vendredi 17 avril 2020

6351 - vae victis

Petacci (au centre) et Mussolini (à sa droite) pendus à la Piazzale Loreto
… Piazzale Loreto, Milan, 29 avril 1945

Ce qui est établi, en revanche, c’est que les cadavres de Mussolini, de Petacci, et d’une quinzaine d’autres fascistes, dont Pavolini, sont ensuite ramenés à Milan, puis littéralement traînés dans les rues de la ville et sous les yeux de la population, qui peut librement exprimer sa rancœur.

Pour finir, ceux de Mussolini, de Petacci, de Pavoloni, mais aussi de Nicola Bombacci (1), d’Achille Starace (2) et de plusieurs autres fascistes, sont hissés à l’auvent d’une station-service de la Piazzale Loreto (3), et pendus par les pieds devant la foule, invitée à leur cracher dessus.

Au soir, les cadavres atrocement défigurés sont enfin déposés au sol et évacués vers la morgue.

Mais l’Histoire de Mussolini ne s’arrête pas là puisque ses restes, abrités sous une tombe anonyme d’un cimetière de Milan, seront en effet déterrés par des militants néo-fascistes en avril 1946, récupérés par la police, puis confiés à des moines franciscains… qui les dissimuleront pendant plusieurs années au fond d'une armoire tout aussi anonyme (!)

En 1957, le gouvernement italien acceptera finalement de les rendre à la famille Mussolini, laquelle les transfèrera alors dans sa crypte (4) du cimetière de San Cassiano de Predappio où, chaque année, plusieurs dizaines de milliers de néo-fascistes continuent de se recueillir en bon ordre : la municipalité, bien que communiste depuis 1945 (!), s’accommodant en définitive fort bien des retombées économiques de ce tourisme très particulier…

(1) membre fondateur du Parti Communiste Italien, devenu en 1943 conseiller du Duce
(2) ancien Secrétaire du Parti National Fasciste, puis tombé en disgrâce, Achille Starace fut arrêté dans une rue de Milan et fusillé séance tenante, son cadavre étant finalement pendu par les pieds à côté de celui de Mussolini
(3) Sous le régime de Salo, la Piazzale Loreto avait plusieurs fois servi de lieu d’exécution pour les partisans italiens
(4) en 1971, un attentat à l’explosif provoquera l’effondrement de la crypte, qui sera néanmoins reconstruite à l’identique peu après

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Il n'y a jamais eu de véritable tentative de dé-fascisation comme il a existé une dénazification en allemagne (de nos jours encore les gros bataillons de visiteurs du mémorial d'Oradour sur glane sont des lycéens allemands , venus en autocar)...En Italie le mouvement néofasciste avait pignon sur rue et se nommait MSI (Mouvement social Italien) allusion directe à la RSI (la république de Salo , le Vichy italien).
Dans les Abruzzes, une petite forêt de pins avait été plantée en 1930 sur une montagne (le Monte Giano) avec l'inscription DUX figurant en gigantesques lettres vertes sur le fond blanc de neige par le corps des sapeurs forestiers, en hommage à Mussolini. Depuis 1945 , le bourg de Rieti et la contrée environnante dont divisés : Les uns veulent la restaurer et les autres la faire disparaître..(il y a eu plusieurs tentatives d'incendie...) à ce jour c'est plutôt le camp de droite qui tient la corde, paraît il, et l'inscription peut se voir depuis Rome à 100 Km à vol d'oiseau.
En Allemagne ont existé plusieurs svastikas visibles d'avion dans diverses forêts , elles ont été consciencieusement détruites...
Il y a vraiment un passé qui ne passe pas et pour certains italiens (trop jeunes pour avoir connu la guerre) Mussolini reste "l'homme d'ordre qui a fait arriver les trains à l'heure et asséchéles marais pontins"...
Il est probable que la raison de cette persistance soit à rechercher dans la guerre froide et les complots et attentats (néo fascistes ou gauchistes ou les uns camouflés pour les attribuer aux autres) des "années de plomb", des réseaux "Gladio" et des embrouilles bvaticanes de Monseigneur Marcinkus.

Anonyme a dit...

Bonjour!
Concernant Bombacci, il est important de préciser qu'il n'était pas un militant communiste lambda mais qu'il avait été un des leaders du parti socialiste , puis parmi les fondateurs du PCI après 1917, collabora avec Lénine (c'est lui que le PCI envoya à la tête de la délégation italienne aux funérailles de Lénine), et marginalisé au sein du PCI, travailla longtemps pour le Komintern et l'ambassade soviétique en Italie, avant de se rallier au régime fasciste (en partie pour des raisons pécuniaires , son fils avait besoin de traîtements médicaux hors de prix, il sollicita l'aide d'ex socialistes devenus des soutiens du régime).
En fait il se rapprocha du régime de la RSI (un véritable aveuglement, la RSI était un bateau en plein naufrage) lorsque Mussolini proclama vouloir rompre avec le "fascisme bourgeois" et pratiquer un programme de socialisation de l'économie (nationalisations, réforme agraire étendue..etc) ...Illusion totale il s'était bien gardé d'appliquer ce programme de 1922 à 1943 et avait largement copiné avec tous les grands patrons italiens.
Pour les Communistes engagés dans la Résistance, il était un "super-traître" exactement comme Jacques Doriot en France.