditionnaire Français - se retrouvèrent même mutées sur un Front autrement plus prometteur, autrement dit en France, et remplacées en Italie - quand elles l’étaient ! - par des unités inexpérimentées et de moindre valeur, qui ne pouvaient naturellement pas y faire de miracle mais qui, dans la meilleure logique du cercle vicieux, renforçaient au contraire les préventions de l’État-major général à l’égard de toute "l’aventure italienne", limitant d’autant l’arrivée de nouveaux renforts pourtant indispensables…

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Il ya un autre facteur qui aurait pu faire pencher la balance: Les italiens eux mêmes .
En France les résistants n'étaient pas très nombreux (surtout au début) et bien incapables d'afforonter frontalement les troupes allemandes,et même les miliciens de Vichy (Cf la répresssiondu Vercors) mais les sabotages de voies ferrées , lignes téléphoniques , transformateurs et pylônes à haute tension...(plan bleu, plan violet, plan tortue) ont pestiféré les allemands au moment du débarquement de Normandie).

Enitalie , qui est une contrée "toute en longueur" des sabotages de ponts , routes, et voies ferrées, plus une action de renseignement des alliés auraient sans doute bien gêné la logistique de Kesselring

En Italie les conditions politiques n'étaient pas réunies: Il y avait de nombreuxmouvements de résistance, ardents et actifs mais nettement trop rouges pour le goût des anglo américains , et en face il y avait des milices fascistes relativement nombreuses jusque début 1945.

De plus l'attitude du roi Victor Emmanuel et celle de son sbire Badoglio ont été très ambigues...en consignant l'armée régulière dans ses casernes au lieu de la retourner franchement contre l'Allemagne (ou au moins de la garder "en état de marche" Badoglio et ses sous-fifres comme Enrico Adami Rossi,entre autres, qui avaient tous fait carrière durant les Vingt annnées du fascisme , ont objectivement fait le jeu des allemands, sans épargner à l'Italie un déluge de bombes américaines.

En fait Victor Emmanuel a fort bien joué le coup de la destitution de Mussolini mais personne n'avait vraiment préparé le coup d'après....