6354 - pourquoi l'Italie ?

Churchill et l'Italie : une ambition au-delà du raisionnable

… la Bataille d’Italie fut l’exemple-type de la guerre menée sur de faux espoirs, puis poursuivie bien au-delà du raisonnable

Et le premier responsable de ce double échec fut d’abord Churchill lui-même qui, dans sa volonté de pénétrer en Allemagne par une voie détournée et supposément moins coûteuse, mais aussi de venger l’humiliation qu’il avait personnellement subi vingt-huit ans plus tôt lors d’une Campagne des Dardanelles menée pour la même raison, parvint à imposer aux Américains une guerre dont ils ne voulaient pas, et une guerre qui, comme aux Dardanelles, s’avéra très vite impossible à gagner, ou plus exactement à gagner dans les délais qui lui avaient été impartis.

Dès les multiples déboires rencontrés lors Débarquement de Salerne, en septembre 1943, et à tout le moins dès l’échec des premiers assauts contre la Ligne Gustave, à l’automne de la même année, il devint en effet évident pour tout le monde, sauf pour Churchill, que l’Italie n’était pas, et ne serait jamais, la voie royale, pour ne pas dire l’autoroute, qui permettrait aux Armées alliées de pénétrer jusqu’au cœur du Reich.

Sans même parler de la résistance ô combien opiniâtre des soldats allemands, le relief italien et sa météo rendue exécrable dès l’automne, interdisait de fait pareille ambition, ce qui n’empêcha hélas pas le Vieux Lion de s’entêter durant de nombreux mois puis, rendu au printemps de 1944, d’attribuer au Front italien une vertu non seulement discutable - celle de "fixer" de nombreuses divisions allemandes - mais qui, surtout, n’avait jamais figuré dans le projet initial.

Et parce que Churchill, mais aussi l’État-major allié dans son ensemble, n’envisageait pas d’autre issue, les offensives se poursuivirent sans grand résultat jusqu’à ce que l’effondrement de l’appareil militaire allemand, rendu possible non par cette campagne mais bien par l’Armée rouge et par un Débarquement organisé cette fois au bon endroit, c-à-d en Normandie, permettent enfin aux soldats alliés de progresser, mais avec deux ans de retard, jusqu’aux frontières d’Autriche et d’Allemagne du Sud…