vendredi 6 décembre 2019

6228 - le souci d'épargner ses hommes

Freyberg, près de Monte Cassino, à l'hiver 1944
… parce qu’il a été expressément mandaté pour commander le Corps expéditionnaire néo-zélandais, mais aussi, et peut-être surtout, parce qu’il a personnellement, et physiquement, connu les horreurs de Gallipoli, Bernard Freyberg est très attaché au bien-être et à la sécurité de ceux qu’il considère comme "ses" soldats, ce qui, dépendamment de l’attitude que l’on souhaite adopter, peut être considéré comme une grande qualité ou, au contraire, comme un sérieux handicap à l’aube d’une nouvelle offensive contre Monte Cassino et son abbaye millénaire.

Car si l’intéressé n’a jamais eu peur de prendre des risques - ses innombrables blessures en témoignent ! - il n’a cependant aucune envie de sacrifier un trop grand nombre de ses soldats dans quelque bataille que ce soit,… a fortiori pour le seul plaisir d’épargner ce qui, d’un strict point de vue militaire, ne constitue en définitive qu’un tas de vieilles pierres !

Au début de février 1944, Freyberg se retrouve donc devant Monte Cassino et à la tête d'un "Corps néo-zélandais" fort mal nommé puisque comprenant, en plus de la 2ème D.I. néo-zélandaise proprement dite, la 78ème D.I. britannique et la 4ème D.I. indienne, opérant toutes les trois au sein d'une "5ème Armée américaine" tout aussi mal nommée puisqu'on y trouve également des troupes britanniques et françaises !

Nonobstant leur langue et leur toujours si délicate susceptibilité, les Français ne posent pas de problèmes particuliers à Clark, qui souhaiterait même en compter davantage dans ses rangs,... ne serait que pour y faire diminuer la proportion de soldats britanniques qui, en cas de succès, n'hésiteraient pas à s'en attribuer tout le mérite !

La venue de ce "Corps néo-zélandais", qui lui a été imposée par le très britannique Alexander et l'encore plus britannique Churchill, et la présence d'un homme de la réputation et de l'indépendance de Freyberg, ne sont donc pas pour le rassurer : sans aller jusqu'à souhaiter leur échec, Clark n'a néanmoins aucune envie de voir les États-Unis, et bien entendu lui-même, frustrés d'un succès qui ne manquerait pas de passer à l'Histoire...

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