6274 - "prendre les mesures nécessaires pour les éjecter"

Soldats américains, emportant un "petit souvenir", juin 1944

… le 19 avril 1944, en réponse aux inquiétudes exprimées par Éamon de Valera, chef du gouvernement irlandais (1), le Président Roosevelt s’était en effet contenté d’observer sereinement que le "problème romain" n’existait en fait... que par la présence des Allemands à Rome, et qu’une fois ceux-ci partis, les Alliés garantiraient tout naturellement la sécurité de la ville et du Saint-Siège.

En termes moins diplomatiques, cela revenait tout bonnement à dire que lui-même et son gouvernement ne s’engageaient à rien et que le sort ultime de la ville ne dépendait en vérité que des Allemands.

Le 15 mai, donc quelques jours avant le lancement de Diadem, le Département d’État, qui réclamait lui aussi des garanties sur le sort de la Ville éternelle, s’était fait adresser une rebuffade analogue de la part des État-majors américains et britanniques, qui considéraient - non sans raison - qu’à ce stade de la guerre, le fait de déclarer Rome "ville ouverte", donc de s’interdire d’y combattre, ne profiterait qu’aux Allemands, et les Britanniques avaient même ajouté que seuls les impératifs militaires devaient dicter la conduite des Alliés à l’égard de Rome, et que si les Allemands décidaient finalement de défendre la ville, les Alliés devraient alors "prendre les mesures nécessaires pour les éjecter"

A l’instar des Allemands, les Alliés avaient bien promis de respecter la neutralité et l’intégrité de la Cité du Vatican mais, contrairement à ces derniers, avaient néanmoins tenu à préciser que cette promesse ne devait en aucune manière "interférer avec leurs opérations militaires", ce qui au bout du compte, et en regard de ce qui était arrivé à l’Abbaye du Mont Cassin, ne les engageait en vérité pas à grand-chose...


(1) la très catholique République irlandaise était un pays neutre