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Mussolini et Alfredo Ildefonso Schuster, archevêque de Milan |
… loin d’être anodine, cette dernière phrase indique donc que Mussolini espère, par des "documents", mais aussi par le rappel de ses relations passées avec Churchill, obtenir de ce dernier une certaine forme de "protection" contre le sort, assurément funeste, qui l’attend.
Il faut dire que jusqu’au milieu des années 1930, le très impérialiste Mussolini a toujours entretenu d’excellentes relations avec le tout aussi impérialiste Churchill, et que le premier cité détient toujours les nombreuses missives fort élogieuses que lui a adressé le second jusqu’en 1939 (1)
Ces lettres, et peut-être d’autres "documents" encore plus compromettants, pourraient donc être utilisées comme monnaie d’échange, mais Mussolini, soucieux de ne pas mettre tous ses espoirs dans un seul et même panier, mène parallèlement des démarches avec Alfredo Ildefonso Schuster, archevêque de Milan qui, depuis quelque temps, joue le rôle de médiateur entre le Comitato di Liberazione Nazionale Alta Italia ("Comité de libération nationale Nord Italie", ou CLNAI), les fascistes italiens soucieux de s’éviter la corde… et une bonne partie de l’État-major allemand en Italie qui, sachant la guerre perdue, s’efforce pour sa part d’obtenir une reddition négociée ou, tout simplement, de regagner leur pays sans subir d’attaques de partisans sur la route !
Dans cette pétaudière en pleine désintégration qu’est devenue la République de Salo, les choses sont donc loin d’être simples
Et on n’a encore rien vu…
(1) jusqu’au milieu des années 1930, l’ensemble des démocraties européennes considéraient d’ailleurs le fascisme italien avec bienveillance et aussi comme une sorte de rempart aux visées du nazisme, particulièrement vis-à-vis de l'Autriche
1 commentaire:
Bonjour!
Excellent blog comme toujours, qui aborde une question peu traitée par les livres d'histoire scolaires.
L'attitude des démocraties occidentales vis à vis de Mussolini était dictée par divers motifs dont certains peu avouables au premier rang desquels la trouille du communisme soviétique.
(l'Italie , Royaume bourgeois constitutionnel avait connu une période de grèves et de troubles les deux années rouges, Biennio Rosso, là où en France les élections avaient amené la "chambre Bleu Horizon).
Les milieux intellectuelsde Paris et d'Oxford ont déploré l'insurrection de Franco en Espagne mais les milieux d'affaires anglais et leurs alliés conservateurs au pouvoir ont tout fait pour le favoriser (depuis le transfert de Franco des Canaries au Maroc Espagnol dans un avion-taxi anglais jusqu'à l' imposition à la france de Léon Blum de la Non- Intervention et d'un embargo sur les armes)....et bien évidemment l'aide massive de Mussolini à Franco ne pouvait que les réjouir.
La seule chose qui turlupinait les anglais était le réarmement naval italien et la construction d'une flotte moderne susceptible de barrer la route de Suez. Les appeasers (partisans d'une politique de compromis avec Hitler )ont longtemps cru qu'ils pourraient avoir Mussolini dans leur camp (Il s'était à un moment donné opposé à l'Anschluss de l'Autriche en massant des troupes sur le col du Brenner) et ce même après la signature du "pacte d'Acier". J'ai vu une fois l'interview du fils de l'avionneur Caproni qui disait que la firme de son père était encore en train d'honorer des contrats de fourniture d'avions à la France fin 1939....
Il ne fait pas grand doute dans ces conditions que les démocraties occidentales ont dû aller assez loin dans les compromissions avec le régime fasciste à mesure que la menace hitlérienne montait en puissance.
Dans le monde d'après, ces compromissions faisaient évidemment très mauvais genre. Les documents qui en témoignent étaient classifiés jusqu'au delà de 2006, à supposer qu'ils n'aient pas été passés au pilon, d'après De Felice ou Pierre Milza
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