jeudi 19 mars 2020

6322 - un second bilan (6)

Artilleurs italiens du CIL en action. Notez le pointeur... britannique
… mais la principale nouveauté de cette année 1944, c’est en définitive le retour en scène des Italiens eux-mêmes !

Simples spectateurs contraints en 1943, ceux-ci ont en effet commencé, en 1944, à redevenir acteurs de leur propre Destin, en combattant tantôt au profit des Alliés, tantôt à celui des Allemands.

A Cassino, au printemps, on a ainsi vu le Corpo Italiano di Liberazione, autrement dit la petite armée italienne "co-belligérente" se battre avec le 2ème Corps polonais et, à l’automne, des unités de partisans offrir un sérieux coup de mains aux Alliés confrontés à la Ligne Gothique, tandis que, dans l’autre camp, la première des quatre divisions de la RSI autorisées par Hitler en octobre de l’année précédente est devenue opérationnelle au mois de juin.

Pour notable soit-il, ce retour en scène n’en reste pas moins timide et dans tous les cas sans rapport aucun avec le potentiel humain dont disposent autant le Royaume d’Italie de Victor-Emmanuel III et Bonomi (1) que la République Sociale Italienne de Mussolini, ce qui s’explique non seulement par les réticences qu’éprouvent encore Alliés et Allemands à réarmer, à leurs frais, des Italiens généralement considérés comme de piètre valeur militaire, mais aussi par celles des dits Italiens à se retrouver embrigadés - conscription obligatoire ou pas ! - dans une guerre qui leur demeure largement étrangère, et au profit de régimes politiques aussi impopulaires l’un que l’autre !

Et cette double réticence, bien que légèrement adoucie au fil des mois, va ainsi perdurer jusqu’à la Capitulation allemande : le Corpo Italiano di Liberazione ne comptant à cette date que quelque 250 000 hommes, dont seulement 50 000 appartiennent à des unités réellement combattantes…

(1) le 18 juin 1944, après la chute de Rome, le maréchal Pietro Badoglio avait été remplacé par Ivanoe Bonomi à la tête du Conseil des Ministres

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour:
compliments pour cette leçon d'histoire. Côté RSI il y avait (je crois) deux divisions italiennes qui s'étaient engagées dans le camp hitlérien et qui étaient encore à l'entraînement (sous la férule ultra dure d'instructeurs de la SS)début 1945 (et les allemands leur en faisaient baver, les considérant comme des incapables -la campagne de Grèce- et ne les armaient qu'avec du matériel de 2° choix) et sinon un certain nombre de troupes blindées (à l'italienne) dont la division Leonessa , des troupes qui pour certaines avaient combattu en Russie (dans de très mauvaises conditions et très mal employées par les allemands, notamment pour les chasseurs alpins) au sein de l'ARMIR (l'Armata Italiana in Russia)...sans oublier la petite armée quasiment privée de Borghèse, constituée sur les reste de la Décima M.A.S.
Autre curiosité (en fait logique) pas mal d'ex soldats de l'ARMIR étaient d'aileurs rentrés de Russie plus communistes que Lénine en personne (mélange d'un vieux fond de révolte paysanne contre les grands propriétaires, d'idéologie réfléchie (ou pas) et du constat d'échec de la puissante Allemagne face à l'URSS) ...et ceux la avaient rejoint les formations de partisans résistants qui tenaient les montagnes du nord de l'Italie.